Le ravitaillement à la Main de Massiges

Bouteilles de vin et gamelle

"Trois ou quatre hommes par secteur font cette corvée. On les voit partir chargés comme des mulets.

Une dizaine de boules de pain enfilées comme des perles sur un fil de fer pendent derrière leur dos.

Un autre porte tout autant de bidons de pinard, de gniole et même d'eau, et puis les marmites de soupe, de faillots, de riz et de bidoche.

Et puis c'est la difficulté pour retrouver leur section, on est vite désorienté dans les boyaux."

(Journal de guerre de Julien Pouthes, 4ème Génie, 1916)

Les aliments envoyés la nuit de cuisines toujours distantes d’une dizaine de kms arrivaient  froids, souvent souillés de terre et de boue.


 "Le soir la pluie tombe, froide, et il fait très noir ; le ravitaillement se fait mal, je suis de corvée de soupe et plusieurs fois nous tombons dans des trous d’obus plein d’eau, les boyaux sont également plein d’eau ; tout le monde patauge dans la boue jusqu’aux genoux. Nous passons une très mauvaise nuit. 
Le soir corvée de soupe, longue, pénible et mouvementée en raison des rafales d’obus la traversée de la route est particulièrement dangereuse, plusieurs camarades y tombent.

Aussitôt de retour de cette corvée, il faut reprendre le travail de l’autre nuit…fossoyeur !

Ce jour la soupe a été vite mangée, car nous sommes revenus les marmites pleines de terre et malheureusement il en était ainsi très souvent."

(Théodore Devaux, Champagne, octobre-novembre  1915)

Boites de thon et de sprats

"Des hommes de chez nous affamés s’en vont la nuit pour,  risquant la mort, chercher dans les musettes au dos des cadavres quelques boites de conserve !!!" 
(Aimé Garcin, Journal d’un cavalier du 7ème régiment de cuirassiers, Massiges, octobre 1915)

gris

Gamelle individuelle trouée

"La Première Guerre Mondiale marque une forme de rupture, de type culturel celle-là : il n’y a plus de trêve pour ramasser les blessés."

(Sophie Delaporte, Gueules cassées, 2004)


 "Le premier de mes copains a été tué hier, étant en corvée de vivres, les boyaux étant pleins de boue, il voulut l’éviter et il passa à découvert, ce fût sa perte, il reçut une balle à la poitrine et impossible d’aller lui porter secours ; nous avons eu de 8 h du matin jusqu’à l’après-midi le triste spectacle de le voir à 60 mètres de nous se tordre, agoniser, sans pouvoir aller à son aide.

Autant d’essais l’on fit, autant de fusillades ces sauvages envoyèrent.

Quand on le releva à la nuit, il était mort, il avait 23 ans…" 
(Extraits de lettres du soldat Francis Theurey à son épouse, 53e RI, 22 janvier 1916, secteur de Massiges)


bIDBidon français

"26 septembre 1915 : Il a plu beaucoup encore dans cette journée, aucun ravitaillement.

Les hommes meurent de soif.

Ils errent dans la nuit comme des fous à la quête de puits introuvables et finissent par se résigner à boire l’eau des flaques souillés par les obus à gaz, puis se laissent tomber dans la craie liquide où le sommeil les terrasse.

Les forces sont à bout."

(Pierre Mayoux, Paul Doncoeur, aumônier militaire, 1966)


"Je respirais mal ; j’avais froid ; j’avais soif ; mais comme le sang ne coulait plus, je me repris à vouloir vivre.

Dans la plaine silencieuse on n’entendait plus que les râles des mourants, et les cris des blessés. Or dans les plis de ce linceul boueux nous étions bien près de deux mille à hurler l’appel de la mort (…)

Maman ! Maman ! A boire ! A boire !

Mais pas une maman n’était au pied de nos calvaires (…)

A bout de forces je saisis de la boue, et j’en mangeai avidement. J’avalai six poignées de vase : elle était si fraîche et si bonne !

(Joseph Raymond, Froc et Epée, 1919)

Boite de singe avec cartouches de Lebel

Nom donné au bœuf de conserve qui sert au ravitaillement des poilus
Pourquoi ce nom ?
Le ravitaillement des troupes postées sur la côte occidentale d’Afrique était fort irrégulier ; Faidherbe encore simple lieutenant, dut donc assurer la subsistance de son détachement au moyen de ressources locales.

Les indigènes se nourrissaient de poissons fumés et de singe boucané. Les soldats firent de même.

Quand les boites de bœuf conservé réapparurent, le nom resta : ce fut toujours du singe. Les marsouins de Faidherbe rapportèrent l’expression qui se répandit dans l’armée toute entière.

Boite de singe (boeuf assaisonné) mieux conservée : la date de péremption est encore visible

Bouteille d’alcool de menthe

A moitié pleine, l' odeur  nous transporte dans le temps d’avant…


"Restés 3 jours dans un trou, torturés par la soif, ils ont bu leur urine avec un peu d’alcool de menthe. Enfin une patrouille les a ramené dans nos lignes."

(Historique du 53e  RI, mars 1915)

Bouteilles françaises de vin/NOEL

"Le 25 décembre on a passé un bien triste Noêl. Le 26 repos. Le 27, travail comme à l’habitude et bombardement de la part des boches.

Le 28, corvée de jour, travail de nuit. Le 29, corvée et il pleut. Le 30, forte pluie et grand vent (…)

On nous apprend que nous allons être relevés.

Comme depuis 9 jours on mène une vie qui n’est plus tenable, jours et nuits au travail et dans la boue par-dessus les genoux, un coup de colère et pour que l’on puisse rien me faire faire j’ai bu pour une fois de plus un bon coup de trop et me suis couché."  
(Vincent Constant, carnet de guerre 60e RI, Main de Massiges, 1915-1916)

Boite de conserve Saupiquet/COLIS


"C’est un paquet, enveloppé de toile soigneusement cousue.

Il contient du linge, du chocolat, du beurre salé, des gâteaux secs que l’on partagera entre camarades.

On y trouve aussi des objets bizarres, sortis de l’imagination de mercantis de l’arrière à l’ intention des familles ayant un soldat au front. Je découvre un jour, dans un colis, une paire de pantoufles en papier, indispensables, affirme le prospectus qui l’accompagne, pour protéger les soldats en campagne contre le froid aux pieds." 

(Journal de marche de Fernand Laponce 1915, 26e RA)

Boite de bouillons de cube Oxo,  le prix est encore visible : 12,25 francs

Abris sur les pentes de la Main de Massiges. Hiver 1915-1916

Boite de thon

Boite de cacao en poudre, de la marque Maggi/BARDA

"Le sac, c’est la malle et même c’est l’armoire.

En plus du bagage règlementaire et obligatoire –les 2 boites de singe, les douze biscuits, les 2 tablettes de café et les 2 paquets de potage condensé, le sachet de sucre, le linge d’ordonnance et les brodequins de rechange-nous trouvons bien le moyen d’y mettre quelques boites de conserve, du tabac, du chocolat, des bougies et des espadrilles, voire du savon, une lampe à alcool, et de l’alcool solidifié et des lainages.

Avec la couverture, le couvre-pieds, la toile de tente, l’outil portatif, la gamelle et l’ustensile de campement, il grossit, grandit et s’élargit, et devient monumental et écrasant." 

(Henri Barbusse, Le feu, 1916)

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Imposante bassine dans la craie

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Gamelle

Position prise aux allemands attaque Champagne Sept 1915 - Corvée de soupe. Octobre 1915

 

 

Boite de Phoscao

 

 

 

Fragments de vaisselle