Les Régiments d'Infanterie (RI) du 1er au 150ème engagés à : MASSIGES, Ville-sur-Tourbe, Minaucourt, Virginy et dans les villages disparus de Mesnil-les-Hurlus, Perthes-les-Hurlus, Tahure, Ripont, Maison de Champagne et Beauséjour.

Les 1er, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 13e, 14e, 15e, 17e, 19e, 20e, 21e, 26e, 27e, 28e, 29e, 30e, 33e, 35e,37e, 40e, 42e, 44e, 49e, 51e, 53e, 56e, 58e, 60e, 61e, 64e, 69e, 79e, 80e, 81e, 84e, 85e, 91e, 95e, 101e, 102e, 103e, 104e, 106e, 110e, 115e, 117e, 118e, 122e, 124e, 127e, 134e, 137e, 138e, 142e, 143e, 146e, 147e, 150e RI.

(Soldats classés par régiment et date croissante de combats. MPLF = Morts Pour La France)

Accès simplifié aux nouveaux soldats depuis la page d'accueil, dans INTRODUCTION ou SOLDATS DE LA MAIN.

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1915 : Fortin de Beauséjour

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DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR (borne 16) le 17/02/1915

Elie FOURCROY, 31 ans

Samer, PAS-DE-CALAIS

1er RI, 1er Bataillon, 2e Cie

Né le 13/12/1883, fils de Louis et de feue Marie Bailliet ; enfant assisté du département ; classe 1903, matricule au recrutement de St Omer.

1,61 m ; cheveux blonds, yeux gris

Profession : ouvrier cimentier

Ajourné pour faiblesse en 1904, bon pour service au 8e RI en 1905

Rappelé à l'activité au 1er RI le 01/08/1914

(Avec ses frères d'arme)

Depuis le 06/01/1915, son régiment est engagé dans les violents combats de Beauséjour.

"La Champagne - Ferme de Beauséjour" (Sa veuve avait fait faire cet agrandissement qu'elle a conservé toute sa vie)

Le 16/02 la 2e Cie arrive à 17h à la Borne 16 (Est de Beauséjour)

Elie Fourcroy disparaît le 17/02/1915, il laisse une veuve et 3 orphelins. Son décès ne sera prononcé qu'en 1921, une fois tous les prisonniers rentrés. Jusque-là sa famille ne percevra aucune aide.

(Avec l'aimable autorisation de M et Mme Jean-Paul et Jocelyne Sautiere, sa petite-fille, de visite à Massiges en Avril 2017)

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Décembre 1915-Avril 1916 : Fortin de Beauséjour

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Onésime NIBERON

St Laurent, CHARENTE

6e RI, 9e Cie

(Onésime à 35 ans)

Né le 10/06/1883, fils de Pierre et de Eugénie Gabard ; 3 frères également engagés (Pierre Eugène, l'aîné, est décédé en mars 1919 des suites de ses blessures.

Classe 1903, matricule 1199 au recrutement de Saintes.

1,62 m ; cheveux bruns, yeux gris

Réformé en 1904 pour "astigmatisme"

Profession : domestique agricole près de Montguyon avec son épouse et leur fille Yvonne née le 29/09/1909.

Suite à l'hémorragie des premiers mois de guerre, de nombreux hommes réformés sont reclassés en service armé.

Classé service armé le 23/12/1914, arrivé au 6e RI le 22/02/1915, parti au front le 18/06/1915

Onésime a tenu un carnet : voici les extraits qui correspondant à sa présence dans le secteur de Massiges

17/12/1915 : "Nous sommes repartis ausitôt par Somme-Bionne, Somme-Tourbe, St Jean (sur) Tourbe, Laval et Wargemoulin. C'est là que nous avons cantonné le 18 décembre 1915 à 6 H du soir.

Le lendemain 19 décembre à 8 H du soir, nous avons occupé la tranchée de la 1ère ligne. Pour y aller, nous sommes passés par le grand boyau près de Minaucourt, dans l'eau jusqu'aux genoux, pour aller à la butte du Mesnil, en 1ère ligne.

Après 10 jours de 1ère ligne, nous sommes descendus au ravin de Marson, pour y rester quelques jours. Puis nous sommes remontés en 2ème ligne, et c'est là qu'un obus de 105 m'a couvert de terre, mais je n'ai pas été blessé.

Le 5 janvier 1916, nous avons été relevés par le 411e et le 412e, et les 9, 10, 11, 12 janvier 1916, les Boches ont attaqué à la Butte du Mesnil. Nous avons eu 111 hommes hors de combat et deux Cies prisonnières, mais nous, nous étions au repos à Gizaucourt.

Le 14 janvier 1916, nous sommes allés relever le 411e qui avit subi l'attaque du 9 au 12.

Nous sommes passés par Hans, Wargemoulin, Minaucourt. Je suis parti des tranchées de 1ère ligne de Beauséjour, le 20 février.

(Fortin de Beauséjour)

Pour aller au petit dépot, nous sommes passés par Minaucourt, Wargemoulin, Laval, Somme-Bionne, Somme-Tourbe, La Croix-en-Champagne, Auve-complètement détruit, Herpont. C'est là qu'était le petit dépot". (Onésime Nibéron, il quitte le secteur de Beauséjour fin Avril)

 

Evacué blessé le 14/06/1916 région Côte 104 "éraflures dos main par éclat d'obus", revenu au front le 19/07/1916.

"Le 29 décembre 1916 au matin, j'ai été blessé par un obus et le même obus a blessé quatre autres soldats".

Evacué pour blessures aux visage et main, rentré à sa Cie le 28/01/1917.

Blessé le 20/08/1917 (Côte 344, secteur du Poivre) : "séton par éclat d'obus, orifice d'entrée en avant épine illiaque antéro-supérieure", évacué puis rentré à sa Cie le 22/11/1917.

Citation : "Soldat courageux et intrépide. Le 11/09/1918 au soir, la Cie arrêtée sur la route du château de Beauvais par plusieurs mitrailleuses, s'est porté sur le flanc et les a attaquées à plusieurs reprises à la grenade".

Croix de guerre, étoile de bronze, Médaille de Verdun, Médaille Militaire, Croix du combattant, Médaille Commémorative de la Grande Guerre, Médaille Inter-Alliée.

De retour de la guerre, il travaille comme vigneron.

Classé réformé définitif en 1942, pension permanente de 10% pour "légère gêne de la flexion du tronc par adhérences cicatricielles au niveau de la région lombaire droite".

Onésime Nibéron décède en 1970.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur André Berlureau, petit-fils d'Onésime Nibéron qui lui parlait souvent de la guerre, le soir à la veillée, devant le feu de cheminée. M. Berlureau s'est rendu en famille à Massiges le 19/06/?)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MESNIL-LES-HURLUS le 01/03/1916

Norbert ARRIVE, 34 ans

Gémozac, CHARENTE-INFERIEURE

6e ri, 11e Cie

(Pendant son service au 18e RI)

Né le 12/03/1881, fils d' Honoré Arrivé et Marie Chevaillier ; classe 1901, matricule 1294 au recrutement de Saintes.

1,70 m ; cheveux châtain foncé, yeux roux

Profession : vigneron

A épousé Amyntha Larteau

(Norbert Arrivé avec ses chiens, à sa gauche sa femme Amyntha Larteau, à sa droite Honoré Arrivé avec Eloise Chevaillier ses parents ; Amynthe Larteau tient le journal de la petite gironde avec les résultats des élections législatives ; à gauche debout Charles Arrivé son frère)

Rappelé au 6e ri le 01/08/1914

Norbert Arrivé avec ses frères d'arme

Son ultime combat le 01/03/1916 :

Norbert Arrivé est tué par éclats d'obus

De source familiale, il est décédé en sortant des tranchées en allant chercher la soupe, son épouse Amyntha a été informée par des compatriotes.

Inhumé au Cimetière du Ravin du Marson, commune de Mesnil-les-Hurlus

Secours de 150 fr accordé à Mme Veuve Arrivé le 09/04/1916 et versé par le 6e ri

 

Dans les années 20, son corps a été rapatrié à Gémozac dans le caveau famillial des "Larteau" ; son index droit sectionné par une bête avant la guerre a permis son identification.

(Avec l'aimable autorisation de Céline Arrivé, son arrière arrière petite-fille)

 

 

Jean Marcel PREHOUBERT 6e ri 8e Cie

Bordeaux, GIRONDE

(Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant, probablement perdue à Beauséjour en 1916)

Annie a retrouvé son PETIT-FILS, la plaque a été restituée.

Né le 19/06/1883 à Bordeaux, fils de Pierre (tapissier), et de Marie Pugibet ; classe 1901, matricule 3419 au recrutement de Bordeaux.

Profession : Fourreur

1,71 m, cheveux et yeux châtains

ENGAGE VOLONTAIRE de 1902 à 1906 au 18e RI

Rappelé le 04/08/1914 au 6e RI de Saintes

Passé CHR (Cie Hors Rang) le 01/09/1915, puis à la 2e Cie le 12/09/1916

De décembre 1915 à Avril 1916, son régiment combat au Fortin de Beauséjour.

Parti le 05/10/1916 en permission de 7 jours pour Paris et Bordeaux. Non rentré.

Porté déserteur le 21/10/1016, arrêté par la police à Paris le 19/11/1918.

Condamné par le Conseil de Guerre à la peine de 3 ans de prison avec sursis.

Médaille Commémorative de la Grande Guerre et médaille Interalliée de la Victoire.

Affecté au 18e Groupe Spécial en 1924.

Epouse en 1939 Emma Toffoletto née à Vicenza (Italie). Un fils et une fille : Raymond et Hélène.

Décédé le 7 avril 1962 à Paris 9e.

 

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Septembre-Décembre 1914 : Beauséjour, Tranchées Brunes

Janvier-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

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DISPARU MORT POUR LA FRANCE aux HURLUS le 13/01/1915

Caporal Jean Marie HUC, 22 ans

Montgiscard, HAUTE-GARONNE

(Plaque trouvée par un chasseur en 2004, probablement à l'endroit de sa mort)

Grâce à l' aide de Mr Gérard Bolet Maire de Montbrun-Lauragais, Annie a retrouvé la Veuve de son PETIT-NEVEU. Elle accepte bien volontiers cette plaque et va en parler à ses enfants. Regrettant que son époux ne soit plus là pour raconter l' histoire familiale, elle souhaite aujourd'hui en apprendre davantage sur ce grand-oncle.

Né le 12/08/1893, fils de Bernard, et de Marie Agard ; 3 soeurs et 1 frère

Classe 1913, matricule 583 au recrutement de Toulouse

1,62m ; cheveux châtain foncé, yeux marron foncé

Profession : cultivateur

Incorporé au 7e RI le 28/11/1913.

Blessé à Raucourt le 02/09/1914 : " éclats d'obus à la jambe gauche"

Nommé Caporal le 10/09/1914

Le 23 décembre 1914, l'offensive continue au 17e corps d'armée. La 33e division attaque la position dite des « Tranchées Brunes. » (Nord des Hurlus)
Quatre cents mètres de tranchées formidablement organisées, flanquées par des canons sous coupoles et des caponnières cuirassées, sont rapidement conquis par un bataillon du 20e et un bataillon du 7e régiment d'infanterie, grâce à la précision du tir de préparation des groupes de l'artillerie divisionnaire de la 33e division. Les tranchées conquises sont jonchées de cadavres feldgrau. Toutes les contre-attaques allemandes se brisent sous nos feux".

Jean Marie HUC livre son dernier combat...

Disparu le 13/01/1915 aux Hurlus, son corps ne sera jamais retrouvé.

 

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Février-Mars 1915 : Mesnil-les-Hurlus

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Famille Jacobé de Goncourt, marnaise ( 2 frères et le fils de l'un d'eux, tous 3 Morts Pour La France)

 

MPLF à MESNIL-LES-HURLUS le 09/03/1915, à 5 jours d'intervalle de son père.

Sous-Lieutenant Louis JACOBE DE GONCOURT, 21 ans

Commercy, MEUSE

Né le 18/02/1894

- FILS de Marie Louis Maurice, St Cyrien, Capitaine du 1er BCP (Bataillon des Chasseurs à Pied), MPLF à Notre Dame de Lorette le 04/03/1915, à l'âge de 47 ans.

(Son père Maurice avec un groupe d' Officiers du 1er BCP en septembre 1914)

 

Citation de Maurice, son père : "Officier animé du (...) devoir le plus pur et au patriotisme le plus élevé. A tenu à reprendre du service dès le début de la campagne, n'a cessé de donner à tous l'exemple d'un courage calme, d'un mépris du danger qui faisait l'admiration de tous et qui avait conquis l'affection de ses chasseurs. Chargé de porter sa Cie à l'attaque, a été tué au moment où, monté sur une échelle de franchissement, il déterminait le (...) d'attaque."

Croix de guerre avec palme

Chevalier de la Légion d'honneur

 

- NEVEU de Louis Marie Joseph JACOBE DE GONCOURT, Lieutenant Colonel du 32e RAC (régiment d'Artillerie de Campagne). Mort Pour La France le 24/06/1916 à Bethelainville (Meuse) à l'âge de 52 ans.

A droite Joseph Jacobe de Gonbourg dans son abri le 23/06/1916, quelques heures avant d'être mortellement blessé.

En 1920, comme la loi l'y autorise, leur pauvre mère et grand-mère demande le rapatriement de leurs dépouilles :

Retranscription du brouillon conservé par la famille :

" Je lis dans le Messager de la Marne de Vitry le François que vous vous occupez du transfert des corps de nos pauvres militaires et que vous aidez les familles.

J'en ai trois à ramener dans notre chapelle funéraire du château de Goncourt, mes deux fils et mon petit-fils.

1. Le Lieutenant Colonel Joseph du 32e RAC tué le 24/06/1916 (...)

2. Le Capitaine Maurice du 1er BCP tué le 04/03/1915 (...)

3. Le Sous-Lieutenant Louis, fils de Maurice, du 8e RI, tué le 09/03/1915 à Mesnil les Hurlus.

 

Tous les 3 sont dans des cercueils et ont été enterrés avec cérémonie.

Le Lieutenant Colonel laisse 8 enfants dont 1 fils actuellement en Pologne

Le Capitaine Maurice laisse 2 enfants dont 1 fils de la classe 20, ajourné. La femme est morte de chagrin.

Est-ce à la veuve du Colonel d'écrire et au fils du Capitaine au lieu de moi la malheureuse mère. 

 

Je compte être prévenue et aller avec un de mes petits-fils à la translation.

L'état fait cela par région

Pourrai-je savoir par laquelle on commence, je voudrais bien que ce soit pas en plein hiver.

Est-ce que les corps seront conduits jusqu'à l'endroit où ils seront déposés définitivement? Goncourt est à 8 km de Vitry le François.

Je vous serai reconnaissant Monsieur de tous les détails que vous pouvez me donner et de l'assistance que vous m'avez bien sur donné , veuve et trop agée je suis bien préoccupée de cette triste translation.

Notre chapelle a des caveaux préparés où se trouvent déjà mon mari et ses parents

Veuillez recevoir Monsieur nos très empressées salutations".

 

Les 3 corps ont été rapatriés dans la chapelle familiale en 1921.

Leur château de Goncourt (8 kms de Vitry le François) a été vendu en 1954.

(Avec l'aimable autorisation de Claire Patouillard née Jacobé de Goncourt en visite à Massiges en mai 2016)

 

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Décembre 1914 : les Hurlus ; Tranchées Blanches

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DISPARU MORT POUR LA FRANCE à BEAUSEJOUR le 20/09/1914
Etienne MAZAGOT, 31 ans
Bergerac, DORDOGNE
9e RI

(Plaque retrouvée par Gaby Francart, probablement à l'endroit où Etienne a perdu la vie)

Avec l’aide de la Mairie de Campsegret et de Mr Jean Michel Prevot, Annie a retrouvé son petit-neveu et sa fille.
Mr Prevot André, 84 ans, savait que 2 des frères de sa grand-mère étaient Morts pour la France : c’est avec une grande joie et honneur qu’il recevra cette plaque, cela le touche beaucoup.

Né le 07/08/1883, fils de Jean et Antoinette Peyrichou ; 2 soeurs et 3 frères (Louis MPLF le 02/10/1914 et Jean décédé chez lui le 04/04/1918 peu après avoir été réformé en Mars pour "tuberculose pulmonaire")
Classe 1903, matricule 838 au recrutement de Bergerac.
1,61m, cheveux noirs, yeux gris bleu, signe à la joue droite
Profession : Cultivateur

A épousé en 1910 à Bergerac Louise Bordas

Rappelé à la Mobilisation générale au 9e RI, arrivé au Corps le 13/08/1914

Disparu le 20/09/1914 aux combats de Beauséjour, le jugement de décès ne sera rendu qu'en 1920, après que les prisonniers de guerre soient rentrés.
Sa veuve se remarie en 1920.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur André Prevot et sa fille)

 

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Janvier-Mars 1917 : Massiges

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Combats de MASSIGES Janvier-Mars 1917, MPLF le 11/08/1918

Maurice René GUERREAU

Paris 10e, SEINE

13e RI

"Je ne puis que te parler de mon existence au jour le jour, et ce n’est qu’un long tableau de terreur, de boue, de chair hachée et de sang. Peux-tu me tenir rigueur de t’en épargner la description ? Je sais cependant que quand une personne tombe du 6è étage, tu ne te précipites pas pour la regarder !"

Né le 23/08/1895, fils de Michel et de Elisabeth Perrot ; Classe 1915, matricule n° 385 au recrutement de la Seine 1er Bureau.

1,66 m ; cheveux bruns, yeux marrons

Profession : sténo-dactylographe

"René est le plus jeune des 4 frères ( dont mon grand-père) qui sont partis en 14. Il n’avait pas encore 21 ans lorsqu’il s’est retrouvé à la main de Massiges. L’un de ses frères est mort en septembre 14."(Daniel Guerreau)

Incorporé à compter du 19/12/1914 ; soldat de 1ere Classe le 18/06/1915.

 

Extrait de l' Historique du 13e RI :

"En Janvier 1917, le 13e est désigné pour aller assurer la défense du sous-secteur de la Main de Massiges, qui a sa place déjà bien marquée dans les annales de la guerre et rappelle à tous les furieux combats de 1915.

Deux bataillons tiennent la Main de Massiges : le bataillon de droite est assis sur les croupes de la Verrue et du Cratère, le bataillon de gauche est sur la croupe du Pouce dominé par le Mont Têtu solidement organisé par l'ennemi et protégé par une véritable "mer de fil de fer".

Jusqu'au 13 février le secteur paraît tranquille, l'artillerie se taît obstinément, mais ce calme est le signe précurseur de l' orage ! Dans la nuit du 14 au 15 février, l'ennemi déclenche tout coup sur tout le sous-secteur un sévère bombardement par obus explosifs et obus toxiques de tous calibres.

Vers 4 heures du matin, une violente attaque se produit sur Maison-de-Champagne (...) suivie de contre-attaque de nos troupes, qui ont contribué à maintenir pendant un mois une certaine agitation dans le secteur".

Secteur 222, ce 13 Mars 1917

Chère maman

A de multiples reprises, tu m’as demandé une longue lettre. Mais que veux-tu que je te dise en un si long chapelet ? Je ne puis que te parler de mon existence au jour le jour, et ce n’est qu’un long tableau de terreur, de boue, de chair hachée et de sang. Peux-tu me tenir rigueur de t’en épargner la description ? Je sais cependant que quand une personne tombe du 6è étage, tu ne te précipites pas pour la regarder !

Il y a 25 jours, lorsque nous avons reçu ces fameux gaz, les Boches attaquaient sur notre gauche et enlevaient un saillant assez important. Nous étions en réserve. Bombardement, explosions dans l’air irrespirable, morts, blessés, empoisonnés (car nos masques étaient insuffisants contre cette nouvelle espèce de gaz). Le bombardement ne fit que diminuer pour reprendre avec plus d’intensité il y a 6 jours. Le 8, après un effroyable déluge de part et d’autre, notre contre-attaque se déclenchait. J’eus la curiosité de regarder l’assaut de mes camarades : à 500m de moi, des tirailleurs étaient couchés dans la neige, et sur eux, les schrapnells éclataient si serrés que les balles de plomb devaient être plus nombreuses que les flocons blancs. Puis ils se relevèrent pour se perdre alors dans la fumée et la brume de cet après-midi d’hiver, dont la grisaille à reflets blancs était sinistrement éclairée de courtes flammes. 

Et tandis que le tonnerre roulait toujours ses mille voix métalliques et déchirantes, derrière eux, à la place qu’ils occupaient tout à l’heure, quelques taches bleues mouchetaient d’une hermine 

irréelle le manteau blanc de la terre frileuse ; puis des points bleus se bordaient de rouge en se tordant doucement. Je rentrai à mon observatoire pour surveiller la droite. Les camarades reprenaient, à peu de choses près, le terrain perdu. 

Mais, le lendemain, le « Matin » bourrait le crâne de ses lecteurs, annonçant un succès français plus important qu’il ne l’était, et faussant pour cela le communiqué. Il serait à souhaiter que les badauds pussent se rendre compte des conditions réelles et de la portée d’une attaque avant d’hurler au succès. 

Je t’écrirai d’ici peu pour te prier d’acheter en volume « Les Mémoires d’un Rat », feuilleton de « L’œuvre », qui constitue pour moi un vivant souvenir, et avec l’auteur de qui j’ai correspondu.

Les meilleurs baisers de ton fils qui réclame la paix comme un droit. René GUERREAU"

Ce 19 Mars 1917

"Chère maman

Voici plusieurs jours que je n’ai rien de toi. Ma santé est toujours suffisante pour que je reste en ligne. Ici, secteur devenu un peu plus calme.

Que devenez-vous par là-bas ? Le cafard me travaille toujours, et il est plus facile pour nos députés de chasser un ministre de la guerre (Lyautey) que les Boches : les gens capables font peur aux incapables ! Les meilleurs baisers de ton affectueux, René Guerreau"

René Guerreau avec son escouade

Détaché comme sténo le 20/03/1917 puis à l'Etat-Major de la 169e Division le 05/10/1917.

Affecté à la Compagnie Hors Rang comme téléphoniste le 01/02/1918 puis

Envoyé en renfort au 13e RI le 28/01/1918 au 13e RI, dans la Compagnie Hors Rang (CHR). Composée de la garde du drapeau et de la musique du régiment, elle est aussi une unité combattante.

Affecté à la 6e Cie le 26/06/1918

 

Ce 26 Juillet 1917 (départ pour l'Argonne)

"Chère maman

Après une période assez mouvementée et agréable, me voilà revenu à la mélancolie du village que j’ai déjà eu l’occasion de te décrire. Et la date de la perm qui n’arrive pas ! Je commence à me dégoûter singulièrement. (...) Rousseau mort ! Et plusieurs copains avec dont les tombes viennent de s’installer ici. Ca fait toujours plaisir ! Mais, quelque désir que j’en aie, je n’ai pu m’arrêter à Ste M… pour l’aller voir. Le cimetière, d’ailleurs, est à cet endroit de peu d’importance : 10.000 habitants tout au plus. Il ressemble vaguement à un champ de cocardes tricolores, moisson bariolée qui ne peut avoir la prétention de remplacer les beaux épis humains sacrifiés à la folie sanguinaire de nos contemporains.

Ils étaient un quatuor d’amis : Rousseau est mort, Martinaud est mort, Sténuit et Lanourrice, excédés de carnage, viennent d’être condamnés au Conseil de Guerre pour faute contre la discipline. Tous étaient de ma classe. 4 vies sont brisées, 4 familles sont en deuil de nos 4 amis.  Mais les victimes n’arrêtent pas ceux qui ont soif de la guerre, et qui vivent, et qui font répandre le sang à leur profit. Toutes mes condoléance à sa marraine. Michaud est parti, je crois, faire un stage à l’arrière, pour une petite période d’instruction.

Ton bien affectueux, R. Guerreau"

Ce 4 Août 1917

"Chère maman

(...) Tu te plains que mes lettres soient rares : il ne se passe pas d’évènements pour une troupe en secteur ! Je t’ai déjà décrit le lieu où je me trouvais.

