18 courtes lettres écrites d' Août 1914 à Mars 1915 : elles sont un témoignage exceptionnel et poignant des sentiments éprouvés par les soldats brutalement arrachés aux leurs.

Sans fard, le Sergent Paul VANDER BRUGGEN du 84e ri, raconte la certitude d'une victoire rapide, l'amour, l'ennui, le courage, puis le doute qui le gagne, l' insondable absence des siens, le froid, la peur et l'impuissance (Sara et ses enfants vivent en zone occupée). La dépression s' immisce dans sa vie : très vite, il comprend que ce qu'il vit est incommunicable, et qu' il ne rentrera peut-être pas.

Le 3 mars 1915, Paul âgé de 28 ans, est tué dans un combat de tranchée de la FERME de BEAUSEJOUR...

Son portrait est en ligne dans les soldats de la Main, RI.

Merci à Alain Ricoeur, petit-fils de Sara, pour ces inestimables documents.

                        Paul

                      Sara

                                                                                                Paulette et Paul 

Avesnes le 4 Août


Cher petite femme et les enfants
Je suis arrivé a Avesnes a 12 h ½ et voilà 6 h et nous somme tous habillé près a partir au premier signal et avec autant de volonté possible je t’embrasse bien
aussitôt que je partirai je te previendrai
Surtout bien attention aux gosses
Ton mari éternelle
P Vander

Avesnes le 7 août 1914

 

Cher Sara et les enfants
J’ai le plaisir de te faire savoir que je suis toujours a avesnes et qui n’a rien de changé depuis mon arrivé sinon que je partirais avec les autres qui vont venir car je suis désigné pour le dépôt

Je suis chargé de l’habillement des territoriaux et de l’instruction des jeunes soldats qui vont arrivé, je suis dans le même batiment que Maréchal on se voit tout les jours.

Je suis toujours en très bon santé bien nourri pour le moment j’ai même trop de viande, hier nous avons tué un Mouton et aujourd’hui nous avons mangé les jigots

bien le bonjour a toute la famille et aux amis surtout pas de mauvais sang et soigne bien les gosses et va doucement

Je termine en te serrant de loin et en t’embrassant bien fort surtout pas de chagrin après nous c’est la fin du monde je crois fort que les allemands auront dur a faire et il vont recevoir une belle trique
au revoir Sara et a bientôt et console toi ainsi que les Sœurs

Ton petit homme qui pense a toi

P Vander

 

Le 11 août 1914

 

Chère Sara Paul et Paulette
Me voilà aujourd’hui mardi le huitième jour de mon arrivé à Avesnes et je commence à m’embété un seul coup. Voilà 2 lettres que je t’écrit et je trouve drole que tu n’a pas encore répondu. J’espère qu’avec la troisième j’aurais des réponses.

Ma situation est toujours la même je reste ici tant qu’il n’y a pas d’ordre de renfort et je suppose en restez pendant au moin 2 ou 3 mois à moin que la guerre finisse tout un coup, il m’arrive 3 ou 400 hommes que je devrais habiller et qui resteront à promené comme moi.

Je me porte toujours bien et je dort sur la paille dans une filature le principale c’est qu’il fait chaud la nuit.

Je voudrais avoir des nouvelles au sujet de Jean et Victor si tu pouvais me renseigné je serais bien content.

Je ne vois plus rien à te dire sinon que j’aurais bien voulu partir avec les autres qui sont peut être déjà loin, je ne sais ou car on nous dit jamais rien.

Embrasse bien les enfants pour moi et bonjour à toute la famille et aux amis Marius et Marie.

Ton Mari

 

Le 20 août 1914

 

Cher Sara et les gosses

Je suis très confus de ne pas recevoir de réponses aux 3 lettres, je ne sais quoi penser, sait y que tu m’aurais déjà oublier. Enfin j’espère que tu voudras daigné donné la peine de me répondre, dans une situation pareille cela fait beaucoup plaisir.

Je suis toujours en bonne santé mais sans argent je ne pense pas resté si longtemps ici. Je serais très content si tu pouvais m’envoyé un mandat carte de 15 francs.
Surtout si tu as besoin demande à Durjeumette de vouloir reclamé pour toi et puis les cuisines populaires sont ouvert pour tout le monde ne pas avoir peur de demander
.