Aucun changement n’est survenu. Ne pouvant te parler des évènements, il m’est aussi difficile de te parler des gens. Ceux qui m’entourent sont indifférents, ou hostiles. C’est la lutte pour la vie, ici comme ailleurs, chacun daubant sur le voisin pour être mieux vu. Dans ce tournoi, je suis vaincu d’avance, car mon caractère n’admet que la droiture, et j’aime mieux faire tort à moi-même qu’à autrui. A l’encontre des soldats de la tranchée, ces hommes qui ont un petit filon sentent combien il est fragile, et tous s’aplatissent devant ceux qui peuvent le consolider de leur autorité : jamais le joug n’a autant pesé sur épaules plus avides de liberté, sur esclaves plus assoiffés de vie et de jouissances
Puisses-tu dire vrai au sujet de la proximité de ma permission ! C’est l’oasis au milieu du désert, c’est l’îlot où aborde la barque ballottée par la tempête, mais ce n’est pas encore l’arc-en-ciel signe de paix avec Dieu, car ces temps d’arrêt dans la course à la mort ne sont plus une consolation pour les Juifs errants que nous sommes, condamnés à souffrir d’une tourmente dont personne ne veut prévoir la fin.

Bons baisers de ton très affectueux, R. Guerreau"

René Guerreau est tué le 11/08/1918 à Rubescourt (Somme). Porté disparu, il sera retrouvé probablement lors de la remise en culture des champs et inhumé à la Nécropole de Montdidier, tombe n° 2350.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Daniel Guerreau, son petit-neveu)

 

 

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Février-Août 1915 : Bois Sabot

Septembre-Novembre 1915 : Mont Têtu puis Butte de Tahure

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DISPARU MPLF à MASSIGES le 25/09/1915

Edouard SOULIE 15e ri, 28 ans

Castelnau de Brassac, TARN

Né le 20/10/1886, fils de David et de Philippine Mialhe ; classe 1906, matricule 1123 au recrutement de Carcassonne.

Profession : tailleur

Exempté en 1908 pour "faiblesse générale", bon pour service armé le 15/12/1914.

Affecté au 15e ri le 18/02/1915, parti aux Armées le 16/06/1915.

Le 26/09/1915, le Régiment reçoit l'ordre d'attaquer le Mont Têtu à 9 heures...

"L'assaut final avait été mené de la façon la plus brillante et avait provoqué l'admiration de nos voisins le 22ème Colonial. Malheureusement la journée avait coûté au Régiment 24 Officiers blessés ou tués et environ 600 hommes hors de combat. Le Régiment avait fait 300 prisonniers au minimum et tué ou blessé plusieurs centaines d'ennemis." (JMO du 15e RI)

Disparu le 26/09/1915 à Massiges

Probablement retrouvé lors de la remise en culture du champs de bataille, il repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires de la Nécropole Militaire du Pont de Marson.

(Avec l'aimable autorisation de Jean Charles Soulié, son arrière petit-fils)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 26/09/1915

Antoine Octave BARRE

Bussières et Pruns, PUY-DE-DOME

15e ri, 3e Bataillon, 9e Cie

Né le 15/06/1895, fils de Quintien et de Marie Legay ; classe 1915, matricule 68 au recrutement de Riom.

1,72 m ; cheveux châtains, yeux bleus

Incorporé à compter du 15/12/1914 au 15e ri, passé à la 9e Cie le 26/04/1915

Soldat de 1ère Classe le 16/09/1915

"L' attaque se déclenche à 9h (...)

Le mouvement des 9e et 10e Cie (dans laquelle combat Raoul Caussé, portrait ci-dessous) est enrayé dès le début par des jeux de mitrailleuses et de mousquetterie partant du boyau de Moltke (...)

L'assaut final avait été mené de la façon la plus brillante mais avait coûté au Régiment environ 600 hommes hors de combat".

Octave BARRE est porté disparu ce 26 septembre 1915...

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur et Madame Morand, ses petits-neveux)

 

 

MPLF à MASSIGES le 27/09/1915

Raoul CAUSSE, 33 ans

Albi, TARN

Agent de liaison au 15e ri, 3e Bataillon, 10e Cie

Né le 19/03/1882, fils de Justin et de Germaine Mercier ; classe 1902, matricule 730 au recrutement d'Albi.

Profession : employé de commerce résidant à Paris

1,70 m ; cheveurs noirs, yeux gris

Ajourné pour faiblesse en 1903 ; classé service auxiliaire pour "myopie supérieure à 6 dioptries" en 1904.

Employé de chemin de fer à Conakry (Guinée française) en 1910

Suite à la mobilisation générale du 02/08/1914, Raoul Caussé est classé en service armé et affecté au 15e Régiment d'Infanterie d' Albi.

En Mai 1915, du fait de sa mauvaise condition physique, Raoul Caussé adresse ce courrier (extraits retranscris ci-après) à un Chanoine, espérant son appui pour ne plus être fantassin :


"Je m'empresse de vous remercier tout d'abord pour les félicitations que vous m'adressez à l'occasion de la naisance de ma petite fille, pour la place que vous réservez dans vos prières à ma jeune famille et pour les voeux de bon retour que vous formulez pour moi-même et qui je l'espère pourront grâce à Dieu se réaliser bientôt. J'ai remis hier votre lettre à Monsieur l' Aumonier Combès qui a été très heureux de vous lire et qui m'a assuré à nouveau de son bienveillant appui. Il a fait le nécéssaire aussitôt. Je ne connais pas encore le résultat de sa démarche. (...)
J'espère que votre recommandation et l'intervention de monsieur l'Aumonier pourront me rendre grand service (...) A cause de mes mauvaises jambes qui ne me permettent que très difficilement de suivre la compagnie dans ses déplacements, je serais heureux de pouvoir être attaché à un emploi qui me libèrerait du chargement du fantassin sans m'empêcher de rendre consciencieusement des services."

(lettre de Raoul Caussé)

En septembre 1915, le 15e RI est engagé dans la Grande Offensive de Champagne :

Principaux extraits du JMO :

Le 25/09/1915, le Régiment s'engage dans les boyaux conduisant au Promontoire (Côte 180) 1km au Nord-Ouest du Pont de Minaucourt. Il arrive vers 11h sur la Côte 180 et stationne sur les pentes Sud jusque vers 17h.

Il reçoit l'ordre de tenir le front entre le Bois demi-lune et l' Index de la Main de Massiges pour combler le vide entre le 1er Corps Colonial et le 20e Corps et participer à une attaque générale avec comme objectif le Mont Têtu.

Les 1er et 2e Bataillons tiennent les tranchées de l'Index conquises par les Coloniaux qui y avaient subi de très fortes pertes, le 3eme Bataillon est maintenu sur les pentes Sud-Ouest de l'Index.

Le 26/09/1915 : à 3h du matin, le 3e Bataillon relève un Bataillon de Coloniaux (10e Cie au Sud du Bois Valet, immédiatement derrière la 9e Cie). A 9h le 3e Bataillon est désigné pour attaquer le Mont-Têtu avec 3 Cies en 1ère ligne : la 9e Cie sur la croupe au Nord du Bois de l' Arc, la 10e sur la croupe au Sud-Est du Bois des Kamarades, et la 11e dans le Ravin et sur la pente Nord de l'Index.

Le mouvement des 9e et 10e Cies est enrayé dès le début par des feux de mitrailleuses et de mousquetterie partant du boyau de Moltke et particulièrement des points 640-641-642. A 14h30, les 9e, 10e et la 4e Cies soutenues par la 3e Cie attaquent dans la direction générale 637 et arrivent d'un bond dans le boyau de Moltke.

Octave BARRE (9e Cie) est porté disparu...Portrait ci-dessus

Les éléments avancés arrivaient au Mont Têtu et occupaient tranchées allemandes ou boyaux.

L'objectif, le Mont Têtu est atteint et on s'installe sur les positions conquises .

Le 27/09/1915, l'attaque de la Ferme Chausson devait être conduite à 14h par la 64e Brigade, 2 Bataillons du 143e ri, et le 2e Bataillon du 15e ri (en appui au Sud-Ouest du Mont Têtu).

Les 1er et 3e Bataillons de 1ère ligne du 15e ri sont en réserve de brigade, sur la pente Nord du bois des Kamarades. A 13h30 environ, ils sont remplacés par un Bataillon du 143e ri (désigné par l'attaque) et viennent occuper la tête du Ravin du Bois des Kamarades.

L'assaut bien mené coûtait des pertes assez importantes.

Le 3e Bataillon reste en réserve de Brigade au Bois des Kamarades, sous un bombardement violent. (JMO du 15e RI)

A 21h, Raoul Caussé est tué par un éclat d'obus alors qu'il portait assistance à un frère d'arme. Il est inhumé sur place par ses camarades.

Le 16 octobre 1915, le soldat Rolland témoigne de son décès :

"(...) Raoul Caussé a été tué le 27 septembre au soir par un obus au moment où il conduisait au poste de secours un de nos camarades de la liaison le maréchal des Logis Simon légèrement blessé et que ce même obus blessa une seconde fois très gravement. Prévenu 1/2 heure après je me rendis sur les lieux avec Alazard l'ami Granier caporal fourrier à la Cie des mitrailleuses de la Brigade. Caussé ne bougeait plus. Nous transportames Simon environ 400 m sur un brancard et le confiames à des brancardiers rencontrés alors. Nous retournames près de Caussé. Depuis sa blessure il n'avait d'après ce que nous dit Simon ni bougé ni crié. Il était encore dans la position où l'avait jeté l'éclatement. En le tournant il me sembla entendre un soupir et sentir de faibles pulsations. J'allai chercher des brancardiers, ils arrivèrent 5 minutes après il était mort. J'ai alors pris dans ses poches tous les papiers et les objets qu'elles contenaient et les ai remis au Capitaine Salles de l'E.Ma de la 64e Brigade qui doit les faire parvenir dans quelques temps à la famille. J'ai ensuite mis le corps sur le côté de la route pensant l'enterrer le lendemain matin. Il était impossible de lui rendre les derniers devoirs à ce moment-là à cause de la nuit noire et des obus qui tombaient à proximité. Blessé moi-même le lendemain matin tout près de l'endroit où il était tombé je n'ai pu terminer ma tâche et ne sais pas ce qui a été fait. (...) Rolland"

Courrier suivi de la lettre de l'Aumonier Combès adressé au Chanoine (tous deux cités par Raoul Caussé dans son courrier de Mai 1915) : elle illustre toute la désespérance, le sentiment d'impuissance mais aussi la force de l'engagement des aumoniers militaires au plus près des hommes dans les tranchées.

"Bois Colombes Hôpital auxiliaire N°236

Cher Monsieur le Chanoine
Je viens de recevoir à l'instant à l'hôpital où voilà dix jours que j'ai été évacué pour fatigue commontion et ébranlement nerveux le télégramme que vous m'avez envoyé. Vous comprenez donc pourquoi je n'ai pu plus tôt y repondre. Je le fais aujourd'hui le coeur brisé, car la plupart des amis officiers et soldats que j'avais à mon cher régiment sont morts. Et la peine que j'en ai eue a autant de part que les obus allemands sont mon état de souffrance. Hélas vous avez deviné ma réponse. Votre ami et le mien a été tué.
Le poste-commandement, la brigade où il se trouvait prêt à porter de ci de là des ordres pressés était furieusement bombardé. A un moment un obus blesse un de ses camarades. Il s'offre généreusement et héroiquement pour le conduire en le soutenant au poste de refuge où je me trouvais. Il fallait pour cela longer pendant deux cent mètres un ravin - le fameux ravin de l'Etang - affreusement battu par l'artillerie ennemie qui y dirigeait sans discontinuer des tirs de barrage.
Son geste était bien beau mais bien dangereux. A peine avait-il fait cinquante mètres le cher enfant qu'une rafale arrive et l'étend à côté de son camarade.
On l'a enseveli non loin de l'endroit où il est tombé. Ses parents pourront venir prier sur sa tombe. Je n'ai pu le faire moi-même comme je l'aurais voulu car le canon allemand s'acharnait à barrer la route. Mais j'ai pu l'identifier et marquer l'endroit où il repose, comme je me suis fait un devoir de dire la messe à son intention dès que le régiment a été évacué en arrière et que j'ai pu célébrer. A mon arrivée à Albi bien cher ami je vous donnerai tous les détails que ma tête endolorie ne peut aujourd'hui réussir à préciser. Croyez que mon chagrin est immense et que la famille du cher disparu peut être sûre de toute mon affectueuse et désolée sympathie.
Priez pour moi j'ai besoin de Dieu pour bien me remettre et continuer à soulager les malheureux. Permettez-moi de vous embrasser filialement
G.Combès
aumonier militaire 15eme d' Infanterie
Hôpital auxiliaire N°236 à Bois Colombes (Seine)
"

(Lettre de l' Aumonier Combès)

Un secours de 150 fr immédiat est versé à sa veuve le 01/04/1916. Elle recevra l'émouvante visite de Simon, secouru par son mari et qui a survécu à ses blessures et à la guerre.

Citation posthume de Raoul Caussé : "S'est proposé d'accompagner un camarade blessé au poste de secours sous un fieu violent d'artillerie, a été tué à ses côtés en accomplissant son devoir le 27 septembre 1915 à la Main de Massiges".

Dans ce secteur aussi bouleversé par les obus, sa sépulture perd rapidement tout marquage et tombe dans l'oubli du temps...

Très probablement relevé dans les années 50 par les agriculteurs au moment du la remise en culture des parcelles, il repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires ou dans la tombe d'un soldat inconnu de la Nécropole Militaire du Pont de Marson à 2-3 kms à peine de sa première sépulture.

Son fils Pierre âgé de 6 ans au moment de son décès, s'enfermera dans le silence ; en 1972 (à l'âge de 63 ans) il est parti seul de Paris, en train et ne sachant pas conduire à la recherche de son père. De retour chez lui, il n'a jamais raconté cette journée à son épouse et, s'il a atteint Massiges, de sa déception de ne rien avoir retrouvé du champ de bataille... Son petit-fils Alain, militaire de carrière, a repoussé ce projet jusqu'à la retraite mais est décédé avant d'avoir pu venir se recueillir sur les terres de Massiges.

Sa famille n'a jamais abandonné l'espoir de le retrouver : samedi 15 avril 2017, sa petite-fille par alliance, son arrière-petite fille accompagnée de son époux et de leur fils, se sont rendus à Massiges sur le champ de bataille, au plus près de Raoul Caussé. A cet instant, l'espace de quelques minutes, le ciel a versé des larmes de pluie...

"Raoul Caussé, agent de liaison à la 64e Brigade du 15e d'Infanterie, cité à l'ordre de l'Armée"

Croix de guerre


(Avec l' aimable autorisation de la famille Caussé-Ville)

 

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Septembre-Décembre 1914 : Les Hurlus puis Tranchées Brunes (à partir du 23/12)

1915 : Perthes-Les-Hurlus (Bois rectangulaire) (16-23 Février), Côte 181, Ravin de la Goutte (Avril)

Mai-Juillet 1916 : Bois allongé, Butte-de-Mesnil

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MORT POUR LA FRANCE aux HURLUS le 01/10/1914

Elie Osmin CADEOT 20e ri, 26 ans

Poupas, TARN ET GARONNE

Né le 10/11/1887, fils de Martin et de Marguerite Candelon ; classe 1907, matricule 180 au recrutement d' Agen.

1,71 m ; cheveux blonds et yeux bleus

Profession : cultivateur

Rappelé au 20e ri le 01/08/1914

Extraits du JMO :

"Le 28/09/1914, le village du Mesnil est atteint (18h) et incendié."

"Le 30/09/1914, l'artillerie ennemie tire sur les tranchées (Nord du Mesnil)."

Elie CADEOT est très probablement ce blessé, décédé peu après le 01/10/1914 aux Hurlus.

inhumé dans la Nécropole Nationale "La Crouée", tombe 2544.

Médaille Militaire, Croix de guerre avec Etoile de bronze ; Médaille Commémorative Française de la Grande Guerre ; Médaille de la Victoire.

(Avec l'aimable autorisation de Mme Jacqueline Febre que je n'ai pu prévenir : le mail communiqué est erroné)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MESNIL-LES-HURLUS le 29/12/1914

Pierre DUMAGE, 32 ans

Cadillac, GIRONDE

20e ri, 3e Bataillon, 11e Cie, 4e section

Né le 11/06/1882, fils de Pierre et de Catherine Ponjouanine ; classe 1902, matricule 957 au recrutement de Bordeaux.

1,61m ; cheveux et yeux bruns

Profession : cimentier

Dispensé en 1902 : fils aîné de veuve, incorporé au 123e ri à compter du 14/11/1903.

Avec le 123e ri à La Rochelle

"Mariage de sa soeur Marguerite : il est à l'extrémité droite en bas avec son aînée Simone, 4 ans, à côté de lui sa mère Ponjouanine ; sa femme à gauche avec dans ses bras mon père, 14 mois,et devant son autre fille Denise, 2 ans et demi"

Mobilisé au 20e ri le 01/08/1914

(2ème rangée en partant du haut, 2ème à gauche?)

Lettre du 03/12/1914 :


"Chère sœur et beau-frère

Je suis toujours en bonne santé et je désire que vous soyez de même. Depuis mon départ je n’ai pas reçu de nouvelles de personne. Lorsque vous irez à Cadillac, bonjour à maman et toute ma famille, vous me donnerez quelques petits détails un peu sur tout. Vous me direz si le conseil a été favorable pour vous car je vois de loin que tout le monde marche. Enfin j’espère bien que vous ne soyez pas séparés car je vous assure que ce n’est pas gai. Enfin il faut suivre la destinée. Camille m’a quitté. Il est parti à Chalons parce qu’il a mal à un pied. Ici tout va bien j’espère que ça dure. Bonjour à tous, si vous voyez la famille Bonne, bonjour de ma part.

Je vous embrasse. Emile Dumage"

 

Sa dernière lettre du 21/12/1914....

"Chère sœur et beau-frère

J’étais à même à vous écrire lorsque je viens de recevoir votre deuxième lettre, donc une ce matin, une ce soir. Merci du colis que vous m’avez envoyé, merci beaucoup des lettres où vous me faites beaucoup plaisir. Je ne regrette qu’une chose c’est que toi Louis tu sois obligé de quitter ton ménage, à mon tour de te dire courage. Je vous promets bien que ma femme a mal compris ce que je voulais lui dire. Je voulais tout simplement lui faire comprendre dans la position où je me trouve. Mais sortons de là. Je vous promets que le courage ne me manque pas et que c’est en français et bon soldat et bon père de famille que je me conduis, vous me parlez de penser à chez moi. Je vous promets qu’il n’est pas une minute dans la vie où je n’y (pense) et c’est pour elle que je veux vivre aussi je dis bien haut à bientôt. D’abord je le crois car ici ça barde et voilà ce que je voulais (dire) en parlant à ma femme et c‘était pour pouvoir revenir plutôt. Je n’ai guère le temps, je vous quitte. Recevez les meilleurs baisers de votre frère et beau-frère. Emile Dumage"


Le 29/12/1914, le 3e Bataillon tient les Tranchées Brunes au Nord de Hurlus, Pierre DUMAGE est tué au champ d'honneur.

Le Maire de Cadillac reçoit cet avis tant redouté des familles...

Suivi de la restitution de la plaque d'identité...

Pierre DUMAGE reçoit la Médaille Militaire posthume

(Avec l'aimable autorisation de Mr Michel DUMAGE, son petit-fils)

 

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Septembre-Octobre 1915 : Attaque Butte-du-Mesnil (25-30/09 puis 06/10)

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George BAUDIN

Laines aux bois, AUBE

Soldat musicien du 26e ri

Né le 17/06/1891, fils d' Ernest et Juliette Bernard ; classe 1911, matricule 1290 au recrutement de Troyes.

1,69 m ; cheveux châtain clair, yeux marron foncé, déformation index main droite

Profession : cultivateur, 1 enfant

Incorporé au 26e ri le 10/10/1912, nommé musicien le 11/11/1913.

Les soldats musiciens étaient aussi brancardiers, particulièrement exposés quand ils relevaient les blessés en 1ère ligne.

Lors de la Grande Offensive de Champagne (25/09 au 6/10/1915), le 26e ri attaque la Butte du Mesnil.

Georges a tenu un carnet, très intéressant témoignage sur l'organisation de l'évacuation des blessés (hôpital temporaire de la ferme de Beauséjour) puis sur le quotidien des tranchées. La période concernée sera en ligne prochainement dans CARNETS et PHOTOS.

Evacué malade le 21/05/1918 et affecté à la 8e Cie le 06/07/1918

Parti en renfort au 26e Cie le 10/07/1918

 

(Avec l'aimable autorisation de Mme Marie-Claude Pintiau, sa petite-fille)

 

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Mars-Juin 1918 : Hurlus, Perthes-les-Hurlus

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Paul Joseph MIREBEAU
Doudeville, SEINE-MARITIME

(Plaque non règlementaire trouvée par Eric Marchal en 2004 à Hurlus dans les tranchées Brunes où le 28e ri se battait en 1918)

Annie a retrouvé son PETIT-FILS qui avait bien du mal à le croire ! Il l'a bien connu et en 1962, il n'a pas pu aller à l'enterrement de son grand-père car il était en Algérie.

Né le 28/09/1875, fils de Emile, et de Céleste Fiquet
1,63m, cheveux noirs, yeux bruns

Profession : Epicier
A épousé Madeleine Lemercier ; ils ont eu 3 enfants : Madeleine, Jean et Simone, et de nombreux petits-enfants.

Caporal le 21/11/1897
Arrivé au 39e ri le 03/08/1914.
Remis soldat de 2ème classe à sa demande le 29/06/1915 : "sa motivation devait être grande pour ce déclassement, il ne voulait même plus un galon de reconnaissance. 
Cet homme avait du caractère et très certainement soucieux de justice, son seul moyen de s'exprimer et de tenir tête à cette armée tout en faisant son devoir, a été ce déclassement".

Mais le 20/07/1916, ses qualités de meneur d'hommes lui valent d'être de nouveau nommé Caporal." (Robert Beaufrère, bénévole)

Passé au 28e ri le 14/12/1917

Au mariage de sa fille Simone, à sa droite, et à la 1ère Communion de son petit-fils Gérard.

Décédé le 03/03/1962 à Darnetal

(Avec l'aimable autorisation de Jacques MIREBEAU, son petit-fils)

 

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Octobre 1916-Janvier 1917 : Main de MASSIGES, Ville-sur-Tourbe

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François SAUTIER

Valleiry, HAUTE-SAVOIE

Né le 02/12/1890, fils de Jean et de Marie Fol ; classe 1910, matricule 804 au recrutement d'Annecy.

Profession : menuisier comme son père

1,60m ; cheveux châtains clairs et yeux châtains ; cicatrice sous le menton

Classé dans 2e partie de la liste en 1911 (goître)

7e de 10 enfants, François va partir au combat comme Léon, son aîné et Marius, son cadet. Seul François est rentré...

Marius, 22 ans, MPLF le 15/06/1915 à Metzeral (Alsace) et Léon, 31 ans, MPLF le 28/09/1918 (soldat du 299e RI présent à Massiges, une page lui est dédiée dans Régiments 151-450

 

Classé en service armé le 06/11/1914, il arrive au 133e RI le 19/11/1914

Passe au 87e RI le 22/03/1915 puis au 48e RI le 21/09/1915

Blessé le 23/06/1915 à la tranchée de Calonne (Meuse) : "plaie en séton de la région deltoidienne par balle".

Evacué blessé le 08/03/1916 : "plaie de la région scapulaire droite par éclat d'obus".

Rentré au dépôt le 21/05/1916, classé service armé malgré une "atrophie légère au bras droit"

Passé au 25e RI le 08/11/1916 puis au 35e RI le 29/11/1916, secteur de Ville-sur-Tourbe/ Main de Massiges (organisation de position défensive).

François entretient une correspondance régulière avec sa soeur Léontine :

Lundi 18 décembre 1916 (secteur de Massiges)

" Chère Léontine, je fais réponse de suite à ta lettre qui m'a trouvé en parfaite santé. Tu me demandes si j'ai besoin de linge, j'en ai assez pour le moment. Je n'ai pas encore reçu ton colis. Je pense l'avoir demain. J'en ai reçu un de chez nous hier. Encore 5 jours de 1ère ligne et après je pense aller au repos. Il sera temps car je commence à avoir des locataires. Ils commencent à me dévorer. Cela fait 24 jours que je ne me suis pas déchaussé (...)