Evreux le 5 Septembre


Chère Sara Paul et Paulette

(...) Bien le bonjour a toute la famille et embrasse bien mes petits enfants fait tout le nécessaire pour qu’ils ne leur manque rien, surtout ne les laisse pas trainé les rues nous partons aujourd’hui samedi 5 Septembre à 3 heure pour arrivé lundi au soir a Brive dans le fond de la France.
J’espère que mes frère sont aussi favorisé que moi ce serais a souhaité enfin au revoir le plutot possible cela durera peut être 2 mois encore Enfin prend patience tu n’a rien a craindre.
Ton mari qui t’aime ainsi que ses petits gosses inoccent

 

Terrasson le 10 Septembre 1914


Chère petite femme Sara

(...) Jusqu’à présent tu t’est peut être fait du chagrin et moi je me suis bien distrait, j’ai à présent voyagé jusqu’au bout de la France et maintenant on vient de demandé des volontaires pour allé au combat et je me suis présenté car si un jour je reviens vivant je veux au moins pouvoir parlé de la guerre.

Ne te fait pas de bile car je part d’un bon cœur.

Embrasse bien les enfants pour moi et ne cesse de leur parlé de moi. Vivons sur l’espoir et prions le tout puissant s’il y en a un de vouloir nous protégé

Bonjour à tous et bon baiser à tous

Ton mari qui t’aime et qui pensera toujours à vous tous.

J’ai espoir d’aller à Ostende et renforcé les troupes marchans sur Maubeuge

 

Le 21 Septembre 1914


Chère petite femme et les enfants

Je profite d’un moment de repos pour te faire parvenir de mes nouvelles.

J’ai eu beaucoup a souffrir des fatigues et des froids surtout de la pluie qui ne cessent pas de tombé, maintenant me voila réconforté je suis toujours en bonne santé et j’espère que la présente te trouveras tous de même, je marche avec tous cœur et beaucoup de courage dans l’espoir d’arrivé bientôt a la fin de ce calvaire, idemme, ou ne plus revenir, en tous cas prend bien soin de mes petits vas souvent à la maison de ma mère qui t’embrassera pour moi ainsi que mes sœurs .

Fais ce que tu peux pour gagné quelque sous pour nourrir les petits a seule fin qu’il ne leur manque rien
Je vous embrasse tous et a bientôt

Ton mari pour la vie

 

Le Vendredi 9 Octobre


Chère petite femme et mes enfants chéri

J’ai fais mon possible pour te donné de mes nouvelles mais l’endroit ou on se trouve les allemands ont passé et repassé et puis beaucoup de troupe française, alors ont ne trouve pas ce qu’il nous faut nous sommes sans papier à lettre sans feuille à cigarette sans allumette alors c’est asse dure.

Nous avons couché pendant 8 jours et nuit dans la terre et tu peux croire que nous étions raide de froid. N’empêche que nous sommes tous favorisé personne ou presque n’est malade à la compagnie.

Je reçois à l’instant même ta lettre du septembre qui me fait grand plaisir de savoir que tous va bien à la maison et surtout que tu touche 2f25 par jour au moins je suis rassuré.

Je suis surpris que tu me dis que tu fais une prière pour moi tous les soirs (...)

J’ai envoyé dernièrement à maman une carte et puis une à mon patron. Tu pourras lui faire des compliments de ma part car sur la carte je lui ai dit d’aller te dire bonjour de ma part, quelque fois qu’il te donnerai quelque chose (...)

J’ai recu tes francs en étant au dépôt et j’ai regretté d’avoir demandé car depuis que j’ai quitté le dépôt je pas encore pu dépensé un sou. assure toute la famille sur mon sort je touche 7f20 tous les 10 jours.

Dit leur que je suis plus endurant que jamais on fini par être endurci au froid.

Te dire ce que l’on vois c’est impossible tu ne pourrais pas t’en faire une idée il faut le voir pour l’apprécier, nous avons à faire à plus fort que nous.

Je te serre fidèlement la main et t’embrasse.

 

Le Mercredi 28 Octobre 1914


Chère petite femme Sara Petit Paul et petite Paulette

Que je voudrais tant revoir et serrer dans mes bras les embrasser tendrement. Je suis toujours le même je ne change pas a part mes traits qui sont vieillis de 10 ans mais le moral commence a décliné je perd patience par moment on se demande quand est ce que tout sera fini et si l’on reverra un jour les siens.

J’apprends que la journée du 11 au 12 Octobre les allemands on bombardé Lille je me demande quelle frayeur vous avez pu avoir et si vous avez souffert

je ne sais que pensé de tout cela surtout que je vois ce que c’est j’ai devant les yeux le tableau tout les jours. Tout de même c’est des lâches d’agir comme ça, nous voudrions tant venir de ce coté là pour défendre nos biens et nous marcherions de bon cœur Tous autant que nous sommes car c’est tout type du nord et nous avons a cœur de devoir supporté un pareil fardeau

Enfin on doit se résigné quand même nous ne pouvons rien faire sinon que leur rendre la pareille quand l’occasion se présentera.

J’ai écris une lettre aux parents de Léon et Rosine qui sont dans une mauvaise situation aussi de leur coté et j’ai dis que si l’on a le bonheur de revenir nous assisterons au baptême du petit innocent a venir.

Je ne vois plus rien a te dire sinon que de laisser les allemands faire a leur idées si il venait chez toi tu n’a rien a craindre car tu es trop pauvre il ne prendrons rien a la maison (...)

Je t’embrasse fortement et de tout cœur ton fidèle mari qui t’aime ainsi que ses petits pour la vie.

 

Le mardi 10 Novembre 1914


Chère petite femme Sara et les gosses chéris

Je suis dans l’inquiétude car depuis au moins un mois je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles et savoir que les allemands ont occupé et bombardé Lille je ne sais pas ce qu’il en a résulté toujours est il que je meurt d’impatience.

Je voudrais si possible que tu m’enverrais le portrait de mes deux petits enfants que j’aimerais tant revoir. Le temps commence à me sembler long je pourrais les faire rire à un sous soit 0,60 à la douzaine.

Je t’enverrais bien 10 ou 15 francs mais j’ai peur que tu ne les reçois pas et moi je ne sais quoi en faire.

A bientôt un doux baiser à tous et soigne bien les enfants.

Ton mari pour la vie

 

Le jeudi 12 Novembre 1914


Ma chère petite Sara et mes chers petits Paul et Paulette

Ce n’est pas pour t’attristé ni pour te faire de la peine, loin de là, mais tout simplement pour te faire comprendre ma situation car elle devient de plus en plus pénible, tu vois l’hiver qui est là près de nous qui nous guette avec ses grand froids puis cette maudite guerre toute les deux prépare ses tombeaux pour nous recevoir.

Jusque présent j’ai pris beaucoup de patience et je la perd pas encore, mais j’en ai plus autant par moment sinon que je réfléchi à ma petite famille je me dis autant mourir tout de suite que de souffrir comme ça mais là, le portrait de nos chéris êtres vient devant mes yeux et cela me redonne du courage.

Et puis ce tableau que je vois toujours un camarade qui veut regardé si les boches ne viennent pas, au même moment il reçoit une balle dans la tête, ça nous fait de la peine à voir un autre c’est dans la poitrine plus loin c’est dans le bras ou la jambe. Je te prie de croire que c’est un triste tableau, on dit quelquefois les mères de familles sont tendres ils pleurent toujours mais celui que c’est les siens et qui pense à eux est forcé de pleuré car il y a rien de plus triste que la guerre surtout que ce n’est plus comme en 1870.

C’est la guerre nuit et jour pas moyen de dormir une minute et puis pas toujours de place pour faire à mangé sitot qu’on fait du feu on reçoit des obus de tout les cotés.

Chère Sara comme il pourrait manquer quelque chose aux enfants j’ai ici 2 billets de 5 francs que je ne peut pas me servir et comme on ne sait pas ce qu’il peut arrivé à toute minute je peut être tué alors je te les mets dans la lettre tu me feras savoir dans la prochaine lettre si tu la reçu tu achèteras chacun une tablette de chocolat pour les petits de ma part.