Je termine en t'embrassant bien fort, ton frère François".

Son régiment y reste jusqu'en janvier 1917.

Passé au 371e RI le 19/04/1918 où François Sautier embarque pour la Serbie, l'Albanie, le Montenegro. Passé au 2e régiment du Génie puis au 4e jusqu'à la démobilisation le 24/09/1919.

La vie reprend son cours...

François, son épouse Françoise, et leurs enfants de gauche à droite : Monique, Marguerite, Madeleine, Marius, Thérèse, Jeanne et Pierre.

 

(Avec l'aimable autorisation de Mme Claude Parisot, sa petite-nièce et petite-fille de Léontine, soeur des frères Sautier. Mme Parisot a réalisé un remarquable travail de mémoire sur ses grands-oncles et son grand-père Sosthène Parisot, mutilé de guerre)

 

 

MORT POUR LA FRANCE

Joseph TROTOUX, 30 ans, 35e RI

Bazouges la Pérouse, ILE ET VILAINE

(Belle plaque en cuivre à 2 trous (modèle 1916), trouvée par Doudou, bénévole, probablement perdue à la Main de Massiges en 1916)

Robert et Annie ont retrouvé ses PETITS-NEVEUX, trés surpris et heureux de cette nouvelle.

 

Né le 14 juin 1888, fils de Victor Célestin, et de Jeanne Jamin ; 1 soeur et 3 frères dont l'un sera amputé de la jambe droite suite à des blessures de guerre ; un autre, porté disparu.

Classe 1908, matricule 634 au recrutement de Vitré.

Marié à Léontine Leray le 23/10/1911.

Rappelé le 03/08/1914 au 124e ri, il est blessé le 01/10/1914 : "plaie à la main droite"

Intoxiqué par les gaz le 26/05/1916 au Moulin de Vaux.
Passé au 35e ri le 30/08/1916, Joseph combat à Massiges en octobre 1916.

Passé au 172e-372e ri le 16/10/1916, il part en Orient.
Evacué pour maladie le 14/08/1918, il rentre au dépôt le 30/12/1918.

Décédé en permission le 20 janvier 1919 à Bazouges la Pérouse, d'une maladie contractée en service.

" Campagne sur le front français puis sur le front Salonique où il avait pris des germes du mal (syphilis) qui a terrassé sa constitution pourtant solide"

(Bulletin paroissial de la Bazouges la Pérouse 1919)

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Septembre-Décembre 1915 : Ouest Ferme de Beauséjour, Ravin du MARSON, Butte-du-Mesnil

(1050 hommes hors de combat)

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DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR le 25/09/1915

Sergent Léon Georges AUBERT, 22 ans

Barentin, SEINE INFERIEURE

Né le 16/08/1893, fils aîné de Léon et Léopoldine Lebarc.

En 1907 : Léon, 14 ans, ses parents, sa soeur Marthe, 6 ans et son petit frère Fernand (grand-père de Brigitte Goupil)

Classe 1913, matricule 1568 au recrutement de Rouen Nord ; 1,72 m, cheveux blonds et yeux bleu.

Profession : tisserand

Incorporé au 37e ri à compter du 26/11/1913.

Promu Caporal le 26/05/1915 puis Sergent le 06/07/1915

Le 25/09/1915, 1er jour de la Grande Offensive de Champagne, Léon disparaît aux combats de Beauséjour.

 

"Blessé, il aurait été achevé par un soldat ennemi.

Mon arrière grand père est allé après la guerre en Champagne pour essayer en vain de retrouver le corps de son fils. 
Ce beau jeune homme était certainement promis à un bel avenir car son père était directeur d'une usine de textile et se préparait peut être à prendre sa suite.
Ma mère, sa nièce, m'a dit avoir toujours connu sa grand mère en deuil qu'elle a pris après la mort de son fils et n'a jamais quitté."

Il repose dans ces bois...

(sur le Monument Aux Morts de Montville)

"Avant ma visite à Beauséjour, il n'était qu'un soldat disparu. Maintenant il est aussi et surtout un soldat qui a combattu."

"Le travail de mémoire est un long chemin".

(Avec l'aimable autorisation de Brigitte Goupil, sa petite-nièce venue avec son époux, se recueillir sur le champ de bataille le 25/08/2016)

 

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Août-Septembre 1916 : Ouest de Perthes-les-Hurlus

Octobre-Décembre 1917 : Tahure

Janvier-Mars 1918 : Tahure

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Combats de Tahure d' Octobre 1917 à Mars 1918

Lieutenant-Colonel Louis de VERDELON (1868-1951)

Marcolès, CANTAL

Chef d'Escouade au 49e ri

Né le 7 janvier 1868, fils de Georges de Verdelon (notaire et Maire) et Marie Cécile Perrin ; classe 1898, matricule 1308.

1,68 m ; cheveux bruns, yeux bleus

Marié le 12/06/1895 à Marguerite Blot

ENGAGE VOLONTAIRE pour 3 ans à la Mairie d' Aurillac, incorporé au 9e Hussards le 14/10/1889

Saint-Cyr Promotion 1890-1892 de Cronstad

Promu Sous-Lieutenant en 1892, puis Lieutenant en 1894 au 13e Chasseurs

Passé au 10e Chasseurs en 1895 ; Capitaine adjoint au Colonel le 01/07/1913

Promu Chef d'Escadron le 03/09/1915, affecté au 10e Hussards le 09/09/1915

Chevalier de la Légion d'Honneur le 16/01/1915

Croix de Guerre, 2 étoiles

 

Affecté au 49e ri comme adjoint au Chef de Corps le 21/03/1916

 

Citations :

- "chef d'escadron adjoint au chef de corps. Au front depuis le début de la campagne. a participé à de nombreuses affaires. s'est toujours fait remarquer par sa belle attitude au feu en particulier le 25 mai 1916 en dirigeant sous un violent bombardement l'aménagement de la zone de 1ère ligne".

- "a fait oeuvre de chef en menant avec brio et audace l'avant-garde d'une division de cavalerie du 16 au 19 Octobre 1918 (à Tahure). a saisi avec une grande décision le premier indice de repli d'un ennemi fortement organisé pour lancer ses troupes en avant. accueilli par des feux croisés de mitrailleuses et un violent tir d'interdiction d'obus explosifs. a su habilement conserver le terrain conquis en évitant des pertes inutiles".

 

TAHURE de Janvier à Mars 1918 :

Groupe d'officiers, mon arrière grand-père Louis de Verdelon est dans l'abri tenant une canne.

"Hiver 1918

Poste de Commandement du Colonel de France commandant le 49e RI 36e Division du 18e Corps au point dit "Les Perdreaux en Champagne" 2 Mil ouest de la Main de Massiges, 3 ou 4 km nord de Perthes les Hurlus.

De droite à gauche : Aumonier Blazy, Commandant de Verdelon, Capitaine Mocquillon, Colonel de France, Lieutenant x, Lieutenant y, Médecin major (assis) Lieutenant z, Lieutenant"

Emplacement du PC des Perdreaux juste en dessous du Bois des Perdreaux

Passé au 12e Dragons le 13/06/1918

Officier de la Légion d'Honneur le 28/09/1924

"La terrible ironie de l'existence de mon arrière grand-père est qu'il ait réussi a survivre à toute la première guerre mondiale alors que ses deux fils, tous deux Saint Cyriens comme lui sont morts pendant la seconde à savoir Capitaine Marc de Verdelon (né le 25 mars 1904) mort au champ d'honneur le 12 mai 1940 à Rochefort (Belgique) et Capitaine Paul de Verdelon (né le 7 janvier 1902) mort pour la France le 16 septembre 1942 à Thiès au Sénégal de la fièvre bilieuse hématurique en tant que commandant d’un escadron motos et side-cars de 12ème G.A.C.A. (Groupe Autonome du 1er régiment de Chasseurs d’Afrique). Ce dernier était mon grand père maternel".

Louis de Verdelon est décédé le 20 décembre 1951 , à l’âge de 83 ans


(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Ghyslain Brochant de Villiers, son arrière petit-fils)

 

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Février-Mars 1915 : Mesnil-les-Hurlus

Septembre-Octobre 1915 : Tahure, Butte de Tahure

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Disparu MPLF à MESNIL-LES-HURLUS le 02/03/1915

Louis Gustave PLICHON, 31 ans

Le Déluge, Oise

51e RI

Après 3 ans de recherche et avec l'aide précieuse de la secrétaire de la mairie d' Andeville (Oise), son NEVEU Monsieur Baril, très ému, a été retrouvé. Il a bien connu le fils unique du soldat. Sans descendance et malade, il souhaite que nous conservions sa plaque.

 

Né le 16/04/1883, fils de Pierre Louis et Eugénie Wallet ; Classe 1903, matricule 1077 au recrutement de Beauvais.

1,69m, cheveux châtains, yeux gris bleus

Incorporé le 15/11/1904, Clairon le 26/03/1906

Louis a épousé en 1908 à Andeville, Marie Van Ceune Broeck : leur fils Louis est né en 1913.

Rappelé au 51e RI le 01/08/1914, parti en renfort le 10/01/1915.

Le 22/02/1915, son régiment remplace le 84e RI dans les tranchées du Nord-Est de Mesnil-les-Hurlus.

Le 02/03/1915, la 87e Brigade attaque à 14h sur le front Ouest et Sud du Bois allongé ; le 51e RI a pour mission d' étayer son mouvement, en cherchant à l'aider à sa droite.

Pris d'enfilade dans sa tranchée par des sections de mitrailleuses établies à sa gauche, il subit de nombreuses pertes.

Louis Plichon est porté disparu. Son corps, jamais identifié, repose probablement dans l'un des ossuaires du Pont du Marson.

 Tombe de son fils Louis, "un gaillard costaud et qui a réussi en affaire."

 (Avec l'aimable autorisation de Monsieur Baril, son neveu)

 

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Mars-Août 1915 : Beauséjour, Ravin des Cuisines, Butte du Mesnil

Novembre 1915-Avril 1916 : Main de MASSIGES

Juin-Octobre 1916 : Ville-sur-Tourbe, Bois d'Hauzy, Maison de Champagne

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BLESSE à MAISON DE CHAMPAGNE le 08/09/1916

Auguste PESSEMESSE

Freycenet-Lacuche, HAUTE-LOIRE

Né le 14/06/1889, fils de Pierre Pessemesse et Félicité Brun ; classe 1909, matricule 2092 au recrutement de Le Puy. Ses 4 frères ont également fait 14-18 : un est décédé en 1916 des suites d'une tuberculose.

1,70m ; cheveux bruns, yeux gris

Profession : cultivateur

Rappelé au 86e ri le 03/08/1914 puis passé au 53e ri le 26/07/1916.

"Le 08/09/1916, le 2e Bataillon qui était au repos à Courtémont, a relevé dans la nuit du 7 au 8 un Bataillon du 101e ri dans les secteur de Maison de Champagne." (JMO du 53e ri)

Auguste est grièvement blessé et évacué : "plaies multiples par éclats d'obus : fracture supérieure de l' humérus droit".

Retour au dépot le 29/08/1917 ; hôpital complémentaire le 05/01/1918.

Pension permanente pour invalidité de 65% pour "pseudarthrose de l'humérus droit et cicatrice de l' hémithorax"

(Avec l'aimable autorisation de Francis Pessemesse, son arrière petit-neveu)

 

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Septembre-Décembre 1915 : Tahure

Février-Décembre 1917 : Butte-du-Mesnil, Maison de Champagne

Janvier-Mars 1918 : Butte-du-Mesnil, Beauséjour

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Eugène POLIN
Autun, SAONE ET LOIRE

(Plaque trouvée par Eric Marchal en 2006 à Beauséjour. Son séjour prolongé dans la vase explique l'état de conservation proche du neuf !)

Annie a retrouvé son PETIT-FILS Guy qui n'en revient toujours pas ! Il se fait un honneur de recevoir cette plaque.
Il exerce la même profession que sa grand-mère qui avait un café. Sa mère (belle-fille du soldat) est encore en vie.

Né le 02/01/1891, fils de Denis et de Marie Vernusse
Profession : Chauffeur de camions
1,71m, cheveux châtain clair, yeux marron clair

Parti aux Armées le 06/08/1914
Blessé le 02/07/1918 à 5 h aux Carrières des Loges par éclats d'obus, "plaie du 2e et 3e orteil pied droit".
Evacué du 16/07/1918 au 10/08/1918

A épousé en 1928 Marine Hugot (cafetière-épicière) : 2 fils Jean et Jacques.

Pension de 10% pour sclérose pulmonaire diffuse, légère tachycardie

Avec son épouse et ses 2 fils puis avec sa belle-fille et ses 3 petits-enfants en 1963

Eugène Polin est décédé le 19/06/1967 à Messon.

(Avec l'aimable autorisation de Guy Polin, son petit-fils à gauche sur la photo de 1963)

 

 

MORT POUR LA FRANCE le 02/08/1916

Caporal Georges JULLIEN 56e ri, 21 ans

Bourges, CHER

Né le 23/04/1895, fils de Georges et d' Annette Baissemoulin ; classe 1915, matricule 1731 au recrutement de Bourges.

1,65 m ; cheveux brun, yeux bleus

Profession : étudiant ecclésiastique

Arrivé au 56e ri le 20/12/1914

De fin septembre à décembre 1915, son régiment se bat à la Butte de Tahure :

" Arrivé en Champagne dans les derniers jours de septembre, la 29e Brigade a pris part à deux combats violents le 6 octobre matin, le 7 octobre soir. Le 56e RI agissant contre les tranchées de la Vistule, s'empare d'un poste avancé donnant des vues sur le terrain des attaques et s'y cramponne" (...)

En 1916, son régiment se bat à Verdun.

Tué à Verdun le 02/08/1916. Ses camarades ont témoigné de son décès (officiellement il n'est donc pas porté disparu), mais son corps n'a pas été retrouvé.

Lettre testament de Georges Jullien, envoyée par le camarade à qui il l'avait confiée :

"Mon bien cher papa, Ma bien chère maman
Si vous recevez ces mots ce sera que j'aurai quitté le monde d'ici-bas

cette mauvaise terre d'exil et que mon âme sera allée par delà tout ce qui est visible et invisible, au ciel, vers Dieu.

Je serai tombé, mes bien chers parents sur ce champ de bataille, et non en lâche.
Je suis content de défendre la France, non seulement parce qu'elle est la France, ma patrie,
mais encore plus parce que c'est la France qui aime le Christ et la terre qui vénère la vierge Marie.
Mes chers parents, toute ma vie était à Dieu et pour Dieu.
J'ai la ferme confiance qu'il me fera miséricorde et me recevra en son ciel glorieux malgré
mes nombreuses fautes, puisque je lui offre ma vie pour que la France soit sauvée, et pour que vous soyiez bons chrétiens.

C'est au ciel que je vous attends mes très chers parents puisque c'est là que nous devons aller.

Je vous demande pardon de tout le mal que j'ai fait, de toutes les peines que je vous ai causées, de tous les manque-ments, que j'ai eu à votre égard. Je vous en supplie, permettez le à votre fils mourant face aux boches, soyez chrétiens,
bons chrétiens. Promettez le moi, et moi de là-haut,je vous aiderai à la devenir.
Je vous demande aussi de ne pas avoir trop de chagrin de moi, je ne suis pas seul à mourir, si cela peut vous consoler et
puis la vie est si courte que ce n'est pas quelques années de plus ou de moins, il faut toujours y arriver
Mais, si vous priez la sainte Vierge, tout ira bien.
A Dieu, mon très cher papa, ma très chère maman il faut que je me retire de vos bras que je n'ai pas assez aimés.
Je vous embrasse une dernière fois, en attendant l'heureux jour ou nous nous embrasserons dans la lumière éternelle de
Dieu.
Georges 
Priez pour moi"

Après la guerre, à peine âgée de 18 ans, sa soeur est allée le chercher dans les tranchées, en vain.

Citation :

"Caporal énergique et courageux. S'est distingué par son mépris du danger. Tombé au champ d'honneur, le 2 août 1916, devant Verdun".

Croix de guerre avec étoile de bronze.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Georges Minois, son neveu. Il est également le beau-fils du soldat Bessemoulin dont nous avions la plaque d'identité)

 

 

Louis GILLET 56e RI

Bey, SAONE ET LOIRE

(Plaque trouvée par Albert Varoquier dans le secteur de Massiges)

Grâce à la Mairie de Bey et à Mme Gillet Claude, une parente proche, Annie a retrouvé son NEVEU, trés surpris et surtout trés ému : à la mort de son père il est allé habiter chez son oncle Louis et sa tante Philomène pour vivre avec eux à Chalon sur Saône. C'est vraiment avec un immense plaisir qu'il recevra cette plaque.

Né le 05/05/1883, fils de Claude (sabotier) et de Françoise Bonjour ; 1 frère

Classe 1903, matricule 1198 au recrutement d' Auxonne

1,72 m ; cheveux châtain clair et yeux châtains

Profession : employé de Banque

Epouse en 1908 Marthe Fernoux dont il divorcera ; un enfant mort en bas-âge

Blessé le 25/05/1915 au Bois d'Ailly : "plaies cuisse gauche et bras droit par éclats d'obus"

Citation : "Soldat plein d'allant et sang-froid. S'est conduit courageusement lors d'une opération executée le 3 juillet 1918, en servant les obusiers stockes malgré les ripostes ennemies."

Croix de Guerre et Etoile de Bronze

Remarié en 1931 avec Philomène Rue de 10 ans son ainé - sans enfant, mais il a élevé son neveu Marcel Gillet que nous venons de retrouver.

Avec l' aimable autorisation de son neveu

 

 

Daniel ROBIN 56e RI

St Gelven, COTES D' ARMOR

(Plaque trouvée par Eric Marchal)

Son PETIT-FILS a été retrouvé ; lui ne l'a pas connu car il est né en 1972, mais cela a beaucoup d'interêt pour lui car il est porte-drapeau pour l'Association des "anciens cols bleus" de la Marine de l'Ammac 22.
 
Né le 04/02/1897, fils de Jean Marie, et de Mathurine Derrien ; classe 1917, matricule 104 au recrutement St Brieuc

Profession : cultivateur

Incorporé au 47e ri en 1916, puis au 56e RI en 1917.

Fait prisonnier le 01/03/1918 à la Butte du Mesnil, interné à Giessen (Allemagne)
Rapatrié le 28/11/1918

A épousé en 1925 Ambroisine Le Paul ; 1 fille Yvette

Décédé à St Gelven en 1971

 

 

Léon CELLE 56e RI
Migennes, YONNE

(Plaque trouvée par Eric Marchal en 2006 à Beauséjour. Son séjour prolongé dans la vase du Marson explique l'état de conservation proche du neuf !)

Voilà un soldat qui va être accueilli bras ouverts, son PETIT-FILS est très ému de cette plaque et il en prendra soin. Sa grand-mère qu'il a bien connue, était très belle.


Né le 07/10/1897, fils de Antoine et de Eugénie Aire
Profession : Maçon, Employé des Chemins de Fer
1,72m ; cheveux brun, yeux verdâtre, tatouage avant-bras droit

Incorporé le 19/11/1914, Caporal le 24/01/1915
Citation :
"Le 14/05/1915 envoyé en patrouille au matin pour reconnaître la force et l'emplacement de l'ennemi, a rencontré
une fraction évaluée à une compagnie environ. Afin d'éviter toute erreur a crié "qui vive", l'ennemi ayant répondu
"France" il s'est approché d'avantage et a crié au Commandant de sa Compagnie "tirez ce sont des boches" sans
s'inquiéter de notre feu qui risquait".

Nommé Sergent le 12/08/1915

De janvier à mars 1918, le 56e RI se bat en Champagne à : la Butte du Mesnil, la Truie, Beauséjour et la Galoche.

Citation :
"Intoxiqué par gaz le 11/03/1918 au Ravin de Marson, très brave sous-officier doué des plus belles qualités militaires,
rend depuis 8 mois les plus grands services à l'unité, s'est particulièrement distingué les journées du 12 et 13/02/1918,
en assurant sous un très violent bombardement les ravitaillements des mortiers de 58, maintenant par sa belle attitude
ses hommes à leur poste et permettant ainsi à la batterie de remplir sa mission".

Etoile d'Argent


Pension de 20% pour "Sclérose des sommets prédominants à gauche, emphysème sinus gauche bloqué, légère rudesse aux 2 sommets, bronchophonie à droite, amaigrissements, crachats".
A épousé en 1920 à Dijon, Victorine Billet : ils ont eu 3 enfants dont 1 fils Robert Mort pour la France au
Tonkin en 1948.

Décédé le 12/04/1937 à Dijon.

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Claude Rabdeau, son petit-fils)

 

 

MORT POUR LA FRANCE le 14/08/1918
Jules GAILLARD 56e ri, 36 ans
Coublanc, SAONE ET LOIRE

(Plaque trouvée par Eric Marchal en 2006 à Beauséjour. Son séjour prolongé dans la vase explique l'état de conservation proche du neuf !)

Après de nombreuses heures de recherches, Annie a retrouvé son PETIT-NEVEU ravi de cette nouvelle : "Encore merci pour cet appel qui m'a donné beaucoup de joie et d'émotion".
Son grand-père Auguste Gaillard, frère de Jules, est Mort Pour La France le 25/08/1916 à l'hôpital de Lunéville : il était aussi du 56e RI (à gauche sur la photo)!

Né le 09/10/1881, fils de Jules, et de Claudine Buchet ; 13 frères et sœurs
Classe 1901, matricule 638 au recrutement de Mâcon.

1,68m, cheveux blonds, yeux bleus
Profession : Cultivateur


Rappelé à l'activité le 12/08/1914 au 56e ri
Blessé le 10/08/1918 : "conjonctivite, congestion pulmonaire aigue provoquée par intoxication par gaz"
Citation :
"Excellent soldat, très courageux, toujours à sa place dans les combats difficiles, montrant à tous
l'exemple de la bravoure et le mépris du danger".

Croix de Guerre avec étoile de Bronze, Médaille Militaire

Depuis le 12/08/1918 (en Picardie): "très grande activité de l'artillerie, bombardement particulièrement violent dans tout le secteur au lever du jour et à la tombée de la nuit. L' ennemi fait usage d'obus de tous calibres et de nombreux obus à l'ypérite." (JMO du 56e ri)
Mortellement atteint par les gaz le 10/08/1918
Inhumé à Angers, carré Militaire Est, tombe individuelle, carré 42, rang 1 n°5


(Avec l' aimable autorisation de Roland Gaillard, son petit-neveu venu avec sa famille en pélerinage le 19/04/2017)

"Depuis, je retourne certaines nuits, dans mes rèves, sur ce champ de bataille, où il y a 100 ans, tant de poilus sont tombés au combat. Il est vrai que pendant la visite,sans le bruit des mitrailles et obus, on se croit revenir à l'époque de cette grande guerre, c'est parlant de véracité.

J'ai pensé très fort à Jules, mon grand oncle, qui a fréquenté ce site."

 

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Mai-Octobre 1915 : MASSIGES, Ville-sur-Tourbe

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L'ARRIERE GRAND-PERE de notre bénévole Pascal BOUGNAS, très ému !

Elisée BOUGNAS 58e RI

Maubec, VAUCLUSE

(Hôtel tenu par la famille)

Né le 07/01/1877, fils de Frédéric et de Marie Jauffret ; classe 1897, matricule 382 au recrutement d' Avignon.

1,64m ; cheveux et yeux bruns

Profession : cuisinier

Rappelé au 58e ri le 03/08/1914, arrivé aux Armées le 04/09/1914

son régiment combat à Massiges de Mai à Octobre 1915.

Nommé Caporal le 01/01/1918

Passé au 56e ri le 27/01/1918, puis au 500e RIT le 01/06/1918, envoyé le 30/01/1918 sur le centre de groupement de Mailly pour être mis en congé illimité le 02/02/1919.

(Avec l'aimable autorisation de Pascal BOUGNAS, son arrière petit-fils)

 

 

Jérémy VALLON 58e RI

Nozières, ARDECHE

(Plaque trouvée par Eric Marchal)

Ses NEVEUX ont été retrouvés, très émus de cette page de l'histoire familiale réouverte grâce aux recherches d'Annie !

Né le 08/06/1896 ; classe 1916, matricule 827 au recrutement de ROMANS ; résidant à Albon, dans la Drôme.

1,64 m ; cheveux et yeux châtain.

Profession : cultivateur

Arrivé au 58e ri le 08/04/1915 : son régiment combat à la Main de massiges de mai à octobre 1915. C'est probablement à cette période que la plaque a été perdue.

Passé au 56e ri le 18/08/1916

Citations :

- "Soldat mitrailleur courageux et dévoué qui, en toutes circonstances fait preuve de beaucoup d'allant. A eu une conduite digne de tous éloges pendant les affaires d'avril 1918."

- "Soldat mitrailleur brave et dévoué, s'est brillament conduit aux combats du 9 au 18 octobre 1918."

Croix de guerre Etoile de bronze

Evacué le 03/12/1918 pour éruptions impétigineuses de la face

Célibataire sans enfants, il décéde dans les années 80.

 

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Octobre-Décembre 1916 : Main de MASSIGES

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SERGENT Constant VINCENT 60e ri, 2e Bataillon, 5e Cie

Saint-Maurice-des-Noues, VENDEE

(colorisation : Clélia Billiard)

Né le 27/12/1892 de Henri et de Marie Briffaud ; en 1909, sa famille s' installe en Charente-Maritime à Gémozac. Classe 1913, matricule 1090.

1,60 m ; cheveux châtain clair, yeux marron

Incorporé le 10/10/1913 au 57e ri, nommé Caporal le 21/10/1914, passé au 60e ri en 1916.

Constant au 60e RI : (2e rang, 2e en partant de la gauche)

Nommé Sergent le 14/03/1916

Blessé par des éclats d' obus à l' épaule gauche le 16/04/1917 lors de l' Offensive générale du Chemin des Dames. A l'hôpital pour de longs mois, il recopie ses notes.

Réformé temporaire pour "impotence fonctionnelle partielle du membre supérieur gauche. Pension de 30%."

Vincent Juillet, son arrière petit-fils, a retranscrit le cahier de guerre de Constant Vincent. Découvert après sa mort, il n'en avait parlé à personne de sa famille.

OCTOBRE 1916

Ce jour là (3 octobre) nous avons relevé le 41ème colonial en avant de Massiges, au Cratère. Pour y aller nous sommes passés par Courtémont, Virginy et Massiges. Dans ces deux derniers villages il n'existait plus aucune maison.

Le 4 je suis de jour. Je suis allé deux fois accompagner la corvée de soupe et le soir de garde au petit poste Caponnière. Le 5 il pleut. Le 6 repos. Le 7 au petit poste A. Dimanche 8 il pleut. Le 9 dans la soirée on a travaillé un peu. Le même jour le capitaine est passé en première ligne, ce qui n'arrivait pas tous les jours. Mais il ne nous a point complimenté. Le 10 il fait beau temps. Le soir j'étais de garde au petit poste Echorne. Le 11 beau temps. Ce jour là notre sous-lieutenant Minaud est parti en cours. Le 12 je suis de cours. Le 13 à 10 heures du soir nous avons été relevés par la 10ème compagnie. Pendant dix jours de première ligne nous avions été tout à fait tranquille. Les boches nous ont laissé tranquille. Le 14 j'étais resté aux tranchées pour donner les consignes.

Dimanche 15 il pleut mais j'ai tout de même lavé mon linge. Nous étions en réserve à Massiges même, dans des abris. Le 16 le jour nettoyages. Le soir à 7 heures 60 hommes sont allés en corvée en première ligne. Le 17 distribution d'effets. Le soir corvée de 40 hommes : même travail que la veille. Le 18 il pleut. Le soir corvée de 40 hommes. J'y étais moi aussi. Le 19 il pleut, le soir corvée de 30 hommes. Le 20 revue en tenue de départ, moi je travaille au cimetière avec 4 hommes. Le 21 également. Le 22 préparatifs pour monter en première ligne. Je comptais ce jour là partir en permission pour me trouver chez nous en même temps que mon frère. Mais elle m'a été refusée, aussi tout cela ne m'empêchait pas d'avoir un peu le cafard.

Lundi 23 à 4 heures du matin départ pour la première ligne. Le bataillon a relevé le 3ème bataillon du 44ème. Tout s'est bien passé, il faisait beau. Là on occupait les tranchées en avant du Pouce. On y était mal abrité et constamment bombardé. Nous étions qu'à quelques mètres des tranchées boches. Le soir à 6 heures je suis allé occuper avec 12 hommes et un caporal les petits postes 17 et 18 à 8 mètres des boches. Le 24 il pleut, les boches étaient un peu plus sages. A 6 heures du soir j'ai été relevé par le sergent Carouget. Le 25 il fait beau temps, aussi les boches en ont profité pour bien démolir notre première ligne avec des torpilles. Il n'y a pas eu d'accident mais toute la nuit il a fallu travailler, et avec cela occuper les petits postes 17 et 18. A 11 heures du soir j'ai fait une patrouille : Tout c'est passé sans accident. Le 30 à 6 heures du matin la 7ème compagnie nous a relevé. Tout s'est bien passé mais dans la journée les boches ont encore bombardés la première ligne. Il y a eu alerte pour nous et des morts et des blessés à la 7ème compagnie.

Le 31 beau temps. Ce jour là on a travaillé comme des martyrs. L'aspirant Gaide, le sergent Adam et moi on a refait le plan des ouvrages 2, 3 et Bugeaud.

NOVEMBRE 1916

Le 2 (novembre) il pleut aussi les tranchées se sont à moitié écroulées, ce qui nous a donné beaucoup de travail. Ce même jour la compagnie a changé de sergent major. Nous avions ( ?) qui a été remplacé par Braumet, qui lui est parti à Salonique au mois de novembre 1917. Le 3 dans la nuit toute la compagnie a travaillé au boyau 6. Ce même jour notre commandant de compagnie le lieutenant Bovin est passé capitaine. Le 4 le jour repos la nuit même travail que la veille.

Dimanche 5 à 9 heures du matin je partais en permission. Je n'y étais pas allé depuis le mois de janvier 1916.

J'ai pris le tacot à 13 heures au promontoire où se trouvait le poste de commandement de la brigade. J'étais à Courtémont à 14 heures et à 15 heures à Valmy où on a pris des douches, changé le linge et souper pour rien. Le 6 à 2 heures du matin départ de Valmy : passé par Châlons-sur-Marne, Vitry-le-François à 6h50. Là on a pris la direction de Jessains où on est arrivé à 8h50 et on en est reparti à 11h34 par le train I direction Troyes, Sens, Orléans à 17h35. Là on a changé de train et on est reparti à 18h40 direction Poitiers. Arrivé à Angoulême à 5h30 le 7 au matin. J'en suis reparti à 6h40 pour arriver à Pons à 10h15 pour en repartir le soir à 14h40 et arriver à Gémozac à 3h50.

Le 15 novembre à deux heures départ de Gémozac. J'ai repris la même direction que pour venir. Le 17 à 1 heure du matin j'arrivais à Valmy. J'ai rejoint la compagnie qui était au repos à Courtémont. Il faisait beau mais très froid. Le samedi 18 repos. Dimanche 19 repos. Il fait beaucoup moins froid qu'à l'habitude. Le 20 reformation de la compagnie. Le soir j'ai pris la garde au poste de police.

Le 21 à 6 heures du soir départ de Courtémont pour monter aux tranchées. A 10 heures nous avons relevé le 44ème au ravin des Noyers : Tout s'est bien passé mais dans la boue jusqu'aux genoux. Le 22 les boches ont été sages. Le 23 il faisait froid, journée assez calme. Le 24 à 2 heures et à 5 heures du matin alerte. Les boches ont bombardé tout le jour. Le 25 il pleut. Tout le jour bombardement continu, la nuit a été calme. Dimanche 26 journée calme. Le 27 aussi mais dans la nuit une patrouille a été faite par le caporal Siacci. Le 28 à 6 heures du matin nous avons été relevé par la première section. Tout le jour repos. Le 29 dans la nuit je suis allé avec 16 hommes travailler en première ligne. Le 30 je suis de jour.

DECEMBRE 1916

Le 1er décembre repos. Le 2 beau temps, la nuit au travail. Le 3 de 2 heures à trois heures une patrouille a été exécutée par le sergent Nicolas et 5 hommes entre les postes 16 et 18 sans incident mais laquelle lui a rapporté des félicitations. Le soir on est allé travailler en première ligne. Le 4 il est tombé de la neige. Dans la nuit je suis allé avec 5 hommes placer des fils de fer entre les deux lignes. Le 5 temps brumeux. Je suis passé à la 2ème section remplacer un permissionnaire. Le 6 les boches ont bombardé le ravin du Pouce. Le soir nous avons été relevé par le 44ème. Tout s'est bien passé.

On est allé au repos à la côte 202 où nous sommes arrivés le 7 à 2 heures du matin. Le reste du jour repos. Le 8 décembre prise d'armes et remise des décorations. Le 9 repos. Notre capitaine est parti en permission. Dimanche 10 repos. Le 11 repos. Le 12 douche. Le 13 le matin exercice, le soir promenade. Le 14 il neige. Ce jour là on a commencé des tranchées pour nous abriter en cas de bombardement. Le 15 il fait très froid, continuation du travail. Le 16 je me suis rendu à la Neuville-au-Pont pour suivre un cours de mitrailleur. Le soir même je suis allé voir Auguste Brémaud. Dimanche 17 il est venu déjeuner avec moi à la Neuville aussi on a passé une bonne journée. Le 18 le cours de mitrailleur a commencé : le matin théorie, le soir école de pièce. Le 19 le matin théorie, le soir tir. Le 20 on nous a appris que les cours se terminaient. On a rejoint la compagnie aussitôt.

Le 21 départ de la côte 202 à 1 heure du matin. Nous sommes allés relever une compagnie du 44ème à la demie-Lune. Ce même jour le 2ème peloton est de corvée. Le 22 de jour travail, la nuit de corvée. Le 23 jour et nuit travail et corvée. Le 24 même chose que la veille.

Le 25 décembre on a passé un bien triste Noël. Le 26 repos. Le 27 travail comme à l'habitude et bombardement de la part des boches. Le 28 corvée de jour, travail de nuit. Le 29 corvée et il pleut. Le 30 forte pluie et grand vent. Le 3ème bataillon a été relevé par un bataillon du 161ème. Le 31 on nous apprend que nous allons être relevés. Comme depuis 9 jours on mène une vie qui n'est plus tenable, jours et nuits au travail et dans la boue par dessus les genoux., un coup de colère et pour que l'on puisse rien me faire faire j'ai bu pour une fois de plus un bon coup de trop et me suis couché. A minuit nous avons été relevés et bien content que l'on était.

Marié à Hélène le 26/08/1918 à Cravans, Charente Inférieure, ils auront 3 filles. Il reprend la ferme de ses beaux-parents.

Médaille militaire

Réformé définitivement en 1922, pension de 45%

En 1935

(Avec l'aimable autorisation de Vincent Juillet, son arrière petit-fils).

Le reste de son carnet est sur son excellent site : http://vincent.juillet.free.fr/cahier-constant-vincent-1914-1.htm

 

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Mai-Août 1915 : MASSIGES, Ville-sur-Tourbe

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"Massiges 11 juillet 1915 scène de tranchée"

 

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Septembre-Octobre 1915 : Butte-du-Mesnil, Tahure (jusqu'en Mai 1916)

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DISPARU MPLF à la Butte du Mesnil (secteur de Massiges) le 25/09/1915

Pierre JAUNASSE

Les Touches, LOIRE-ATLANTIQUE

64e RI

Plaque confiée par Lydie et Gaby Francart.

Avec l'aide de Mme Martine Coraboeuf Maire de Couffé, 3 de ses PETITS-ENFANTS ont été retrouvés.

Une des petites filles, très très émue, se fait un honneur de recevoir cette plaque.

Ils sont allés il y a 3 ans à Sommepy-Tahure et en l'absence de sépulture, ont laissé leur adresse à la Mairie.

Ils reviendront très vite car cela leur tient à cœur, sa mère a beaucoup souffert de sa disparition.

 

Né le 31/01/1882, fils de Jean Baptiste et de Anne Marie Lerat ; classe 1902, matricule n°326 au recrutement d' Ancenis.

Profession : Cultivateur

1,71m, cheveux châtains, yeux bleus

A épousé en 1912 à Couffé Anne Bricet : une fille Marie Madeleine née en 1913.

Rappelé au 106e RI à la Mobilisation générale le 12/08/1914, il est renvoyé dans ses foyers provisoirement le 21/08/1914.

Son frère Jean Baptiste est tué le 27/09/1914 à Moulin sous Touvent (Oise).

Passé au 64e RI

En Septembre, son régiment est engagé dans les combats de la Butte du Mesnil et de Tahure

Disparu et déclaré décédé le 25/09/1915 à Tahure (Marne)

«Brave soldat, a toujours fait vaillamment son devoir, tombé au champ d’honneur le 25/09/1915 à Tahure »

Croix de guerre avec Etoile de Bronze

Médaille militaire à titre posthume

Restitution de la plaque d'identité de Pierre Jaunasse à sa petite-fille Maryvonne Bouchereau, en présence de son époux Denis (debout), d' Annie Mandrin et de Monsieur et Mme Coraboeuf, maire de Couffé.

 

 

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Septembre-Décembre 1915 : Ferme de Beauséjour, les Entonnoirs, Butte-du-Mesnil

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DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR le 24/10/1915

Caporal Edouard DELéTOILLE, 20 ans

Arras, PAS-DE-CALAIS

Edouard, fils d'Arthur et de Louise Bodet, est né le 23/06/1895 à Arras. Il est étudiant en droit aux facultés catholiques de Lille.

Jusqu'à présent, il est le plus grand de nos soldats : 1,80 m !

Le 30/11/1914, il est incorporé au 54e RI.

Souffrant d'une angine et d'une bronchite, il est hospitalisé à l'hôpital de Laval du 23/01 au 07/04/1915.

Le 04/06/1915, il passe au 69e ri.

Le 24 octobre 1915, Edouard DELETOILLE est porté disparu à Beauséjour (secteur de Massiges) pendant la bataille de Champagne.

Il venait d'être nommé Caporal.

Ces photos de famille racontent à elles seules, l'insondable douleur des parents à la recherche de leur enfant sur le champ de bataille. Son corps ne sera jamais retrouvé.

"Où Edouard Delétoille est tombé en Champagne 24-10-1915 (son corps n'a pas été retrouvé)"/ "Lieu où est tombé Edouard (et non tombe)"

(Avec l'aimable autorisation d'Arnauld Toulemonde, son petit-neveu)

 

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Septembre-Décembre 1915 : Attaque du Bois et de la Butte-du-Mesnil

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DISPARU MPLF à la BUTTE DU MESNIL le 25/09/1915, RETROUVE en 1937

Maurice EVRARD, 25e Cie, 22 ans

Carrières sur Poissy, SEINE ET OISE

Né le 22/12/92, fils de François et de Louise Audouard ; classe 1912, matricule 5175 au recrutement de Versailles.

1,73 m ; cheveux châtain et yeux bleu clair

Profession : cultivateur

Malgré un "développement musculaire insuffisant" en 1914, la commission de réforme le juge bon pour le service armé le 06/11/1914. Incorporé au 79e ri le 24/11/1914, il part aux Armées le 26/05/1915.

Il entretient une riche correspondance en particulier avec sa soeur Marie et sa nièce Odette.

19/05/1915, près d' Arras

"(...)Si tu me voyais dans mon "cagibit" c'est-à-dire dans la petite excavation creusée sur le côté de la tranchée pour me servir d'abri contre la pluie et les éclats d'obus, si tu me voyais dans quel état je suis. Pense donc, je reste toute la journée couché par terre pour essayer de reposer et la nuit nous partons faire des tranchées en arrière, alors à chaque fusée éclairante, pour ne pas être vus, nous nous collons à plat ventre dans la terre. Comme il bruine toujours, à faire ce métier-là je suis dégoutant, couvert de boue, pas lavé, pas brossé, couchant avec les poux, c'est un véritable enfer, aussi je ne demande qu'une chose, la fin de la guerre dans le plus bref délai. (...)Ton frère qui t'embrasse bien fort".

19/06/1915

"(...)Tu m'excuseras si je n'ai pas répondu plus tôt à ta lettre du 12, mais actuellement nous menons une vrai vie de bagne, comme tu le dis au début de ta lettre, quand sortirons-nous de cet enfer, quand serons-nous délivrés de ce cauchemar ? Je t'aurais bien écrit hier car j'avais un peu de temps devant moi, mais ces maudits boches, non contents de nous arroser de leurs torpilles et de leurs gros obus, poussent la sauvagerie jusqu'à chercher à nous asphyxier au moyen d'un obus spécial qui dégage un gaz délétère, voilà deux jours qu'ils s'en servent contre nous, et malgré les tampons protecteurs que l'on se mets devant le nez et la bouche, ça vous fait pas mal souffrir car ça se mets à vous piquer les yeux au point de ne plus pouvoir voir clair, ce qui vous occasionne de forts maux de tête, aussi je te l'avoue et (il ne faudrait peut-être pas que l'on lise ma lettre) mais je t'assure que nous sommes tous découragés et je crois que ça ne pourra pas continuer car tout le monde en a assez de cette vie, car mener cette vie avec la nourriture que nous avons… (...) nous qui touchons qu'un maigre repas froid le soir à minuit. Hier pour notre journée avec notre demi-boule nous avons touché une petite boîte de pâté de fois gras pour deux et avec cela il faut travailler la nuit et ne pas dormir le jour, aussi que de murmures… Enfin je prends mon mal en patience et comme tu dis que je n'ai qu'à invoquer la Sainte Vierge et prier Dieu qui seul est maître de nos destinées et qui j'espère nous récompensera de nos misères en nous réunissant tous à bientôt et en nous faisant oublier les misères passées durant cette horrible guerre. Mille baisers de ton frère".

23 juin 1915

"(...) Je voudrais pouvoir te mettre du nouveau aussi mais ce n'est guère facile car nous voilà à notre douzième jour de tranchées et pendant ces douze jours ce fut toujours la même monotonie, rester caché le jour et travailler la nuit. A ce propos, tu me demandes ce qu'on peut bien faire, eh bien figure-toi que le front a une largeur d'une dizaine de kilomètres, c'est-à-dire que pour aller en premières lignes il faille faire dix kilomètres. Tu dois penser que même si le front que l'on occupe était petit, les boyaux n'étant pas très éloignés les uns des autres et formant des zigzags, ça ferait en somme plusieurs centaines de kilomètres de tranchées à entretenir. A vrai dire, le travail fait où nous sommes est un travail de géants, c'est pourquoi il y a toujours à faire, recreuser telle tranchée, refaire tel boyau effondré par les obus, réapprofondir tel autre qui n'est pas assez creux, etc. etc. Et c'est ainsi que toutes les nuits il y a toujours plusieurs régiments qui travaillent.(...)Ton frère qui ne t'oublie pas".  

30 juin 1915

"(...)Nous avons tellement d'ouvrage, lorsqu'on arrive au repos pense un peu dans quel état on se trouve après quinze jours de tranchées, quinze jours sans se changer d'habits, sans se débarbouiller, sans se raser, sans même se laver les mains, car là-bas l'eau fait totalement défaut, nous en avions juste un quart ou deux pour boire dans la journée que nous allions chercher à trois kilomètres en arrière à la faveur de la nuit, c'est te dire quel nettoyage nous avons à faire lorsque nous arrivons au cantonnement, nettoyage du corps qui est plein de poussière, des vêtements qui sont pleins de boue, des armes qui sont archi-rouillées, ça occupe tout de suite les deux premiers jours de repos.

Je ne sais s'il fait à Carrières le même temps qu'ici, mais ici c'est vraiment pitoyable, il pleut presque sans discontinuer, il serait temps que cela cesse afin que les boyaux soient propres lorsque nous allons retourner au feu. Rien n'est plus désagréable que d'avoir toujours de la boue jusqu'au dessus des souliers(...)".

12 juillet 1915

"(...) il nous est arrivé une aventure lors de notre dernier repos. Comme notre linge était très sale après les quinze jours de tranchées que nous avions faits et en surplus qu'il y avait un peu trop de vermine dedans, nous prîmes la résolution à trois ou quatre de le faire bouillir. Sitôt dit, sitôt fait, on dégotte une vieille bassine et dedans on entasse sans aucun ordre chaussettes rouges, gilets de flanelle, chemises, cravates bleues, etc. etc. et on fait du feu dessous. Lorsque le tout eut bien bouilli et qu'on se mit à retirer notre linge, il était joli, il n'avait plus de crasse ni de poux, seulement tout était déteint les uns sur les autres, les gilets de flanelle étaient mordorés, les chemises avaient une manche rouge, l'autre bleue, une devant violet et une bannière verte, c'était comique. Ca fait que maintenant j'ai dans mon sac du linge aux couleurs des alliés, c'est-à-dire multicolore.(...)Ton oncle qui t'embrasse fort".

A la Butte du Mesnil

5 septembre 1915

 "Ayant reçu ta lettre hier, je m'empresse d'y répondre. C'est dans mon cagibit dans les dernières lignes du champ de bataille de la Champagne que je t'écris, car ainsi que je l'ai écrit à papa, nous avons été rappelés brusquement de Nancy pour prendre les lignes".

11 septembre 1915

"(...)Si tu nous voyais ma chère Marie, tu ne reconnaîtrais jamais l'uniforme français, nous avons tous l'air boche avec nos casques, car maintenant nous avons des casques en tôle d'acier dans le genre des casques de pompiers, mais très solides, et surtout très pratiques, paraît-il, contre les éclats des bombes et des grenades, on a l'air de pompiers en goguette. Ton frère qui t'embrasse et qui ne t'oublie pas".

16 septembre 1915

"Tu voudrais savoir si nous avons beaucoup d'ouvrage. Tu t'imagines que nous sommes dans les tranchées pour tirer, tu es absolument dans l'erreur. Voilà aujourd'hui quatre mois que je suis au front, eh bien si j'ai tiré vingt coups de fusil, c'es tout. La principale ouvrage du fantassin, c'est de recevoir toutes sortes d'engins sur la tête et un coup la rafale passée de prendre la pelle et la pioche et de refaire tranchées et boyaux qui se trouvent éboulés. Pour te faire une idée du travail que nous avons: hier j'ai été de garde, j'ai passé la nuit couché sur le bord d'une route enroulé dans ma couverture et ce soir nous repartons aux tranchées pour plusieurs jours afin de travailler la nuit. Ainsi tu vois que souvent le jour le sommeil m'emporte et je ne puis écrire malgré toute la bonne volonté que j'essaie d'y mettre.

Maintenant tu diras à grand-mère que je n'ai pas besoin pour le moment de vêtements de laine car le temps est encore assez doux, ainsi que je te le disais plus haut. J'ai passé la nuit couché dehors, eh bien je n'ai pas eu froid du tout.

Enfin tu me demandes si je vois souvent des avions, lorsque nous étions du côté de Nancy, c'était par vingt-cinq ou trente à la fois que nous les voyions passer, se dirigeant vers les pays annexés. Quant aux combats, j'en ai déjà vu énormément, dont deux tragiques à notre détriment, le premier à Neuville entre un Tauben et un Voisin; au bout de quelques minutes notre appareil se disloqua et tomba en morceaux. C'était émouvant de voir les corps des deux aviateurs tomber comme des pierres de plusieurs centaines de mètres de hauteur dans les lignes ennemies. Enfin le second combat eut lieu il y a une huitaine de jours où nous sommes, le même dénouement que le premier. Ton oncle qui t'embrasse fort". 

Son dernier courrier :

Vendredi 24 septembre 1915 (arrivée le 2 octobre)

"(...)Merci aussi de ta prière, car c'est le moment où nous avons le plus besoin de la protection de Dieu(...)".

Maurice EVRARD disparaît le lendemain, 25 septembre 1915, lors des violents combats de "La Butte du Mesnil". Son corps ne fut retrouvé qu'en janvier 1937 et identifié grâce à sa plaque.

Il fut restitué à sa famille le 27 avril 1937, ce furent son frère Charles EVRARD et son beau-frère Albert DEMARQUAY qui se rendirent sur place pour le rapatrier. Les honneurs militaires lui furent rendus à Carrières par des soldats de la caserne de Saint-Germain-en-Laye. Il repose depuis dans la tombe familiale du cimetière de Carrières-sous-Poissy.