Un gros béco pour toi et aussi pour Paul et Paulette.

Ton mari qui t’aime pour la vie.

Paul V.

 

Le lundi 30 Novembre 1914


Chère Sara Paul et Paulette

C’est seulement à ce moment à regretté et à souffrir de notre séparation qui devient trop longue aussi par moment je deviens morose. Je cherche la solitude pour te pleuré ainsi que mes deux pauvres gosses.

Je ne reçois plus de nouvelles de personne et je me demande toujours s’il ne manque pas de faim à ma famille et ce qui s’est passé à Lille et si je reviens un jour, savoir s’il seront encore là je ne sais pas quoi me mettre dans la tête.

Si je recevais seulement une petite carte avec 3 mots dessus ce qui me ferais plaisir et me donnerais du courage. Enfin je ferais mon possible pour ne pas me faire trop de mauvais sang.

Le pire de tout et le plus dur c’est l’hiver je ne vais pas tardé à avoir un Rhume car malgré que je suis bien couvert on a froid quand même à passé des nuits sur les champs et dans les trous et ne pas dormir je commence à en avoir assez. Aussi je te recommande s’il te manque du charbon va dans le bois de la Deule avec ton cassoir et coupe du bois il ne faut pas laissé avoir froid aux enfants.

Je serais content de savoir que tu as reçu les 10 francs que je t’ai envoyé dans la dernière lettre.

Dans l’espoir de te revoir et te serrer fortement dans mes bras ainsi que mes deux petit qui doivent toujours demandé après moi. C’était justement le moment qu’un soir après ma journée ils avaient bien du plaisir avec moi. C’est triste de pensé à ça et cependant c’est plus fort que moi.

Je t’envoi à chacun un gros baiser un baiser comme jamais je n’ai donné.

Au revoir ma petite Sara soit toujours fidèle c’est la seule chose que je te demande et surtout ne m’oublie pas.

Ton cher dévoué Paul pour la vie.

 

Mardi 8 décembre 1914


Chère petite femme Sara Petit Paul et petite Paulette

J’ai eu grand regret de ne pas avoir pu faire comme l’année dernière donné une petite douceur de St Nicolas à mes petits enfants mais j’espère Sara que tu auras fait ton possible pour leur acheté un petit peu de bonheur. J’attend toujours avec impatience de tes nouvelles et lorsque j’en recevrais je serais fou de joie.

Le principal c’est que tu me fais savoir si tu as reçu les miennes et comment va maman et leur situation si on fort souffert des privations ou par l’invasion allemandes (...) surtout si il y a de la troupe à Lille et qu’on demande pour laver le linge il faut pas avoir peur de te faire payé il faut profité car où je suis quand je donne du linge à lavé je le paye chère.

Aussitôt que tu peux me donné des nouvelles ne manque pas et surtout ne te fais pas de biles pour moi car il me manque rien et je vit très bien. On commence à se faire au mauvais temps et à la fatigue.

Je ne fais plus de bile c’est de savoir que vous êtes tous sans charbon sans argent peut être sans faim sans tout cela tout va bien.

Un gros baiser sur la bouche à toi et à mes petits gosses.

Ton mari pour la vie

 

Mercredi 16 décembre 1914


Chère petite femme Sara

Avant de partir plus loin je profite de t’envoyer une petite lettre même sans savoir si tu vas la recevoir car on ne sait pas si on aura encore le temps d’écrire car après ce repos si on peut appelé ça du repos car on fait des marches de 20 kilomètres tous les jours pour nous remettre d’aplomb.

A part ça on se porte très bien.

Le plus malheureux c’est que l’on vit très bien la nourriture à volonté et vous autres vous avez rien à mangé. Enfin fait ton possible pour que les enfants leur manque rien et qu’ils n’ont pas froid car partout on l’on passe c’est des maisons démoli des gens sans paix. Heureusement qu’on leur en donne car avec les soldats ils ont ce qu’il faut.