100 ANS PLUS TARD... 
"Huit arrière-petits-neveux et nièces et une arrière-arrière-petite-nièce  se sont rendus à la Butte du Mesnil pour rendre hommage à leur ancêtre...
Le paysage a bien changé depuis les évènements de la Grande Guerre... La végétation a repris ses droits et plus rien ne semble rappeler les terribles combats qui s'y sont déroulés. Il faut néanmoins ne pas trop se fier à ce calme: dans la végétation se cachent de nombreux débris de toutes sortes, dont certains peuvent parfois encore tuer un siècle plus tard". 

(Avec l'aimable autorisation de Philippe HONORE, son arrière petit-neveu http://philgene.free.fr)

 

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Mars 1915 : Côte 196, Nord de Mesnil-les-Hurlus / Avril-Mai 1915 : entre Perthes et Souain

Juillet 1915 : Perthes-les-Hurlus / Septembre 1915 : Main de MASSIGES, Index

Octobre-Novembre 1915 : Butte de Tahure

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MORT POUR LA FRANCE à MESNIL-LES-HURLUS le 18/03/1915

Anatole Désiré PILLOY, 31 ans

Sancy les Meaux, SEINE ET MARNE

Son frère jumeau sera grièvement blessé dans le même secteur le 25/09/1915.

Né le 20/03/1883, fils d' Anatole et Appoline Coquillard ; classe 1903, matricule 62 au recrutement de Coulommiers. Son frère jumeau Eugène, Caporal du 2e BCP, est "blessé grièvement le 25/09/1915 en entraînant résolument son escouade à l'assaut. Perte de la vision de l'oeil gauche" (par éclat d'obus). Croix de guerre avec palme et Médaille Militaire. Classé service auxiliaire au dépot des prisonniers de guerre. Il décède en 1920 à Sancy les Meaux.

Profession : cultivateur

1,80 m (un géant pour l'époque!) ; cheveux et yeux châtains, menton à fossette

Rappelé le 01/08/1914 au 76e RI, il est blessé le 05/09/1914 à Villeroy :"plaie au bras droit par éclat d'obus".

Passé au 80e ri le 06/01/1915, il est porté disparu le 18/03/1915 ; un secours de 150 f est accordé à sa veuve le 28/04/1916.

(Avec l'aimable autorisation de sa famille)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à PERTHES-LES-HURLUS le 23/07/1915

François THIBEAUDAU 80e RI, 31 ans

Rivesaltes, PYRENEES-ORIENTALES

(tout à droite)

Né le 29 avril 1884, fils de Joseph et de Jeanne...; classe 1901, matricule 1401 au recrutement de Perpignan.

Marié. Profession : tonnelier

1,55 ; cheveux et yeux brun

Rappelé à l'activité au 12e ri le 12/08/1914, passé au 80e ri le 24/05/1915.

Le 23 juillet 1915, il est tué par l’explosion d’un Minen à Perthes-les-Hurlus.

(photo extraite de "Les disparus de la Grande Guerre : Rivesaltes",excellent livre de Renaud Martinez,éditions l'Agence, 2007)

 

 

MPLF à MASSIGES le 26/09/1915

François CHIFFRE, 38 ans

Citou, AUDE

80e RI

Né le 04/08/1877, fils de Auguste et de Emilie Azalbert ; classe 1897, matricule n° 318 au recrutement de Narbonne.

Profession : cultivateur

1,62 m ; cheveux châtain clair, yeux bleus

Rappelé au 80e RI le 01/08/1914, il part au front le 25/11/1914.

Le 04/02/1915 son frère Emile - soldat au 4e RIC - est tué.

Blessé à l'Annulaire, il a été emmené à l' Eglise de Massiges transformée en poste de secours. L' église a été bombardée...Une page lui est consacrée dans MEMOIRE DE LA MAIN puis 2e-3e-4e RIC.

En Avril 1915 (secteur de Massiges), François Chiffre livre un puissant et terrible témoignage ( retrouvé dans une décharge par un monsieur qui, après avoir mis cette lettre en ligne, a été contacté par la famille ! ) : la mémoire prend parfois des chemins bien détournés...

Son régiment est engagé dans la Grande Offensive de Septembre 1915.

Extraits du JMO :

25/09 : "A 16h, le Régiment se dirige sur 180 (le Promontoire) où il bivouaque entre le Ruisseau du Marson et 180.

26/09 : Le régiment est en réserve au bivouac où il s'est installé la veille. Le 3e Bataillon est mis à la disposition de la 3e DIC (Division de l'Infanterie Coloniale), 5e Brigade, pour permettre la relève des éléments les plus éprouvés de cette brigade. 2 Cies doivent relever 2 Cies en 1ère ligne à 191 (Main de Massiges) Une Cie aux abris de Massiges, une Cie à Virginy. Arrivé sur les positions, le Bataillon reçoit contre ordre et rentre à 180 à 1h du matin le 27/09".

François Chiffre est tué le 26/09/1915.

En cette seule année 1915, la guerre aura coûté 2 fils à la famille Chiffre. Seul un fils rentrera...

(Avec l'aimable autorisation d' Emmanuelle FABRE, son arrière-arrière-petite-nièce et arrière-arrière-petite-fille d' Antoine CHIFFRE du 4e RIC, MPLF à Massiges le 04/02/1915)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à L'INDEX de LA MAIN DE MASSIGES le 30/09/1915

Paul RIBERA 80e RI, 27 ans

Perpignan, AUDE

Né le 11/01/1883, fils de François et de Anne Prats. D’origine catalane tous les 2, lui était natif d’un petit village de l’autre côté de la frontière espagnole : Viure de l’Ampurdan dans les montagnes pas très loin de Figuèras. Elle était née au Perthus à la frontière et ils vécurent après leur mariage à Perpignan.

Classe 1903, matricule 795 au recrutement de Narbonne.

Profession : coiffeur

1,62 m ; cheveux châtain, yeux gris

Marié, il était père de 2 enfants : Lucien et Paul.

Rappelé le 03/08/1914 au 80e ri.

Le 30/09/1915, au cours de l' attaque du Bois Marteau, il est tué à l'ennemi.

Son Bataillon décimé, avait perdu, sur un effectif de 680 h et 15 officiers : 11 officiers tués, blessés ou disparus, 451 sous-officiciers, Caporaux et soldats (JMO du 80e RI)

Soldat au 80ème ri, il a été tué à l'ennemi le 30 septembre 1915 à l'Index de la Main de Massiges.

Son corps fut évacué jusqu'au ravin des Pins à l'est de Wargemoulin, puis inhumé dans la nécropole militaire du Pont de Marson sous le numéro de sépulture 6680.

REGRETS

Jamais je ne reverrai ma chère terre audoise,

Jamais je ne reverrai ma bien aimé Lucie,

Jamais je ne reverrai mes fils Lucien et Paul que je n’aurai pas eu le temps de connaître,

Je n’oublierai jamais l’odeur de la boulangerie de papa,

Je n’oublierai jamais les gestes tendres de ma mère,

Je me suis battu pour ma patrie, et j’y ai laissé ma vie,

Vous mes descendants, ne m’oubliais jamais !

Dite, songeant à moi, sans retour, sans cercueil,

Ces simples mots qui sont d’immortelles semences :

« C’était un brave gars ; il est mort pour la France. »

Mon nom à tout jamais vivra dans l’éternité.

(Poème à titre posthume écrit par son arrière-petit-fils Pascal Montagnac)

 

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES (BOIS MARTEAU) LE 30/09/1915

Jean DEDIEU 80e RI, 24 ans

Serres, ARIEGE

Né le 01/09/1891, fils de Pierre et de feue Marie Roy ; classe 1911, matricule 1028 au recrutement de Foix.

1,61m ; cheveux châtain, yeux châtain verdâtre.

Profession : cultivateur

Incorporé le 19/12/1914 puis passé au 80e ri le 28/05/1915.

Disparu au Bois Marteau près de Massiges le 30/09/1915

"Mon arrière-grand-mère : Marie Subra (1881 – 1940) avait épousé en 1899 un Jean DEDIEU (1880-1914).
Ce Jean DEDIEU est décédé de maladie le 28/4/1914 à Sahuc (commune de Serres S/Arget – FOIX – 09)
Le couple avait 4 enfants – le 4ème (Maximin) est décédé le 16/2/1915 – il était jumeau avec ma grand-mère (Berthe).

Le couple vivait pauvrement dans ces montagnes – il faut se reporter au début du 20ème siècle ....

Marie Subra se retrouve seule avec 3 enfants en bas âge.
Il était courant dans ces milieux de se remarier avec la sœur ou le frère pour assurer la survie de la famille.
Marie s’est remariée avec le cousin de son mari qui s’appelait aussi Jean DEDIEU (01/09/1891 – 30/09/1915) !!!
il était plus jeune de 10 ans.
Inutile de vous dire que les recherches furent délicates et ardues pour retrouver tout ce monde à travers des homonymes identiques. Les confusions furent nombreuses d’autant qu’ils ont eu un fils appelé aussi Maximin ! (1915-1950)


La période fut courte, marié le 19 avril 1915 et tué le 30 septembre 1915.

On peut imaginer aisément le désarroi de mon arrière grand-mère! Perdre un mari en 1914, 1 enfant et son nouveau mari en 1915!

Il était cultivateur, berger comme beaucoup dans ces villages de la vallée de la Barguillère – massif de l’Arize.
2/3 vaches et quelques moutons, des lopins de terre cultivés en jardin sur les pentes. Ma mère me racontait que chaque année, ils remontaient la terre du jardin dans des paniers en osier pour la redisposer en début de pente et la recultiver !!
"(Gérard Soumillon, son arrière petit-fils)

(Avec son aimable autorisation)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 02/10/1915

Léon LEGUEVAQUES 80e RI, 20 ans

Banières, TARN

Né le 3 janvier 1895, fils d' Isidore et d' Irma Berinquier ; classe 1915, matricule 397 au recrutement d' Albi

Profession : cultivateur

1,61 m ; cheveux châtain, yeux marron

Incorporé au 80e ri à compter du 19/12/1914

Tué à l'ennemi le 2/10/1915 à Massiges au bois de la Faux.

 

 

 

 

(Avec l'aimable autorisation de Henri Leguevaques, son petit-fils, que nous remercions pour toutes ses contributions)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 05/10/1915

Jules PHILYSATER 80e RI, 28 ans

Cinq-Mars-la-Pile, INDRE-ET-LOIRE

Né le 06/02/1887, fils de feu Louis de et feue Louise Pasneau ; classe 1907, matricule 196 au recrutement de Tours

Profession : cultivateur

1,72 m ; cheveux brun, yeux châtain

Rappelé à l'activité le 04/08/1914, passé au Bataillon de Marche du 82e ri.

Passé au 80e ri le 25/03/1915.

Disparu à Massiges le 05/10/1915 lors de la Grande Offensive de Champagne.

(Avec l'aimable autorisation de Nicolas Philysater, son petit-neveu)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 06/10/1915 et retrouvé le 21/02/1999

Eugène DUPIEU 80e RI, 24 ans

Golinhac, AVEYRON

 Né le 08/12/1890, fils d' Antoine et de Julie Dellus ; classe 1910, matricule 610 au recrutement de Rodez.

1,72 m ; cheveux châtain foncé et yeux bleu jaunâtre

Profession : menuisier

Caporal du 122e ri le 23/09/1912, cassé de son grade le 10/06/1913

Rappelé au 53e ri le 01/08/1914, passé au 80e ri le 25/05/1915

Porté disparu à Massiges le 06/10/1915 et retrouvé le 21/02/1999, la famille a été retrouvée.

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 06/10/1915

Jean LEGUEVAQUES 80e RI, 27 ans

Puylaurens, TARN

Né le 21/03/1888, fils de Baptiste et de Mélanie Metgé ; classe 1908, matricule 424 au recrutement d' Albi.

Profession : cultivateur

1,67 m ; cheveux châtain, yeux marron clair, teint basané, oreilles écartées, cicatrice blessure tibia gauche.

Rappelé au 80e ri le 02/08/1914

Disparu à Massiges le 04/11/1915 (?), déclaré décédé le 06/10/1915

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 06/10/1915

François PECH 80e RI, 24 ans

Salles sur l' Hers, AUDE

Né le 26/07/1891, fils de Raymond et de Anne Espitalier ; classe 1911, matricule 180 au recrutement de Carcassonne

1,64 m ; cheveux noirs, yeux châtain

Profession : propriétaire cultivateur

Disparu au Mont Têtu le 06/10/1915

 

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Mars-Septembre 1915 : Beauséjour, le Trapèze, Butte-du-Mesnil, Côte 196, Tahure, Tranchées de la Vistule

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DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR le 12/05/1915

Alexandre MARTINAUD, 35 ans

Coux, CHARENTE INFERIEURE

Né le 07/09/1879, fils de feu Pierre et de Marie Daviaud ; classe 1899, matricule n°30 au recrutement de Saintes.

1,67 m ; cheveux bruns, yeux châtains

Profession : cultivateur

Rappelé le 01/08/1914 ; arrivé au 137e RIT. Les soldats de 34 à 49 ans étaient incorporés aux Régiments d' Infanterie Territoriale : ils ne devaient pas être engagés en première ligne mais restaient très exposés lors du ravitaillement, du transport des blessés, du terrassement des tranchées ou de la relève des corps! Ils ont joué un rôle indispensable dans le quotidien des soldats.

Suite à l'hémorragie des premiers mois de guerre et pour compenser les pertes, ils se retrouvent eux aussi en 1ère ligne! C'est le cas pour Alexandre Martinaud qui passe au 167e ri le 27/11/1914.

Puis au 81e ri le 26/03/1915.

"Organisation de Beauséjour : A cette période de furieux combats, succède une période d'organisation ni moins pénible, ni beaucoup mois meurtrière. L'ennemi ne cesse de harceler nos travailleurs. Le travail de nuit, dans la craie gluante, est fatiguant, périlleux ; celui de jour est mortel sinon impossible. De lointaines mitrailleuses, invisibles, prennent nos boyaux, nos saillants, nos postes d'écoute en enfilade. Nuit et jour leur craquement monotone répand l'angoisse. Sur certains points, au "Trapèze" par exemple, les adversaires s'affrontent à quelques mètres, l'un occupant la tranchée de doublement d'une tranchée conquise. Les "traverses d'accès" d'accès sont barrées par de simples "masques" en sacs à terre.

On vit dans un perpétuel halètement. L'ennemi d'ailleurs, n'est pas moins anxieux et ses inquiétes fusillades, à tout propos crépitantes, doublent notre propre inquiétude (...)

Il faut cheminer dans des boyaux remplis d'eau, piocher et pelleter une fauge sans consistance, planter des barbelés, jeter des chevaux de frise ou des réseaux Brun. Le ravitaillement est difficile. Les pluies sont fréquentes et dans les nuits d'orage, éclaboussées par l'éclair des canons, règne l'anxiété des ruses ennemies mêlée à l'appréhension des brusques attaques". (Historique du 81e ri)

Alexandre Martinaud disparaît le 12/05/1915 aux tranchées de Beauséjour.

(Avec l'aimable autorisation de Mme Yvette Thibaud née Martinaud, sa petite-fille. Accompagnée de son époux, elle s'est rendue à Massiges en Juillet 2016. Nous les remercions pour leur généreux don)

 

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Janvier-Mars 1915 : Fortin de Beauséjour

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MORT POUR LA FRANCE à BEAUSEJOUR le 03/03/1915

Sergent Paul VANDER BRUGGEN, 28 ans

Lille, NORD

Ses courriers à Sara, sa femme, sont en ligne dans CARNETS DE GUERRE

La certitude d'une victoire rapide cède peu à peu la place au manque, au doute, à la peur et à la souffrance. Il raconte la douleur des hommes, ce mélange d'espérance et de désespérance

Ce témoignage est exceptionnel : Paul se livre à Sarah, ses mots ont échappé à la censure.

Né le 26/11/1886, fils de Jean et de Marie Cloet ; Classe 1902, matricule 1306 au recrutement de Lille

1,69 m ; cheveux châtain clair, yeux bleu

Profession : tripier

A épousé Sara ; 2 enfants, Paul et Paulette

Mobilisé au 84e ri le 04/08/1914

Une de ses dernières lettres, envoyée 15 jours avant sa mort :

"Beauséjour le 19.2.15


Mon cher ami André
,


Depuis le 10 nous sommes dans les tranchées et je te prie de croire que l’on a du fil à retordre car voilà 4 jours que nous livrons bataille acharné sur les boches. Le 3ème Bataillon a pris et lâché 4 fois les tranchées si tu verrais quel acharnement.

Mon Bataillon a reçu l’ordre d’attaqué le 17. Nous avons parti avant le jour à 4h et demi.

J’étais en tête de ma demi section avec mon s/lieutenant et nous avons avancé de 100 mètres et près d’atteindre les boches et au moment où le lieutenant cris à la baÿonnette on se lève d’un bond. Mais les ¾ des hommes ont fait demi tour car les mitrailleuses donné de tous les côtés alors je suis resté moi et mon lieutenant dans les fils de fer et je suis parvenu en rampant grâce au 75 à 11 heures dans nos tranchées et quand je suis descendus et reçu j’ai fondu en larmes et je ne pouvais plus marcher.

J’étais émmotionné.

Après un réconfortant et un bon somme et je suis maintenant près à repartir.

Je te serre la main.
Je te donnerais des nouvelles plus tard si possible.

Paul"

Le Sergent Paul Vanderbruggen est tué à la ferme de Beauséjour le 03/03/1915 à cinq heures du soir aux tranchées des suites d'une blessure à la tête.

Il laisse une veuve et deux orphelins.

Sara reçoit une pension de 825 euros pour élever Paul et Paulette.

Citation :

"Sous-officier brave et dévoué, tué glorieusement au cours d'une attaque ennemie le 03/03/1915 à Beauséjour."

Croix de guerre avec étoile de bronze ; Médaille Militaire remise à son jeune fils, Paul.

La vie continue pour Paul et Paulette ; Sarah se remarie et a 2 filles, Yvonne et Marcelle.

(Avec l'aimable autorisation d' Alain Ricoeur, petit-fils de Sara et fils d' Yvonne)

 

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Février-Mars 1915 : Nord de Mesnil-les-Hurlus, Côte 196

Septembre-Octobre 1915 : Tahure

Septembre-Octobre 1918 : Côte 191, Mesnil-les-Hurlus

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Georges PENNEQUIN

Lille, NORD

Annie a retrouvé la Veuve de son PETIT-FILS.

Cette plaque probablement perdue en 1915, a été trouvée par Eric Marchal, président de l'association.

Né le 28/12/1882, fils de Léandre et de Hortense Mancrombugghe

Classe 1902, matricule 1507 au recrutement de Lille

1,55 m ; cheveux bruns, yeux châtains, marques particulières : marchand ambulant (?)

Profession : filtier, perceur fer

Epouse en 1910 Berthe Pouillaude

Mobilisé au 87e ri

De Février à Mars 1915, son régiment se bat au Nord de Mesnil-les-Hurlus ; de Septembre à Octobre, à Tahure.

Détaché le 22/11/1915 société des cylcles Clément-Gladiator

Passé au Régiment des Zouaves (2e puis 3e ou 4e le 12/11/1917)

Nombreux séjours à l'hôpital fin 1916 en en 1917 pour maladie.

Passé au 58e ri le 18/06/1918, mais ne se présente pas : "manque aux appels depuis le 16/06/1918, en absence illégale, arrêté le 13/11/1918, mis en prévention de Conseil de Guerre, condamné à un an de prison pour désertion de l'Intérieur en temps de guerre, circonstances atténuantes admises."

Sa maladie, raison probable de sa désertion, lui a ici sauvé la vie.

 

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Février-Mars 1915 : Beauséjour, Mesnil-les-Hurlus

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Louis Eugène AUBERT
Jonchery-sur-Suippe, MARNE

(Plaque trouvée par Eric Marchal, perdue ou arrachée quand le 91e RI combattait en février-mars 1915 à Beauséjour et Mesnil-Les-Hurlus)

Annie a retrouvé un de ses PETITS-NEVEUX, époux de l'ancienne Maire de Sommepy Tahure (2008-2012).
Il prendra soin de cette plaque qui le touche beaucoup car Louis était venu vivre quelques temps chez eux avant d'aller dans une Maison de retraite et il l'a bien connu, il se souvient qu'il venait manger chez eux. 

Né le 15/02/1881, fils de Léon et de Marie Dez ; 2 soeurs et 1 frère.
Classe 1901, recrutement de Châlons-sur-Marne
Profession : cultivateur
1,68m, cheveux châtain, yeux gris

A épousé en 1906 à Souain Juliette Buiron : 1 fille, Marie Louise, qui s'est mariée à 56 ans et qui n'a pas eu de descendance.


Rappelé à l'activité et arrivé au 91e ri le 12/08/1914.
Blessé le 25/04/1915 aux Eparges par éclats de mitraille à la main gauche, amputation du
pouce gauche et de son métacarpien ; plaie par balle cuisse droite sans gêne fonctionnelle.

Sorti du dépôt de convalescence le 08/11/1915
Pension de 1440 Frs en 1921

Décédé le 21/05/1964 à Reims.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Jean-Luc GANGAND, son petit-neveu)

 

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Juin-Décembre 1917 : Main de MASSIGES

Janvier-Juillet 1918 : Main de MASSIGES

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L'histoire émouvante de 2 frères nés en 1888, soldats du même régiment, et MORTS POUR LA FRANCE la même année...

Les frères BONNEFONT, 11e Cie

Montluçon, ALLIER

Sergent Louis Bonnefont, 28 ans, tué le 14/04/1917 au Bois de la Grille (Marne)

Caporal Philippe Bonnefont, 29 ans, blessé à LA MAIN DE MASSIGES le 01/11/1917, décédé le 16/11/1917

Louis et Philippe

Nés les 24/12/1888 et 09/01/1888, fils de François (cordonnier) et de Marguerite Collin ; 1 frère Gilbert dont les descendants ont été retrouvés ; classe 1908, matricules 1745 et 1555 au recrutement de Montluçon.

Louis est nommé Sergent en 1911
Profession : tapissier pour violons et cordonnier
1,67m et 1,73m ; cheveux bruns, yeux bruns

Louis est célibataire ; Philippe est marié à Jeanne Vellay, le couple habite Vincennes.

Rappelés à l'activité au 95e RI le 03/08/1914, ils combattent côte à côte.

(Louis est le 3e en partant de la droite)

(Philippe, le plus à gauche, les mains dans les poches)

Louis est tué à l'ennemi le 17/04/1917 au Bois de la Grille (Marne), non loin de son frère Philippe.

Citation : "Excellent Sous-Officier qui a montré beaucoup de courage et de sang-froid lors
de l'attaque du 17/04/1917, tombé au Champ d'Honneur en accomplissant une mission de liaison".

Croix de Guerre, Etoile d'Argent

Primo-inhumé au cimetière provisoire Arago tranchée 2 n° 6, il est ré-inhumé après la guerre à la Nécropole militaire de Sillery, tombe n°748.

Peu après la mort de son frère, Philippe reçoit cette citation :

Cité à l'ordre du Régiment le 04/05/1917 :

"Soldat très brave et très calme. A montré de rares qualités de courage et d'énergie en accomplissant sans
la moindre faiblesse son rude devoir tout en connaissant la mort de son frère tué non loin de lui. A été d'un bel exemple".

Nommé Caporal à cette date.

Depuis le mois de Juillet 1917, "la position tenue par le 95e ri comprend la plus grande partie de la Main de Massiges, les crêtes du Pouce, du Faux Pouce, de l'Index, du Médius".

Historique du 95e ri

Non évacué, Philippe meurt des suites de ses blessures, dans l'ambulance 6/5 le 16/11/1917 à 12h30.

Citation :



Inhumé à la Nécropole Nationale de Sainte-Ménehould (Marne), tombe n° 1853

 

Leur frère Gilbert mobilisé au 29e ri, est le seul qui rentrera.

Blessé "plaie avant au bras gauche" le 14/05/1915 au Bois de Vaux (debout le bras en écharpe)


(Avec l'aimable autorisation de Madame Louis Bonnefont, veuve de son neveu)

Nous remercions également Mr Labarbe du FA94 pour les informations communiquées

 

 

Fernand BESSEMOULIN 95e RI

Vierzon, CHER

Grâce à la ténacité d'Annie, son FILS a été retrouvé, la plaque d'identité confiée par Thérèse Mathieu, restituée. Son père n'a jamais parlé de cette guerre ni même de sa citation que son fils a découvert après sa mort. Il a juste raconté avoir beaucoup souffert du froid et de la boue en 1917. Il était l'un des frères d'arme de René VAUCHEL.

Né le 15 novembre 1896, fils de Jean-Baptiste, Théodule et de Géry Louise, classe 1916, matricule 1325 au recrutement de Bourges.

1,75 m ; cheveux châtain clair et yeux bleu jaunâtre.

Profession : riveur en grosse chaudronnerie

Ajourné pour faiblesse en 1915, déclaré bon pour le service armé en mai 1916

Arrivé au 85e ri le 11 août 1916, il n'avait pas encore 20 ans.

"Chère Soeur,

Je pense que lorsque tu recevras ces quelques mots, on t'appelera Madame aussi à partir d'aujourd'hui j'adresse donc mes lettres à Madame, cela me semble bien un peu drôle mais je m'y habituerai. J'espère chère Aurélie, que tu ne seras pas trop chagrinée de ne pas être présent pour ce grand jour, cependant crois bien que j'ai mon possible pour faire avancer ma perme, mais je n'ai pu avoir satisfaction. Cela m'a pas fait plaisir mais que veux-tu ? forcer de durer, je ne sais pas quand je viendrai, peut-être pas avant la 1ère quinzaine de février car nous allons remonter en ligne d'un ?, où la misère nous attend, enfin nous y sommes habitués, surtout en ce moment où il fait très froid et la neige tombe tous les jours." (lettre du 10/01/1917)

Passé au 95e RI le 28 février 1917. Son régiment était présent à la Main de Massiges jusqu'en juillet 1918. C'est probablement à cette période qu'il a perdu sa plaque.

"Il fait mauvais temps et plus ça va plus on a de misère" (extrait d'une lettre adressée à sa soeur le 16 avril 1917 à Massiges)

"Nous sommes descendus de ligne cette nuit, bien fatigués, dans un camp à quelques kms des lignes pour 10 jours s'il n'y a pas de changement d'ici-là. Maintenant pour le retard que j'avais pour ma perme, je n'ai pas encore de nouveau, peut-être que cela passera comme ça. Maintenant si vous veniez à être quelques temps sans recevoir de mes nouvelles, il ne faudrait pas trouver le temps long car nous pouvons être appelés d'un instant à l'autre en ligne car nous craignons une attaque des Boches." (lettre à sa soeur du 21/02/1918, à Massiges)

Evacué malade du 7 août au 21 août 1918

Citation du 24/10/1918 :

"Soldat à la 6e Cie Fusilier-mitrailleur très courageux ; au cours de la progression de la Vesle à l'Aisne, a par l'utilisation intelligente de son arme spéciale, permis à plusieurs reprises de neutraliser les tirs des mitrailleuses légères ennemies."

Croix de guerre avec étoile de bronze

Nommé Caporal le 21 février 1919

Marié le 14 octobre 1922 avec Henriette Marguerite Papiot à Mery-sur-Cher

Remarié en 1938 à Reuilly : un fils et une fille

Décédé à Vierzon le 12 août 1981 à l'âge de 85 ans.

(Avec l'aimable autorisation de Jacques Bessemoulin, son fils)

 

 

Georges AUBRUN 95e RI

St Amand Montrond, CHER

Plaque trouvée par Albert Varoquier, sur un lieu de cantonnement du régiment quand celui-ci combattait à la Main de Massiges en 1917.

Avec l'aide de la Mairie de St Amand Montrond, Annie a retrouvé ses PETITS-ENFANTS.

"Me voilà enrichie de souvenirs que je transmettrais à mes enfants et petits-enfants."

"C est un plaisir de revivre un passage très important dans la vie de mon grand père Georges Aubrun. 
Enfant, j ai eu connaissance sur cette période  mais rien de plus, l histoire est très intéressante. Merci 
Grâce à vous et votre équipe passionnée, nous possédons des éléments écrits et documents  complets de Georges Aubrun pendant la guerre.
Enfants, petits-enfants et cousins seront informés".
(Mireille Doisne, sa petite-fille)

Né le 06/09/1886, fils de Silvain et de Catherine Begassat

Classe 1906, matricule 1434 au recrutement de BOURGES

A épousé le 01/08/1912 Agathe Moreau ; un fils, Roger

Blessé le 19/10/1914 à Cuinchy : "plaie main gauche par balles"

Blessé le 05/11/1915 à Perthes : "plaie région temporale gauche et plaie région nasale".

De Juin 1917 à Juillet 1918, son régiment se bat à la Main de Massiges.

Le 10/08/1918 intoxiqué par gaz ennemie dans les tranchées de 1ère ligne

Sa médaille militaire

Décédé le 28/09/1975 à St Amand

(Avec l'aimable autorisation de Mireille Doisne)

 

 

René VAUCHEL 95e RI

Parc-d'Anxot, SEINE-INFERIEURE

(plaque trouvée par le père de Thérèse Mathieu)

Grâce à Annie, son FILS a été retrouvé!

Né le 03/06/1897, de feu Alexandre Henri et de feue Marie-Adèle Lecacheur, 8 frères et soeurs ; classe 1913, matricule 1234 au recrutement de Rouen Nord.

1,72 m ; cheveux brun, yeux gris-vert.

Profession : employé de commerce puis voyageur de commerce

Arrivé au Corps le 11/01/1916, Caporal fourrier le 16/09/1917

Passé au 95e ri le 25 ? 1917.

De Juin 1917 à Juillet 1918, son régiment se bat à la Main de Massiges.

Nommé sergent fourrier le 30/08/1918

Marié le 23/12/1919 avec Yvonne Mérimée à Bourg-Achard

Décédé à Marbeuf le 27/03/1966 à l'âge de 68 ans

"Par respect pour le soldat qu'a été son père et tous les autres qui se sont battus pour la France et pour ceux qui ont donné leur vie", son fils accepte la plaque.

 

 

Jean CHAPUT 95e RI

Bussy, CHER

Plaque trouvée par Albert Varoquier, sur un lieu de cantonnement du régiment quand celui-ci combattait à la Main de Massiges en 1917.

Avec l'aide de Mr René Gevaert, Annie a retrouvé son PETIT-FILS : il l'accueillera avec une immense joie et une très grande émotion.

Né le 01/04/1890, fils naturel de feue Anne Chaput (avait un tuteur)

Classe 1910, matricule 1621 au recrutement de Bourges

1,64 m ; cheveux chatain et yeux gris

Profession : manoeuvre spécialisé

A épousé en 1914 Louise CHARVY : ils ont eu 3 filles et 1 fils

 

Arrivé au 95e ri le 03/08/1914

Blessé et évacué le 20/08/1914 à Sarrebourg - contusion épaule droite par éclat d'obus, retour aux Armées le 10/10/1914

Evacué pour fièvre typhoide le 11/12/1914, retour aux Armées le 24/06/1916

Blessé le 02/02/1917 au Four de Paris à la main gauche par balle (soigné au poste de secours), entrée ambulance 1/8 de Villers Dancourt du 26/03 au 06/04/1917.

De Juin 1917 à Juillet 1918, son régiment se bat à la Main de Massiges.

Evacué malade le 18/08/1918

Citation :

"Bon soldat, brave et courageux. S'est distingué à plusieurs reprises. Blessé 2 fois"
Croix de Guerre Etoile de Bronze. Médaille Militaire

Décédé en 1954 à Bourges

 

 

Louis GIRARD 95e RI, 2e Cie

Augy-sur-Aubois, CHER

Cette plaque a été trouvée par notre doyen Albert Varoquier quand le régiment combattait en 1915 à la Main de Massiges.

Avec l'aide de Mme Mangel Présidente du Souvenir Français de Nevers, Annie a retrouvé son PETIT-FILS plus qu'ému au téléphone, pour lui un des plus beaux cadeaux qu'il ait jamais eu à Noël : il a connu son grand-père qui était un homme malade et que sa grand-mère plus jeune a soigné jusqu'à la fin. Il a souffert de terribles séquelles de blessures de guerre.
Son grand-père lui avait dit que des soldats blessés appelaient leurs mères dans d'horribles cris.
 
Né le 23/10/1894, fils de Jean et de Marie Gouleau ; Classe 1914, matricule 780 au recrutement de Bourges.
1,61m, cheveux noirs, yeux bleu foncé
Profession : cultivateur, chauffeur d'auto.

Passé en renfort à la 2e Cie du 95e ri le 12/04/1915

Promu Caporal le 10/08/1916

Blessé évacué le 19/10/1916 à Haussonville (54) par plaie au thorax ; rentré au dépôt le 22/12/1916

De Juin à Décembre 1917, son régiment se bat à la Main de Massiges.

Passé au 236e ri le 30/10/1917

Promu Sergent le 15/08/1918

Hospitalisé du 30/09/1918 au 25/11/1918 ; en convalescence du 24/04/1919 au 19/06/1919

Marié en 1922 à Marthe Marcus : un fils Jean

Invalidité de 40% avec pension pour : "surdité totale de l'oreille droite ; cicatrice de la région temporale et de la région mastoïdienne droite, avec vertiges par lésions Labyrinthiques.
Marche hésitante, tendance à la chute aprés quelques mètres.
Névralgie faciale droite avec céphalées permanentes, séquelles d'ictus avec hémiplégie en novembre 1953 et d'un état comateux en mars 1954, troubles de la parole".

Médaille Militaire

"Merci vraiment merci pour cette médaille qui me touche droit au cœur". (Serge GIRARD, son petit-fils)

(Avec son aimable autorisation)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à LA MAIN DE MASSIGES le 27/10/1917

Justin MONTAGNIER, 32 ans

Prades, LOZERE

95e RI, 10e Cie

Né le 03/08/1885, fils de Jean et de Victoire Méjean ; son frère Jean Baptiste, soldat du 142e RI, est porté disparu Mort Pour La France à St Eloi (Belgique) le 24/12/1914.

Classe 1905, matricule 1532 au recrutement de Mende.

1,62 m ; cheveux bruns et yeux noirs

Profession : cultivateur

Citation du 24/10/1916 : "soldat d'un très grand courage. Faisant partie d'une corvée malgré le très violent tir de barrage, n'a pas hésité à rester sous les bombardements pour donner les premiers soins à des camarades grièvement blessés faisant abstraction de sa sauvegarde personnelle. Croix de guerre"

Son régiment combat de Juin 1917 à Juillet 1918 à la Main de Massiges.

Photo -devenue fantomatique avec le temps- de sa section au repos à Valmy, envoyée en 1917 à sa soeur Marie

 

JMO du 27/10/1917 : son ultime combat

Citation :

Justin repose à la Nécropole nationale de Saint Ménéhould, tombe n°342

(Avec l'aimable autorisation d' Anne-Marie Perronnet, sa petite-nièce)

 

 

Alexandre BATISSE 95e RI
Voussac, ALLIER

Plaque trouvée par Albert Varoquier, sur un lieu de cantonnement du régiment quand celui-ci combattait à la Main de Massiges en 1917.

Retrouvé ! Son PETIT-FILS, doublement touché car son autre grand-père du côté paternel est Mort Pour La France le 06/10/1915 à...la Main de Massiges !!! Donc ce sont ses 2 grands-pères qui vont rejoindre la Mémoire de la Main. Il y a 30 ans, il avait écrit au Maire de Massiges car il recherchait la sépulture de son grand-père pour s'y rendre. Malheureusement, aucun lieu de sépulture n'avait été retrouvé.

Né le 20/01/1884, fils de Barthélemy et de Marie Touzin ; classe 1904, matricule 128 au recrutement de Montluçon.
Profession : Cultivateur
1,69m, cheveux noirs, yeux bruns
A épousé Anais Darson : 1 fille Andrée


Arrivé au corps le 04/08/1914, passé au 95e ri
Evacué blessé le 09/04/1915 à La Louvrière pour "plaie légère du cuir chevelu par éclats d'obus."

Evacué malade le 13/04/1917 pour "Amaigrissement, mauvais état général, congestion pleuro-pulmonaire des sommets." Rentré au dépôt le 26/10/1917

Son régiment se bat depuis Juin 1917 jusqu'à Juillet 1918 à la Main de Massiges.


Invalidité de 45% le 28/08/1925 pour "myocardite chronique, tachycardie ,sclérose bi-latérale des sommets."
Décédé le 03/11/1926 à Saint-Bonnet de Four.

 

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Février-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Fin Décembre 1915 : Ville-sur-Tourbe / Janvier-Avril 1916 : Mont Têtu

Juin-Septembre 1916 : Main de MASSIGES

Octobre 1918 : Tahure

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Combats de PERTHES-LES-HURLUS et MASSIGES en 1915 et 1916

Clotaire MONCEAU, MPLF le 31/07/1917 à 29 ans

Givraines, LOIRET

Adjudant au 101e RI, 2e Cie des mitrailleuses

Né le 18/08/1887, fils de Jules Monceau (cultivateur) et de Louise Rousseau ; une soeur

Classe 1907, matricule 1463 au recrutement de Dreux

ENGAGE VOLONTAIRE pour 3 ans le 14/09/1906 au 131e RI

Profession : instituteur comme son épouse à Dreux (Eure et Loir)

Marié à Marthe Leroy le 30/08/1910 à Pithiviers ; 2 enfants, Jean né en 1912 et René

Rappelé au 101e RI le 02/08/1914

"Je me suis déjà fait quelques amis - un instituteur en Marne -région de Reims - un avocat - le frère d'un de mes élèves de Dreux - Hamelin - un de Garney"

"Tout soldat doit manier l'outil aussi bien que le fusil" (Joffre)

Evacué pour maladie le 06/11/1914, rentré au dépot le 01/03/1915, il rejoint son régiment.

25 février 1915 au 22 mars 1915 : secteur de Perthes les Hurlus

Le 18/03/1915, l'Artillerie ennemie tire sans cesse sur les tranchées et le village de Perthes. Fusillade assez vive pendant toute la journée.

"Perthes, c'est ce que j'ai vu de mieux, depuis Champien, comme dévastation." (Colonel Lebaud)

Le 19/03/1915, il y a une grande activité allemande. Leurs positions sont fortement organisées et occupées. Un canon de 77 est repéré dans le Bois Triangulaire. L' Artillerie française tire trop court et blesse ou tue des Hommes dans les tranchées françaises. L' Artillerie ennemie concentre son tir sur les tranchées qui sont proches de la route de Tahure. (JMO du 101e RI)

Clotaire Monceau et sa marraine de guerre

"7983 hommes de troupe (101e RI) ont figuré dans nos rangs, il en reste 2902, à l'heure actuelle ; ce qui donne un chiffre de 5081 disparus, tués, blessés, évacués pour maladie, prisonniers." (Colonel Lebaud, le 31/03/1915)

Le 12/05/1915 : le Colonel Lebaud mentionne : "qu'il devient courant de faire passer, dans l'infanterie, par mesure disciplinaire, tous les mauvais soldats des autres Armes. Est-ce un Honneur ou une disgrâce de servir dans l'Armée la plus exposée?"

Le 15/05/1915 : Trêve pour laisser enterrer les Morts français car une trentaine de cadavres pourrissaient depuis le 21/10/1914 ; échange de journaux, également.

Le 21/05/1915, l'ennemi a commencé à faire usage de balles perforantes dont la partie centrale est en acier et la partie externe en maillechort.

Le 02/06/1915, un Allemand a lancé un paquet contenant la gazette des Ardennes n°14

Clotaire Monceau passe Caporal le 24/06/1915

Détaché au centre d'élèves aspirants de Saint Maixent le 25/08/1915, il rejoint son régiment le 01/01/1916.

3 décembre 1915 au 7 avril 1916 : Secteur de Massiges, Main de Massiges (Cratère, Médius, Verrue, Mont Têtu)

Passé Sergent le 20/12/1915

En photos, une mitrailleuse Hotchkiss et une mitrailleuse St Etienne (" Attention les boches débouchent du boqueteau et dévalent les pentes du Mont A...En souvenir d'une attaque mémorable et glorieuse")

"Souvenir de la Campagne 1914-1915-1916, le lendemain du bombardement du 10 janvier. Pour ma petite femme et pour mes deux chers petits". Clotaire Monceau en 1917, décoré de sa croix de guerre.

Du 05/02 au 02/04/1916, l'Artillerie allemande et française sont très actives. Tirs de réglage (Mont Têtu, Oreille, Massiges) ; vifs combats à la grenade le 14 mars. Lors d'accalmie, des travaux divers du secteur sont effectués, construction de quelques éléments de tranchées pour améliorer la liaison entre la Verrue et l'Index.

8 avril 1916 au 26 avril 1916 : Secteur de Ville-sur-Tourbe

"Aux Armées 13/04/1916. L''Etat Major se rendant compte de l'alimentation de la troupe" (cantonnement à Berzieux)

Du 15/05/1916 eu 15/06/1916, le 101e RI participe à la Bataille de Verdun

Citation du 26/06/1916 : "Très bon chef de section : s'est acquitté de ses fonctions avec beaucoup de courage et d'énergie ; a conduit ses hommes en renfort sous un violent bombardement et a contribué ainsi à repousser de violentes attaques ennemies." (à Verdun)

Médaille de Verdun

Retour en Champagne dès le 15/06/1916

28 juin 1916 au 24 septembre 1916 : Secteur de Massiges, Main de Massiges

Le 04/07/1916, le Régiment vient occuper le sous-secteur de Massiges (Arbre aux Vaches et Pruneau).

"Aux Armées 9 juillet 1916" et "Souvenir du 14 juillet 1916. Section Girard. 2e Cie des Mitrailleuses" (Clotaire cantonne à Maffrécourt)

Du 5 au 23 juillet 1916, journées calmes, échanges de grenades, tirs de concentration française, quelques obus de 150 et de minenwerfers venant de l'Entonnoir de l'Ouest. Le 21 juillet, l'aviation allemande est active dans les secteurs.

Du 16/08/1916 au 25/09/1916, le 101e RI s'installe aux emplacements prévus (Noyer, Tombes, Valet, demi-lune, Fer de Lance, Verrue) et répare les tranchées et boyaux.

Journées calmes, entretien du secteur, grenades, tirs de 58 et ripostes par Minenwerfers, bombes à ailettes, tirs intenses sur les batteries de la vallée de la Tourbe ; coups de canons, tirs de Minenwerfers, riposte de 58 et de 75.

Citation du 22/06/1917 : " Excellent Sous-Officier mitrailleur ; a été cité pour sa belle conduite à Verdun le 27 mai 1917 dans des circonstances difficiles, a montré beaucoup de courage et de sang-froid facilitant ainsi la tâche du Chef de Section. N'a échappé que grâce à son courage et à sa volonté."

Croix de Guerre avec deux étoiles de bronze

Promu Adjudant le 08/07/1917

Le 31/07/1917, secteur du Mont Cornillet à Villers Marmery : "pendant la nuit du 30 au 31 juillet vers 23h, un fort coup de main est tenté par les Allemands , repoussé victorieusement par les 5e et 7e Cies. Nous avons 10 tués, 29 blessés et 2 disparus". Parmi les 10 victimes, figure Clotaire Monceau tué aux avants-postes de sa section avec plusieurs de ses hommes.

Citation du 17/08/1917 : "Excellent Sous-Officier Mitrailleur, déjà cité deux fois pour sa conduite à Verdun en 1916 et dans les affaires des 27 et 28 mai 1917. Lors du coup de main ennemi du 31 juillet 1917, l'ennemi ayant déclenché subitement un bombardement très violent de minenwerfers et d'artillerie, s'est porté le premier aux positions de tir de sa section, avant même que le barrage ait été demandé par les premières lignes ; a été tué auprès de ses pièces avec plusieurs hommes de sa section, au bout de quelques minutes de tir."

Tombe provisoire de Clotaire Monceau à Wez (Champagne) et le grain de la moisson

Fin 1920, l'Etat autorise enfin les familles qui le souhaitent à rapatrier le corps de leur soldat. 30% d'entre elles choisissent de le faire. Clotaire Monceau est ré-inhumé dans le cimetière de son village natal, à Givraines.

"Fantassin, tu as défendu chaque pouce de terre, au sacrifice de ta vie pour "tes deux chers petits" et pour l'Alsace et la Lorraine. Nous n'avons jamais oublié. En effet, ton souvenir a toujours été présent , lorsque ton épouse, Marthe, terminait chaque repas par "encore un que les Prussiens n'auront pas". C'était sa façon , à elle de te faire vivre à notre table, parmi nous, au quotidien, elle qui fut bercée dans son enfance, par les souvenirs de la Guerre de 1870, racontée par ses parents, elle qui connut la Grande Guerre et ton départ, elle qui vit partir, lors de la 2e Guerre Mondiale, ses deux fils Jean et René, Pupilles de la Nation. Et puis, heureusement, est venue la Réconciliation avec l'Allemagne, pour la Paix de l'Europe. Les habitants de Givraines, où tu es né, ne t'oublient pas. Ils honorent ta Mémoire et celle des 17 autres enfants du pays, chaque 11 Novembre". (Mme Claudine Monceau, petite-fille de Clotaire, et fille de Jean)

(Avec son aimable autorisation. Mme Monceau a réalisé un exceptionnel travail de mémoire. Elle s'est rendue à Massiges avec son époux en 2017)

"Les Peuples cessent de vivre quand ils cessent de se souvenir" (Maréchal Foch)

 

 

Ces extraits des mémoires de Georges Polvé sont tirées d'un cahier édité par la Société Archéologique d'Eure et Loir : "Journal d'un musicien brancardier de Nogent-le-Roi (1914-1918)"

Combats de MASSIGES du 19/07/1916 au 03/10/1916

Georges POLVE

Nogent-le-Roi, EURE-ET-LOIR

musicien-brancardier au 101e RI

Avec son épouse

Né le 07/05/ 1892, fils d' Eugène et de Eugénie Champagne ; classe 1912, matricule 671 au recrutement de Dreux.

1,68 m ; cheveux châtain foncé, yeux marron foncé, menton saillant à fossettes

Profession : jardinier

Incorporé au 101e RI à compter du 09/10/1913 ; musicien (clarinettiste) le 03/08/1914

Aux Armées le 07/08/1914 ; passé dans la réserve de l'armée active le 01/10/1915

Blessé évacué le 03/06/1916 au Fort de Tavannes "contusions multiples". Rejoint le 10/07/1917

Evacué malade le 25/10/1917. Rejoint le 17/12/1917

Citation : "Brancardier remarquablement courageux et dévoué s'est particulièrement distingué le 15 juillet 1918 au transport avec les blessés d'un P.S avancé (poste de secours) dans des conditions pénibles et sous de violents bombardements ; s'était déjà fait remarquer au coup de main du 13/07/1918".

Croix de Guerre Etoile de bronze

Evacué malade le 12/01/1919 ; évacué intérieur le 02/02/1919

Mercredi 19 juillet. Répétition dans la matinée. Préparatifs de départ le tantôt. Le régiment remonte aux tranchées relever le 124 avec 12 musiciens dont je suis du nombre. Nous partons à 21 h passons à Courtémont et arrivons sans encombre à Virginy où nous trouvons des dortoirs assez bien aménagés. Le secteur est très calme. Il est minuit. Le temps est beau.

Jeudi 20 juillet. Le calme étant complet, je me balade dans le pays qui n’est plus qu’un amas de ruines sur lesquelles de grandes herbes, des fleurs de toutes sortes ont poussé : coquelicots, bleuets, pâquerettes, quelques roses dans ce qui anciennement était des jardins. Ils se confondent l’un dans l’autre et quoi qu’ayant un aspect sauvage, donnent une certaine gaieté à ce qui reste de ce village complètement dévasté. De l’église, il ne reste que quelques murs qui menacent de s’effondrer. La cloche qui, par extraordinaire a été épargnée dans sa chute, sert à avertir une attaque au gaz le cas échéant.