J’espère qu’ils n’auront pas trop bombardé dans notre quartier ça serait triste d’avantage et qu’il n’a pas eu de fièvre typhoïde car les enfants sont vite parti avec cette maladie là, c’est ce que j’ai peur aussi.

Je ne vois plus rien à te dire pour le moment sinon des compliments à toute la famille et embrassé tout le monde pour moi et surtout les enfants. Vivement que je puisse recevoir des nouvelles pour être rassuré.

Au revoir et au retour prochain. Une bonne année à tous on ne mangera pas de coquille au chocolat cette année.

Au revoir petite femme et courage

Ton mari pour la vie

 

Mercredi 23 Décembre 1914


Chère petite femme Sara

J’ai le bonheur de te faire savoir que je suis toujours en bonne santé et j’espère que tu en est de même ainsi que les enfants. Je crois que malgré tout tu dois souffrir beaucoup de la faim et du froid aussi je prends une part au tourments que tu a éprouvé. Aussi pour la Noël tu iras à la messe avec les enfants et dire une prière pour que ça termine le plus tôt possible et dans des bonnes conditions.

Je termine en t’embrassant bien tendrement et surtout un bon baiser aux petit gosses.

Au revoir et à bientôt

Ton mari pour la vie

 

Le 27.12.14


Chère petite femme Sara

Comme c’est bientôt la nouvelle année je profite que j’ai le temps pour t’envoyer mes meilleurs souhaits.

J’ai passé la Noel au millieu des bois dans des baraques faites avec de la terre et des branches. Nous avons installé une chapelle et nous avons fait la messe. J’ ai assisté avec bonheur et j’ai dit une prière à ton intention. Je suis changé de compagnie je suis à la 1ère.

Mes meilleurs souhaits à toute la famille et un bon baiser à tous. Vivement de tes nouvelles

Ton mari pour la vie et à bientôt Paul

 

Beauséjour le 19.2.15


Mon cher ami André

Depuis le 10 nous sommes dans les tranchées et je te prie de croire que l’on a du fil à retordre car voilà 4 jours que nous livrons bataille acharné sur les boches. Le 3ème Bataillon a pris et lâché 4 fois les tranchées si tu verrais quel acharnement.

Mon Bataillon a reçu l’ordre d’attaqué le 17.

Nous avons parti avant le jour à 4h et demi.

J’étais en tête de ma demi section avec mon s/lieutenant et nous avons avancé de 100 mètres et près d’atteindre les boches et au moment où le lieutenant cris à la baÿonnette on se lève d’un bond. Mais les ¾ des hommes ont fait demi tour car les mitrailleuses donné de tous les côtés alors je suis resté moi et mon lieutenant dans les fils de fer et je suis parvenu en rampant grâce au 75 à 11 heures dans nos tranchées et quand je suis descendus et reçu j’ai fondu en larmes et je ne pouvais plus marcher.

J’étais émmotionné.

Après un réconfortant et un bon somme et je suis maintenant près à repartir.

Je te serre la main
Je te donnerais des nouvelles plus tard si possible

Le 19 Mars 1915 (Paul est décédé depuis le 3)


Cher Frère

Très étonné de ton silence car voilà la troisième que je t’envoie. J’ose espérer que rien de fâcheux ne t’est arrivé je sais que dans ton secteur c’est plus dangereux aussi ne tarde pas à me répondre. Je ne sais que penser.

Maintenant j’ai à t’apprendre que je suis passé à la section [illisible] en qualité de Caporal d’Ordinaire. Je ne suis pas complètement hors de danger mais tout de même plus aux tranchées. J’ai cet emploi à cause de mon oreille. Tout ce qui me reste à redouter ce sont les marmites qui abondent dans le grillage. Mon prédécesseur a succombé d’une.

Enfin c’est avec impatience que j’attends ta réponse car voilà plus d’un mois que ta dernière m’est parvenue.
Je t’embrasse de Tout Cœur

Ton frangin Victor Caporal à la section Hors Rang 56è Bon (Secteur 157)

 

(Avec l'aimable autorisation d' Alain Ricoeur, petit-fils de Sara)