Quelques arbres fruitiers nous fournissent un dessert assorti qui, ajouté aux champignons et au cresson que nous trouvons, améliore sensiblement notre ordinaire. On voit que le secteur est calme depuis longtemps car les boyaux sont en parfait état et ont un coup d’œil pittoresque, étant enguirlandés de chaque côté de liserons et de fleurs des champs. Ce n’est plus le bouleversement de terrain, les arbres arrachés du secteur de Verdun. Dans l’après-midi, nous déchargeons et mettons en place dans une soute à munitions 200 torpilles pendant que trois autres s’occupent du ravitaillement en eau des postes de commandement. En un mot, nous ne sommes pas trop malheureux dans ce secteur.

21 juillet, vendredi. La journée est toujours très calme quoi que n’étant qu’à 2 k des boches. Pas un obus sur Virginy. Dans l’après-midi nous allons chercher deux blessés dans un poste d’écoute. Ravitaillement en eau comme la veille. Samedi 22 juillet. Toujours la vie pas trop malheureuse et le même calme à 2 km seulement des Boches. À la tombée de la nuit, nous partons en corvée pour porter des madriers, des planches et des sacs à terre à une batterie de crapouillots entre notre première et notre seconde ligne de tranchée. Nous partons à 21 h et arrivés au PC il nous est impossible de passer par-dessus la plaine les boyaux avec des madriers de 5 m. Nous attendons donc qu’il fasse plus noir pour couper par la plaine, ce que nous faisons une demi-heure plus tard pour arriver sans encombre à notre but. Quelques fusées éclairantes nous obligent à faire plusieurs plat-ventre. Plusieurs bombes à fusils inondent la nuit de gerbes d’étincelles et c’est tout. Nous retournons à Virginy sans même avoir entendu un coup de canon.

Dimanche 23 juillet. Nous devons être relevés le soir par les autres musiciens restés à Maffrécourt. Le matin, nous allons chercher un blessé au poste Pruneaux (Poste d’accueil des victimes de pruneaux, projectiles destinés aux mortiers) et dans l’après-midi, nous chargeons trois wagons de torpilles qui doivent aller à Ville-sur-Tourbe dans la nuit. Nous sommes relevés à 23 h et nous nous mettons en route pour Maffrécourt où nous arrivons sans encombre à 21 h 30.

Lundi 24 juillet. Journée de repos.

Mardi 25 juillet. Répétition. Le régiment appuie sur la droite et prend le secteur de Ville-sur-Tourbe et par ce fait, tous les musiciens qui sont à Virginy reviennent à Maffrécourt sauf trois qui restent pour le ravitaillement en eau des postes de commandement.

Mercredi 26, jeudi 27, vendredi 28 juillet. Répétition. Maffrécourt.

Samedi 29 juillet. Remise de croix de guerre. Dimanche 30, lundi 31 juillet. Répétition.

Du mardi 1er août au lundi 14 août. Répétition. Mardi 15 août. Répétition, concert. Nous partons à 21 h pour aller cantonner à Dommartin sous Hans. Mercredi 16 août. Journée à Dommartin.

Jeudi 17 août. Nous quittons Dommartin à 18 heures avec les pionniers, passons à Courtémont puis, en vue de Minaucourt et après une marche d’environ 4 heures sous une pluie battante nous arrivons à la « Demi-Lune » gauche de la Main de Massiges. Nous relevons les musiciens du 104. La relève du régiment s’effectue dans de bonnes conditions. Nous sommes logés dans une galerie boisée, creusée sous la colline. Nous sommes donc en sécurité sous 10 à 12 cm de terre qui nous recouvrent. Les couchettes sont installées de chaque côté de la galerie. Un dépôt de matériel amené par un decauville est en face.

Vendredi 18 août. Cinq musiciens vont comme brancardiers au poste de secours de première ligne, deux autres s’occupent du ravitaillement du colonel. Alleaume et moi sommes désignés pour aller au dépôt de matériel, notre travail consiste à charger et décharger les wagonnets, préparer le matériel demandé par les compagnies, et qui est monté par les autres musiciens. Nous rangeons le dépôt…

Samedi 19 août. Nous nous livrons aux mêmes travaux que la veille. Nous sommes relativement tranquilles dans l’accomplissement de notre travail mais les premières lignes sont assez agitées par les minen (projectiles lancés par le Minenwerfer, mortier de tranchée allemand (équivalent français, Crapouillot).

Dimanche 20 août. Même occupation.

Lundi 21 août. Même travail.

Mardi 22 août. Même travail. Un violent bombardement dans la nuit sur nos premières lignes reste sans résultat. Mercredi 23 août. Mêmes occupations. Nous sommes relevés le soir par les musiciens du 124. Nous partons à 22 heures, traversons les ruines de Minaucourt puis celles de Wargemoulin pour arriver au camp Bravard, à 1 km de Hans. Nous cantonnons dans le baraquement de la musique du 124.

Vendredi Jeudi 24 août. Repos. Vendredi 25 et samedi 26 août. Répétition. Dimanche 27 août. Répétition. Concert.

Lundi 28 août. Repos. Mardi 29 et mercredi 30 août. Répétition. Jeudi 31 août. Répétition. Concert.

Vendredi 1er septembre. Préparatifs de départ. Nous quittons le camp à 20 heures, passons de nouveau à Wargermoulin puis Minaucourt et regagnons nos anciens cantonnements à la Demi-Lune.

Samedi 2 septembre. Deux équipes partent l’une au poste de secours du Noyer, l’autre au poste de Laffaut. Je suis employé avec un autre camarade au ravitaillement du colonel. La journée est assez calme mais, dans la soirée, un violent bombardement se déclenche et dure une heure environ. Les tirs des mitrailleuses et la canonnade sont très nourris. Toutes les équipes marchent et ramènent trois morts et plusieurs blessés. Résultat néant.

Dimanche 3 septembre. La journée est calme, plusieurs musiciens creusent des fosses et inhument les morts de la veille. Je suis toujours affecté au ravitaillement du colonel.

Lundi 4 septembre. Mêmes occupations. Journées très calmes. Mardi 5 septembre. Même travail.

Mercredi 6 septembre. Toujours dans les mêmes conditions.

Jeudi 7 septembre. Sommes relevés le lendemain.

Vendredi 8 septembre. Toute la musique est relevée par celle du 124 et part de la Demi-Lune à 21 h. Avec un camarade je vais déménager la cuisine du colonel que nous chargeons sur un Decauville puis nous partons et passons par le chemin de rondins pour raccourcir notre chemin. Quelques marmites éclatent à proximité du chemin mais sans faire de dégâts. Nous rattrapons les autres à la sortie de Minaucourt. Nous cantonnons à Hans où nous arrivons à 1 h du matin.

Samedi 9 septembre. Repos.

Dimanche 10 septembre. Nous changeons de cantonnement et aménageons ce dernier. Du lundi 11 au samedi 16 septembre. Répétition.

Dimanche 17 septembre. Nous quittons Hans à 19 h. Passons à Minaucourt puis à la cote 180 que nous traversons par un boyau qui, au bas de cette cote est construit à ras du sol avec des gabions remplis de terre. Le terrain étant très marécageux, l’eau est à fleur de terre et même inonde les caillebotis. Nous arrivons à l’index de la Main de Massiges. Nous relevons le 124 et cantonnons dans des abris peu solides. Nous passons une nuit tranquille.

Lundi 18 septembre. Il pleut. Alleaume et moi sommes employés à convoyer les Decauville qui desservent les différentes gares ou dépôts de matériel du secteur. Nous partons donc dans l’après-midi à la cote 180 où est le grand dépôt du secteur pour nous mettre au courant de notre travail de la nuit. Nous revenons ensuite, ayant eu les instructions nécessaires, pour souper, et retournons à 18 h au même endroit. La pluie et le vent ne cessent pas. Nous prenons connaissance des wagons destinés au régiment et attendons le départ des trains. Le premier emmène les wagons qui doivent aller au Col des Abeilles, le second, celui du Bois Valet, c’est celui que je convoie. J’arrive au Bois Valet, donne livraison au caporal qui en est chargé et je reviens, complètement traversé, à notre cagna (abri militaire de tranchée) où j’allume du feu en attendant Alleaume qui convoie le train qui va à la Demi-Lune.

Mardi 19 septembre. Nous allumons du feu le matin pour faire sécher nos effets. Le soir, même travail que la veille mais dans de meilleures conditions, le temps étant plus favorable.

Mercredi 20 septembre. La journée est en général agitée. Nous faisons toujours le truc de convoyeur dans de bonnes conditions.

Jeudi 21 septembre. Toujours le même travail nocturne et pas trop rassurés cette fois car les Boches bombardent la voie du Decauville sans résultat mais…

Vendredi 22 septembre. Belle journée calme. La soirée et une partie de la nuit se passent comme d’habitude.

Samedi 23 septembre. Travail habituel dans mon occupation de convoyeur.

Dimanche 24 septembre. La journée se passe plus mouvementée qu’à l’habitude. L’aviation est en particulier très active. Le soir, nous allons dans les conditions habituelles à la cote 180 mais en allant au dépôt de matériel du Pouce, deux marmites éclatent à quelques mètres seulement de moi, ayant entendu le sifflement à l’avance, j’ai eu le temps de me préserver des éclats en faisant un plat ventre dans un des fossés qui bordent la voie de 0 m 60. Le reste de la nuit se passe normalement.

Lundi 25 septembre. La journée est assez calme. Duels intermittents entre avions. Nous nous rendons à la cote 180 pour convoyer nos wagons ce qui est terminé à 21 heures. La musique étant partie à notre retour, nous nous mettons en route et trouvons, à l’entrée de Minaucourt, l’occasion de monter sur une cuisine roulante qui se rend à Hans. Nous arrivons de ce fait en même temps que les autres et trouvons notre ancien cantonnement.

Mardi 26 septembre. Matinée de repos. Après-midi, concert à Valmy oh !!! Le beau concert !!!

Du mercredi 27 au samedi 30 septembre. Répétition. Dimanche 1er octobre. Remise de décorations. Répétition. Concert. Le soir, nous allons à une réception d’officiers russes à la maison du colonel où nous poirotons 2 heures. Après avoir joué les hymnes nationaux à leur arrivée nous retournons à notre cantonnement où nous rencontrons deux ordonnances qui viennent casser la croûte avec nous. L’un est de Kiev (Ukraine), l’autre d’Arkangelsk (port du nord de la Russie - Georges Polvé est informé de la présence de deux brigades russes sur le front de Champagne). Avec quelques paroles de français qu’ils connaissent nous arrivons non sans difficulté à nous comprendre.

Lundi 2 octobre. Répétition. Le soir, nous retournons à un lunch offert aux mêmes officiers et faisons un petit concert.

Mardi 3 octobre. Nous quittons Hans dans la soirée pour aller cantonner à Somme-Bionne.

 

(Avec l'aimable autorisation de la Société Archéologique d'Eure et Loir et sur la recommandation de Jean-Pierre LEGRAND à qui nous adressons également tous nos remerciements ; petit-fils de Maurice Legrand, soldat au 23e RIC, il est l' auteur du livre consacré à son grand-père "Votre fils qui vous aime" et édité par la même société)

 

 

Lucien RIBOT

Melleray, SARTHE

Soldat de 1ère Classe du 101e RI

Né le 29/01/1896 à Melleray

De la classe 1916, Lucien est incorporé le 08/04/1915 au 101e ri.

3 Xbre 1915 : "Nous sommes bien arrivés il fait un temps affreux, de l'eau"

Affecté à Massiges, et en juin 1916 en renfort à Verdun où le régiment se distingue au Fort de Vaux ; après quelques semaines de repos, retour en Champagne dans les tranchées, à droite de la Main de Massiges (...) Maisons de Champagne "secteur à torpilles ; transport torpilles dans des sacs de terre à dos d'hommes" (Lucien Ribot), côte 202 etc.jusqu'au mois d'avril 1917.

"Dans ce secteur 1er coup de main à Ville sur Tourbe face à Massiges, juin 1917 (?), trois prisonniers boches (sergent Lelu), notre cantonnement de repos à Courtemont."

"2ème coup de main boche en ligne, ravin des Noyers, les 2 lignes à 20 et 30 mètres, déluge de torpilles, un enfer."

Le 31/05/1917 : "nuit où un obus 75 de chez nous est tombé dans la tranchée tuant 15 des nôtres et 7 blessés; le coup de main de ce fait n'a pu avoir lieu"

Le 05/06/1917 ( au Téton, massif de Moronvilliers en Champagne) "Je fus enterré par deux obus marmites d'où un camarade me retira".

"Tout en restant en ligne pendant 40 jours avec des alternatives de 1ère et 2ème ligne par suite de la défection de plusieurs régiments qui refusèrent de monter en lignes, quelques jours après les allemands nous bombardèrent avec obus à gaz (et percutants afin de nous tromper) si bien que la moitié de la compagnie en fut victime ; j'étais du nombre et à la descente des tranchées je fus évacué à l'hôpital canadien de Troyes spécialisé pour le traitement des gazés ; après deux mois passés en soins j'obtiens une convalescence de 15 jours

Le 15/06/1917, Lucien RIBOT est intoxiqué par les gaz, évacué du Téton.

Sur une carte postale de l'église ruinée de Virginy (2km au sud de Massiges), Lucien Ribot annote le 17 juin 1917 "l'année dernière j'ai pris les tranchées à 2km face à cette église".

Le 13/07/1918, il est blessé par un éclat d'obus :

"dans un bombardement qui devait me coûter la vie si je n'avais eu un petit livre de messe dans ma poche, dans lequel s'incrusta un éclat qui sans lui m'aurait traversé le ventre et par suite sans doute la mort. Evacué à nouveau, marchant avec des béquilles, ma convalescence se termina le jour de l' armistice 1918 où je rejoignis à nouveau le dépôt de mon régiment et je fus démobilisé au mois d'octobre 1919 au Mans 117ème".

Citation : " très bon soldat, très courageux. Au cours d'un tir de réglage le 15 juillet 1918, et malgré un violent bombardement, a servi sa pièce avec le plus grand calme. Grièvement blessé, a fait preuve de beaucoup d'énergie"

Pension 10% pour "séquelles d'intoxication par gaz. Se plaint de bronchites fréquentes et d'hémoptysies" et "blessure de la cuisse gauche. Cicatrice adhérente légère amyotrophie"

Des années après, Lucien RIBOT témoigne :

"Peut-être ces souvenirs qui me sont bien sûr personnels n'ont-ils plus cours dans la vie d'aujourd'hui, mais ils sont pour moi un gage d'une protection Divine en la personne de la petite soeur Thérèse de l'Enfant Jésus qui m'a permis de me sortir vivant après avoir été enterré complètement par deux obus ; une autre fois celle du Sacré-Coeur dont je portais toujours sur moi le petit drapeau et un livre de messe dans lequel un éclat d'obus peut-être mortel s'est incrustré dedans sans traverser; une autre fois encore j'ai été intoxiqué par les gaz et m'en suis tiré alors que 90 de mes camarades mouraient sur 120 de ma compagnie.

Ce sont ces trois faits indépendamment de beaucoup d'autres pendant mes 32 mois de tranchées qui m'ont marqué pour toujours et pour lesquels je me dois en reconnaissance de me donner dans la mesure de mes pauvres moyens jusqu'à mon dernier souffle au service de notre Divin Maître Notre Seigneur Jésus-Christ".

Ses petits-enfant se souviennent encore de nos jours des cris qu'il poussait la nuit dans ses cauchemars. Vers l'âge de la retraite il a même dû être soigné en clinique avec des électrochocs.

Lucien RIBOT a été décoré de la Légion d'Honneur en 1981.

Il est décédé en 1987, à l'âge de 91 ans.

(Avec l'aimable autorisation de Jeannette, Jocine et Jean-Claude Jacquetin qui ont réalisé un formidable travail de mémoire familiale en partant sur les pas de Lucien Ribot le 15/03/2012. Eric Marchal les a conduits au ravin des Noyers)

 

 

MORT POUR LA FRANCE le 17/10/1918

Vincent CHOLLET 101e RI, 27ans

Boulon, CALVADOS

Vincent Chollet est né le 17 juillet 1891, à Boulon à coté de Caen où ses parents sont cultivateurs. Il est le sixième, d’une fratrie de sept enfants, et le plus jeune des cinq frères.
Quelques années avant la Grande Guerre en rendant visite à un cousin à Glos, à coté de Lisieux, il rencontre dans ce village une demoiselle dénommée Joséphine Lecojan (mon arrière grand-mère). Joséphine et Vincent se marient en juin 1912 dans une commune voisine, Saint-Jacques.

Vincent trouve alors un travail d’ouvrier électricien, très probablement dans l’usine de production d’accumulateurs électrique et d’énergie électrique localisée à Glos. En 1913, ils ont un premier enfant (mon grand-père paternel).

Mais Vincent est appelé sous les drapeaux le 15 novembre 1914 et incorporé au 119ème Régiment d’Infanterie de Lisieux. Ce régiment en 1915 participe à l’offensive d’Artois et ensuite va sur la ligne de front dans la Somme.
C’est le 21 décembre 1915 très précisément, si on en croit son registre matricule, que Vincent rejoint le 101ème régiment d’infanterie alors basé sur le secteur de la Main de Massiges (Ville-sur-Tourbe). Le 23 décembre 1915, l’arrivée de renforts à Massiges provenant du 119ème R.I. est d’ailleurs signalée dans le Journal de marche et d’opérations (J.M.O.) du 101ème.


Voici la description du secteur de la Main de Massiges dans celui-ci :
"Aspect chaotique ; le terrain formé de glaise est détrempé, glissant, boueux. Les boyaux dont de véritables fossés où l'eau arrive au-dessus du genou, les tranchées sont comblées par la vase où l'on s'enlise.
Presque pas d'abris ; ceux qui existent ont été crées par les allemands et leurs issues sont tournées vers l'ennemi (...) A l'arrière les cantonnements sont rares, les villages misérables, le paysage triste ; enfin, l'hiver est arrivé, les pluies et les chutes de neige sont fréquentes.
Pendant la période de repos, de nombreux malades, évacuations pour pieds gelés. Ces pieds gelés sont dus au séjour dans l'eau. Environ 40 à 50 cm d'eau au minimum dans les tranchées de 1ère ligne et les tranchées de soutien."

(Le régiment de Vincent sera présent à Massiges jusqu'en avril 1916)
A partir de mai 1916 le 101ème R.I. prend part comme la plupart des régiments d’infanterie à la bataille de Verdun. Vincent Chollet sort indemne de cette terrible bataille. Mais c’est le 8 décembre 1916, un mois après une permission de quelques jours, passée auprès de sa famille en Normandie, et alors qu’il a une nouvelle fois changé de régiment (81ème R.I. depuis août) qu’il est blessé en Argonne près du secteur relativement calme, dit de la Fille morte ( !!), lors d’une garde sur un « petit poste ».

Ce poste devait être particulièrement exposé, car il reçoit alors des éclats d’obus dans la jambe droite.

Il est soigné dans deux « ambulances » différentes (hôpitaux de campagne près du front) jusqu’à la fin février 1917, puis évacué vers l’hôpital de Fleury dans la Meuse.

Il est réformé en juin 1917 après examen à l’hôpital de la caserne des Tourelles à Paris, en raison de l’amputation de sa jambe droite.
Le 27 décembre 1916, il avait été cité :

"Brave soldat toujours crâne au feu. Grièvement blessé le 8 décembre 1916, étant de garde dans un poste avancé, en cherchant à se rendre compte de l'activité de l'ennemi. Amputé de la jambe droite."

On lui accorde la médaille militaire et la croix de guerre avec palme.

Extrait de 1917 du "Lexovien" retrouvé à la médiathèque de Lisieux

Après sa réforme, il retrouve à Glos son épouse Joséphine et son fils âgé de cinq ans. Il travaille un temps comme journalier agricole (avec une jambe en moins…).

Il est décédé (gangrène) le 17 octobre 1918, à Glos à son domicile sans même savoir que la guerre approchait de son dénouement... Il avait alors 27 ans.


Bien sûr avant d’entamer des recherches sur mon arrière grand-père, j’ignorais qu’il avait combattu sur le secteur de la Main de Massiges. En raison de son décès à un âge assez jeune, le récit de « sa guerre » était tombé dans l’oubli.

Deux de ses frères, sont également « Morts pour la France » durant la Grande Guerre.

Victor Chollet, soldat du 76e ri, est décédé (non loin de la Main de Massiges), le 29 septembre 1915 à l’hôpital de Valmy-Sainte-Menehould, des suites d’une blessure à la tête, reçue très probablement lors de l’ Offensive de Champagne du 25 septembre 1915.

Victor Chollet 1904-1907

François-Julien lui é été tué sur le champ de bataille de Verdun, le 23 juin 1916.
Une seule lettre de Vincent a été conservée. Celle-ci était adressée à son frère Paul (en photo), qui lui venait d’arriver sur le front, elle fut écrite à la Gare Saint-Lazare, rapidement, entre deux trains, le 4 novembre 1916, au début d’une permission :

Au verso, vue du cimetière militaire de Valmy-Sainte-Menehould où était probablement enterré leur frère Victor (en photo).

En hommage à mon arrière-grand-père.

(Avec l'aimable autorisation de son arrière-petit-fils, Olivier CHOLLET)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à PERTHES-LES-HURLUS (avant le 30/10/1916)

Sergent Henri dit Couturier EUGENE, 101e RI, 7e Cie

Prasville, EURE ET LOIR

Né le 06/11/1883, pupille de l' Assistance Publique ; classe 1903, matricule 146 au recrutement de Dreux.

Dans son dossier d'enfant abandonné, se trouvait cet émouvant poême écrit de sa main :

Profession : berger

1,58 m ; cheveux châtain, yeux gris

Caporal le 01/11/1905

Rappelé le 04/08/1914 au 101e ri

Décédé antérieurement au 30/10/1916 à ?, probablement le 26/02/1915 sur le champ de bataille au Bois Sabot de Perthes-les-Hurlus. Il a été inhumé à 1500m Ouest de Perthes (271.500-269.400)

La dernière carte envoyée par son épouse lui a été retournée le 28/03/1915 avec la mention "le destinataire n'a pu être atteint en temps utile".

Sa veuve a fait rapatrier son corps dans le cimetière de son village.

(Avec l' aimable autorisation de Marie-Claude Coulange, son arrière-petite-fille)

 

 

DISPARU MPLF à PERTHES-LES-HURLUS le 26/02/1915, retrouvé le 01/10/1915

Louis BRETON 101e RI, 22 ans

Hanches, EURE ET LOIR

Né le 25/12/1892, fils de feu Jacques et Julia Manière ; classe 1912, matricule 768 au recrutement de Dreux.

1,66 m ; cheveux châtain foncé et yeux bleu clair

Profession : commis épicier

Incorporé au 101e ri à compter du 26/11/1914

Disparu le 26/02/1915 au Trou Bricot à Perthes-Les-Hurlus, retrouvé sur le champ de bataille de Champagne (Trou Bricot) le 01/10/1915 et reconnu (d'après la plaque d'identité et autres effets dont il était détenteur)  

Effarante liste des disparus pour cette seule journée du 26/02/1915 ! (JMO du 101e ri)

Le 9 juin 2018, les enfants des Yvelines ont déposé une plaque en mémoire de Louis Breton et de 4 poilus originaires de leurs communes, tombés au champ d'honneur à Massiges. A cette occasion, Monsieur Jean-Pierre Legrand a lu avec émotion une lettre de son grand-père Maurice Legrand 23e RIC, blessé le 12/02/1915 à Massiges.

(Avec l'aimable autorisation de la Mairie de Neauphle-le-Château, de Guy Taverne et de Jean-Pierre Legrand)

 

 

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Février-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Janvier-Avril 1916 : BOIS D'HAUZY / Avril-Août 1916 : Main de MASSIGES

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Gaston VALLET 101/102e RI

Gallardon, EURE ET LOIR

(Plaque trouvée par Eric Marchal, probablement perdue en février ou Mars 1915 quand le 101e et 102e RI combattaient à Perthes-les-Hurlus)

Après de longs mois de recherche, Annie Mandrin a enfin retrouvé sa belle-fille et son petit-fils Denis, très émus car ils l'ont bien connu ; très heureux et surpris de cette restitution inespérée.

Denis Vallet et son frère allaient souvent dans la chambre de leur grand-père dont les murs étaient décorés de ses médailles et là, il leur racontait « sa guerre », ils étaient captivés par ses récits.

Gaston est né le 31/10/1894, fils de Louis et de Marie Lebrun ; 1 frère instituteur

Classe 1914, matricule 919 au recrutement de Dreux

Profession : Employé à la Direction Régionale de la Sécurité Sociale de Reims

1,69 m ; cheveux châtain clair, yeux bleu clair

Incorporé à compter du 04/09/1914, il est nommé Caporal le 07/11/1914.

Passé au 101e ri Bataillon de marche, le 04/02/1915, puis au 102e ri le 04/03/1915.

Nommé Sergent le 28/07/1916.

Blessé au quartier Arago (Marne) le 24/02/1918 : "plaies poitrine et jambes par éclats d’obus", retour au dépot le 05/07/1918.

Pension permanente de 20% en 1927 pour des "séquelles pulmonaires suite de blessure pénétrante avec cicatrice au niveau de l’angle de la 11ème côte. Cicatrice du thorax à droite et en arrière du bras droit et de la cuisse gauche sans gêne fonctionnelle. Etat général déficient avec amaigrissement".

 

Citation : "Excellent s/officier, très énergique, toujours volontaire pour les patrouilles au front depuis le début de la campagne. A été grièvement blessé en dirigeant la relève de son unité".

Croix de guerre avec Palme. Médaille militaire.

A épousé Marie Collard qui a été son infirmière pendant la guerre, ils sont allés habiter à Châlons en Champagne où leur fils Jean est né en 1921, en 1938 sentant un nouveau conflit arriver il a demandé sa mutation pour être loin du front.

Leur fils Jean a épousé Francine URBIN qu'Annie a retrouvée et qui a bien connu son beau-père.  

 

Gaston Vallet est décédé le 10/11/1967 à Orléans

(Avec l'aimable autorisation de Francine et Denis Vallet, ses belle-fille et petit-fils)

 

 

MORT POUR LA FRANCE le 17/11/1916

Jules Jean FAVRE 102e RI, 25 ans

Pralognan la Vanoise, SAVOIE

Grâce à la Mairie de cette petite station de ski, Annie a retrouvé ses NIECE et PETITE-NIECE. Cette dernière recevra avec joie cette plaque trouvée à Massiges dans les années 1980 par Eric Marchal.

Né le 01/05/1891, fils de Jules et de Marie Favre ; 2 frères (l'un est MPLF en 1914, l'autre a eu...14 enfants !) et 1 sœur. Célibataire.

1,57m, cheveux blond clair, yeux bleu clair

Profession : cultivateur.

Réformé en 1913 pour "tuberculose" ; classé service armé en 1914

Incorporé au 23e ri le 06/11/1914, passé au 102e ri le 27/03/1915

Nommé soldat de 1ère classe le 28/07/1916

Décédé devant Verdun (bois de Marne) le 17/11/1916 à 22h, par suite de ses blessures de guerre reçues sur le champ de bataille.

Inhumé dans la Nécropole Nationale de Bras-sur-Meuse, tombe n° 2927

 

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Février-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Nov.1915 : Ville-sur-Tourbe

Janvier-Août 1916 : Ville-sur-Tourbe, le Calvaire, Main de Massiges, Maison de Champagne

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DISPARU MPLF à PERTHES-LES-HURLUS le 25/02/1915

François BROUTE, 31 ans

Neauphle-le-Château, SEINE ET OISE

Blessé le 01/09/1914 à Gercourt, reparti aux Armées le 14/10/1914

 

Rédacteur : Guy Taverne

Le 9 juin 2018, les enfants des Yvelines ont déposé une plaque en mémoire de François Brouté et de 4 poilus originaires de leurs communes, tombés au champ d'honneur à Massiges. A cette occasion, Monsieur Jean-Pierre Legrand a lu avec émotion une lettre de son grand-père Maurice Legrand 23e RIC, blessé le 12/02/1915 à Massiges.

(Avec l'aimable autorisation de la Mairie de Neauphle-le-Château et de Jean-Pierre Legrand)

 

 

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Février-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Janvier-Avril 1916 : le Cratère, Ravin des Pins, Bois Valet, Maison de Champagne

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Combats secteur de MASSIGES de Janvier à Avril 1916

Charles ARSANT

Voves, EURE-ET-LOIR

Caporal au 104e RI

Né le 02/01/1895, fils d'Emile et de Marie Prévosteau ; classe 1915, matricule 643 au recrutement de Chartres.

1,69m ; cheveux noirs, yeux marron foncé

Profession : marchand de volailles

Incorporé au 104e RI à compter du 15/12/1914, nommé soldat de 1ère classe le 09/03/1915

Parti aux Armées le 20/06/1915

(En haut, le plus à gauche, vêtu d'une cape noire?)

Blessé par éclat d'obus au bras gauche et évacué le 21/09/1915 sur Ambulance 7/4 à Mourmelon le Petit.

(A l'hôpital)

Rentré au dépot le 15/12/1915 ; parti aux Armées le 27/01/1916

Son régiment combat dans le secteur de Massiges de Janvier à Avril 1916 (le Cratère, Ravin des Pins, Bois Valet, Maison de Champagne)

Citation : " Très bon soldat. Dévoué et brave sur le front depuis le 20/06/1915. A été blessé le 23/09/1915 (en fait le 21) devant Aubérive s/Suippe. Très belle conduite au cours des opérations devant Verdun de septembre à décembre 1916 et juin à août 1917."

Croix de guerre avec étoiles de bronze

Nommé Caporal le 30/01/1918

Déclaré inapte 1 mois le 18/12/1918 pour "brûlure par gaz et laryngite contractée aux armées le 02/12/1918."

Charles Arsant a ramené ce briquet, magnifique objet d'artisanat de tranchée.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Philippe Arsant, son petit-fils, en visite à Massiges en Août 2016)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à PERTHES-LES-HURLUS le 26/02/1915

Caporal Joseph Alexandre DELAUNAY, 39 ans, et son neveu Henri MARTIN (MPLF en 1916)

Champcerie, ORNE

Né le 14/09/1875, fils de François et de Marie Euphrasie Levannier ; Classe 1895, matricule 111 au recrutement d' Argentan

1,71m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : cultivateur

Nommé Caporal au 104e ri le 22/09/1898

Rappelé le 03/08/1914

Tué le 27/02/1915 à Perthes-Les-Hurlus lors de terribles combats.

Son neveu Henri MARTIN, Caporal au 104e RI, 6e Cie, a écrit ces lettres bouleversantes à ses tantes. Henri meurt le 22/03/1916 à Ste Ménéhould d'une maladie contractée en service.

? mars 1915

Mes pauvres chère tantes

Je ne sais comment commencer ma lettre ; j'ai eu une si douloureuse surprise à mon retour de l'hôpital, lorsque, bien joyeux, bien content de mon retour, espérant le revoir, car il me manquait, je m'en vais à sa Compagnie pour lui parler...Je ne le trouve pas. Je demande à ses camarades, à ses amis. L'un, en pleurant, me dit d'aller trouver Guibé d' Habloville qui était avec lui. Et Guibé m'a annoncé la si triste chose, cette mort si cruelle de mon pauvre Alexandre...Lui si bon, si doux! ...qui était réellement un père pour moi ! Lorsque j'avais un instant de liberté, ne fût-ce que cinq minutes, c'était pour aller le voir bien vite, et lui faisait de même ; mais tous ces moments d'effusion ne sont plus, hélas! la mort me l'a pris...

Ce matin, je suis allé à sa compagnie pour avoir le plus de renseignements possible, et voici ce qui m'a été dit.

Alexandre a été tué le samedi 27 février, à 2h30 de l'après-midi, exactement.

Il avait pris les tranchées le matin, et sa compagnie remplaçait la mienne. Une partie de sa compagnie montait à l'assaut, mais lui, sa section ne devait pas y aller...et alors, de l'intérieur de la tranchée, il surveillait le mouvement pour se rendre compte comment il s'opérait. A ce moment, une balle perfide, une balle explosible l'a atteint au cerveau, pénétrant au-dessus de l'oreille droite. Il est mort sans aucune souffrance, en martyr, le sourire sur les lèvres. Ses camarades, ne pouvant l'enlever en ce moment, l'ont mis sur le bord de la tranchée, en arrière d'eux.

Le fils Petit de Noirville l'a revu le lendemain, il était allongé sur le dos, les yeux ouverts, regardant le ciel, et les bras croisés sur lui, voilà ce que je sais. Je suis certain que son corps n'est pas resté exposé, et qu'il a été enterré. L'endroit au juste, je ne le saurai que d'ici quelques jours, et je vous le dirai aussitôt.

Non, mes pauvres chères tantes, le doute n'est pas possible ; je me suis bien informé : Alexandre a bien été tué le 27, à 2h1/2 du soir, par une balle au-dessus de l'oreille droite, et cela dans les tranchées.

(Je suis obligé de rayer certains mots, car ces mots donnent trop de détails sur l'endroit où nous sommes) et il a été enterré par des hommes de la 209e compagnie. Où est-ce ? je ne sais encore, mais je veux savoir et je saurai.

Hélas ! mes pauvres tantes, la vérité est ben triste pour moi à vous dire ; mais, puisque vous me la demandez, je n'ose vous tromper. car il est certain que vous saurez mieux que personne prévenir la pauvre Marie et la préparer à cette triste chose. Pauvre bien-aimé ! Lui qui était si bon ! si doux ! si obligeant ! La mort le prend au moment où il eût été le plus utile. Enfin, le bon Dieu a voulu le rappeler à lui, que sa sainte volonté soit faite. Alexandre, du haut du ciel où il est certainement, veillera sur sa famille et sur nous tous...car Alexandre était très chrétien et, ensuite, il a fait son devoir, il est mort en martyr...car que faut-il pour être martyr ? Verser son sang pour la foi...et Alexandre a versé son sang pour la patrie, pour la défense d'une cause sacrée. Maintenant, il est heureux, mais ceux qui restent, que vont-ils devenir?...Que va-t-elle devenir la pauvre Marie avec Marthe et René ? Oh ! que je la plains ! que c'est terrible la guerre ! ..

Aujourd'hui, c'est lui, demain c'est l'autre, on ne sait, on ne connaît pas l' avenir.

Je l'ai vu la dernière fois le 26, lorsque j'ai été évacué. On aurait dit qu'il prévoyait cela. A ses paroles, à ses actes on aurait cru qu'il voyait sa mort prochaine. Vous dire ce qu'il m'a dit, je ne le puis, mais si jamais le bon Dieu permet que je m'en retourne je vous dirai ce qu'il m'a dit...mais, à ce moment, je ne croyais pas que ce si grand malheur nous était réservé. Que va dire maman ? elle aussi qui l'aimait tant, qui avait confiance en lui ! Tout le monde le regrettera, car il était tant aimé de tous sans exception.

A sa Compagnie, je vois que tous ses camarades, les hommes qui étaient sous ses ordres, pleurent lorsqu'ils en parlent. Il était si juste, si obligeant ! Il aurait mieux aimé se priver de tout pour des hommes plus malheureux que lui.

Un de ses meilleurs amis est mort en même temps que lui : Pichonnier, de Menil (le Caporal Basile Pichonnier du 104e RI) Jean, en le voyant tomber s'est lancé à la charge pour le venger et a été tué aussi.

Que vous dirais-je de plus, mes pauvres tantes ? Je ne pourrais que vous répéter toutes les bontés qu'il avait pour tous et surtout pour moi. Que je suis malheureux ! Celui qui m'était si cher n'est plus ! Que vais-je devenir ! Que je suis donc malheureux !

Votre neveu Henri

Dimanche 16 mars 1915

Mes pauvres tantes,

Hélas ! oui, le malheur est bien vrai...Le pauvre, le cher Alexandre est mort ! ...mort, heureusement sans souffrances...

Oh ! oui, il était préparé ! Et maintenant, comme je vous le disais hier, et comme me l'a répété Monsieur l' Aumônier, il a obtenu la récompense qu'il méritait. Il est certainement là-haut, où il veillera sur nous, sur sa famille si affligée.

Je suis bien triste lorsque je pense qu'autrefois, il y a eu quinze jours avant-hier, j'allais encore le voir à sa compagnie et que je l'ai vu ce jour-là pour la dernière fois.

Si vous l'aviez vu ces temps derniers, avec toute sa barbe grise...il avait bien vieilli depuis quelques mois ; mais combien il ressemblait à papa Simon ! Si ce n'est que lui avait la barbe taillée, comment dirai-je, en carré du bas au lieu que papa Simon l'avait en pointe.

Comme sa figure était bonne ! et comme son regard était doux quoique profond ! Que je voudrais être dessinateur ! je vous ferais un portrait frappant de lui, car j'ai une image tellement présente à ma mémoire qu'il me semble toujours qu'il est à mes côtés...et puis rien !

Hier encore, sans y penser, j'errais comme un homme en peine, ne sachant où porter mes pas, quand, tout à coup, je m'aperçois que j'étais arrivé à sa compagnie. Oh ! alors je me suis souvenu ! Comme je suis reparti bien vite en pleurant. Que c'est triste la vie ! et bien triste est la guerre. Que sa présence m'était chère ! et que son absence me semble dure ! Il y a des moments où je ne puis croire que c'est vrai...et pourtant il faut bien se rendre à l'évidence.

Je termine, mes pauvres Tantes bien aimées, en vous embrassant bien fort, de tout mon coeur.

Votre neveu affectueux

Henri

Primo-inhumé sur le champ de bataille par ses compagnons d'arme, son corps a probablement été relevé après la guerre. En l'absence d' éléments permettant de l'identifier, il repose aujourd'hui dans l'un des ossuaires des Nécropoles militaires de la Crouée (Souain-Perthes-Les-Hurlus) ou de Suippes.

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Claude DELAUNAY, son petit-fils)

 

 

Combats de SOUAIN, Septembre 1915

Louis DELAHEGUE (grand-père de Jean-Pierre MAINSANT)

Perthes-les-Hurlus, MARNE

106e RI

Né le 20/03/1877, fils de Dosithée et de Marie Orthense Pinart ; Classe 1897, matricule 203 au recrutement de

1,67 m ; cheveux bruns et yeux gris

Profession: cultivateur

Rappelé au 106e RI le 02/08/1914

Parmi les frères d'arme de Louis Delahègue : Maurice Genevoix ("Ceux de 14") et son "frère de sang", le sous-lieutenant Robert Porchon ; Jules Terrière, natif des Hurlus qui fera partie avec Perthes-les-Hurlus, Ripont, Mesnil-les-Hurlus et Tahure, des cinq villages disparus de la Marne.

 

Extraits du Journal de Marche du 106e RI :

Substitution au képi d'une nouvelle coiffure "le casque".

24/09/1915 : La 4e Armée a pour mission de rompre le front ennemi entre Aubérive et la Butte de Souain.

25/09/1915 : Ce jour-là, au matin, le 106e qui dans la nuit a levé son bivouac pour venir se rassembler à l'ouest de Suippes, se porte en avant de la 23e brigade. La canonnade entendue depuis plusieurs jours a redoublé de violence, la bataille est engagée. L' enlèvement de la 1ère ligne ennemie par le 2e Corps Colonial s'est fait à 9h15. Le 106e franchit le ruisseau de Souain entre ce village et la ferme de Wacques, travers ensuite les anciennes tranchées françaises et allemandes et s'arrête à la nuit derrière la 23e brigade qui s'est heurtée à la deuxième ligne non entamée. On se retranche rapidement sur place.

Le mouvement est arrêté.

26/09/1915 : Nuit calme. De 13h30 à 14h15, préparation intense d'artillerie. A 14h15, déclenchement de l'attaque. Devant eux, de solides réseaux de fil de fer ennemis intacts, ne peuvent progresser.

Toute la journée, l'artillerie ennemie rispota à notre préparation par des barrages et bombardements de plus en plus violents de tout calibre, y compris du 210.

Dans la soirée, les unités engagées se fortifient sur le terrain conquis.

Les 27 et 28/09, nouvelles tentatives d'attaque, mais comme les jours précédents le réseau de fil de fer est toujours intact, et la vague s'arrête au ras, sous un feu intense de mousqueterie.

Impossible d'avancer plus loin.

Les pertes sont sérieuses, les troupes épuisées par ces 4 jours de bataille, les disponibilités en munitions fortement entamées ; les éléments eux-mêmes nous sont défavorables et la pluie tombe ajoutant à la fatigue des hommes, rendant très difficiles sur un sol détrempé les déplacements de l'artillerie et les ravitaillements. Pour toutes ces raisons, il faut renoncer à pousser plus loin notre attaque et nous contenter de créer une nouvelle ligne sur le terrain conquis.

29 et 30/09 : Nuits assez calme à calme, fusillades intermittentes. Toute la journée organisation du secteur.

01/10 : Nuit calme. A partir de 3 heures, le 106e est relevé par un régiment marocain de la 97e Brigade mixte, et vient se reformer au bivouac au N.-E. de Suippes. Ces quatre journées de combat lui ont coûté 132 tués, 528 blessés et 177 disparus.

Nouvel hiver à passer dans la tranchée, avec ses souffrances et ses fatigues, longues nuits de veille, l'oeil et l'oreille aux aguets, journées se succédant monotones, travaux et corvées souvent pénibles.

 

Louis Delahègue est blessé le 26/02/1916 : "contusions par éclat d'obus" (secteur Camp Berthelot, pont de Suippes), évacué du 27/02/1916 au 25/03/1916.

Secteur calme jusque vers la fin de mai avec des attaques de gaz, nouvelle arme perfidement forgée dans les laboratoires de la "Kultur". La plus sérieuse fut une émission de gaz chlorés dans la nuit du 19 mai.

La colère gronde chez certains soldats, Joseph Astier témoigne :

"J'ai encore écrit avant de me coucher. J'ai même été interpellé par un officier à cause que les bougies n'étaient pas étientes ; nous, on n'avait pas le droit d'avoir de la lumière après 8 h, il n'y avait que les officiers. C'est terrible d'être dans un pareil bataillon et commandé ainsi. Nos officiers sont tout à fait exigeants pour des choses qui n'ont aucun sens. Vivement la fin de ce fléau pour retrouver la liberté ! " (5 avril). " Ils " sont tellement exigeants qu'il y a "de quoi devenir anarchiste" ; "Enfin, on est pire que des forçats dans ce bataillon. Je ne sais pas si c'était pour nous rendre anarchiste plutôt que patriote car on n'avait pas une minute de repos". Le soldats ripostent en tirant au flanc : "Je n'ai pas fait grand travail, on avait touché deux bâtons de chocolat que j'ai mangés et après, je suis allé me coucher dans un coin. Je n'ai été réveillé que par le lieutenant qui est venu nous voir et nous engueuler en disant qu'on n'avait rien fait. Il ne s'était pas trompé" (7 avril)

(Roland Chabert, Printemps aux tranchées. Notes de campagne de Joseph Astier, soldat de la Grande Guerre)

Louis Delahègue passe au 279e Régiment d'Infanterie Territoriale le 06/10/1917 jusqu'à la démobilisation.

Ne pouvant regagner Perthes-les-Hurlus - village disparu à tout jamais - il s'établit à Somme-Suippes.

 

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Pierre Mainsant, son petit-fils et l'un des principaux fondateurs de l' association la Main de Massiges)

 

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Début 1915 : Bois Jumeaux, Perthes-les-Hurlus, Mesnil-les-Hurlus, Tranchées Blanches

Janvier 1917 : les Hurlus

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MORT POUR LA FRANCE à MESNIL-LES-HURLUS le 12/02/1915

Henri QUENIVET, 21 ans

Roquetoire, PAS-DE-CALAIS

Avant 1913, entre Élise et Angèle ses soeurs, avec leurs parents, et dessin d' Henri soldat

Né le 24/08/1893, fils de feu Isidore et de Denise Cordier ; classe 1913, matricule 3886 au recrutement de St Omer.

1,65 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : ouvrier agricole

Incorporé au 110e ri le 27/11/1913.

En février 1915, son régiment est engagé dans les combats de Mesnil-Les-Hurlus.

Extrait du JMO du 10/12/1915 :

Henri Quenivet fait probablement partie de ces 11 blessés : le 12/02/1915, il décède à 8 h des suites de blessures reçues sur le champ de bataille.

(Avec l'aimable autorisation de Mme Karine Leroy-Cordier, arrière petite-fille d' Élise. Le 20/05/2016, elle s'est rendue en famille à Mesnil-Les-Hurlus sur les pas de son arrière grand-oncle)


 

Victor SADY 110e RI

Noeux-les-Mines, PAS-DE-CALAIS

(le plus à droite sur les deux photos)

(Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant, probablement perdue quand son régiment combattait à Perthes-les-Hurlus en 1915, aujourd' hui village disparu)

Grâce à Annie, a été restituée à ses quatre PETITS-FILS qui l'ont bien connu.

Né le 15/06/1893, fils de Victor et de Marie Houdart ; classe 1913, matricule 3818 au recrutement de BETHUNES.

Profession : aide mécanicien d'extraction aux mines

Arrivé au 110e ri le 28/11/1913

Evacué le 20/09/1914 pour blessure de guerre : "plaie par balle fesse droite et éclats d'obus pied droit". Rentré au dépot aux armées le 01/01/1915. Nommé Caporal ce même jour.

Nommé Sergent le 04/03/1915

Fait prisonnier à Douaumont (Bataille de Verdun) le 28 février 1916, rapatrié le 14 janvier 1919

Photo faite alors qu'il était prisonnier

( Au dos : Verlag A.Unland. Hannover. Rundestr.6 avec un tampon encre bleue "P.16")

Médaille de la Victoire, Médaille Commémorative Française de le Grande Guerre, Médaille de Verdun

Marié avec Marie Lydie Deballeuil : une fille Marie-Thérèse, qui a épousé Gustave Lacaille en 1948. De cette union sont nés 4 fils.

Décédé le 3 juin 1982 à Bois Bernard.

Victor et son épouse en 1975

(Avec l'aimable autorisation de Michel Lacaille, son petit-fils)

 

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Janvier-Juillet 1916 : MASSIGES

Citation du régiment :

"A Massiges, il repoussera avec succès les contre-attaques allemandes dès le 9 janvier, 6 mars, 2 et 22 juin 1916. Il attaquera lui-même les 11 et 12 février et le 15 mars. 

Sa gloire est d'avoir maintenu inviolées les tranchés confiées à sa garde, et les nombreuses tombes du cimetière de l'Index témoignent de l'âpreté de la lutte". 

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Carnet de tranchée à MASSIGES

Gérard CHAUMETTE

Mansles, CHARENTES

Capitaine au 115e Regiment d' Infanterie


Né le 23 mai 1892 de parents instituteurs.
Reçu à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm en lettres classiques, il est mobilisé en 1914 comme aspirant puis officier au 115ème RI. Il a fait notamment les batailles de la Meuse, de la Somme, le front de Champagne avec la main de Massiges et Verdun, la seconde bataille de la Marne.

Citation : "Jeune officier, doué des plus belles qualités militaires. S'est particulièrement distingué au cours de la grande offensive. Mis à la tête de son bataillon, après le balayage de la Suippe, s'est imposé à tous malgré son jeune âge par l'élévation de ses sentiments, sa maturité précoce et son sens tactique très développé, donnant à ses soldats l'exemple de sa bravoure et du mépris du danger; a su obtenir d'eux des efforts surhumains enlevant de haute lutte le village d'Etion et libérant ses habitants.»


Marié à Lina Poumailloux à Mareuil-sur-Lay en août 1918, il est reçu à l’agrégation de Lettres classiques en 1919 et est nommé professeur à La Rochelle puis à Nantes en 1922, au lycée Clémenceau où il fait toute sa carrière.
Il est à nouveau mobilisé en 1939 au grade de Commandant de réserve. Il demeure prisonnier de guerre en Allemagne dans un Oflag jusqu’en 1941 date à laquelle il rentre en France au titre d'ancien combattant. Devenu membre des Corps Francs "Vengeance" de Bretagne-Sud, il participe comme résistant FFI à la libération de la région nantaise.
Professeur de lettres, il a écrit sous le pseudonyme de Guy Deschaumes : Au pays de Ré, Paris : J. Peyronnet, 1927 ; Amédée Dufour, commissaire du Peuple ou Pour le bonheur des Dames, Paris : J. Peyronnet, 1928 ; Derrière les barbelés de Nüremberg, Paris : Flammarion, 1942 ; Vers la croix de Lorraine, Paris : Flammarion, 1945.
D’autres livres n’ont pas pu être publiés, notamment le « Casque bleu » qu’il aurait voulu dédier à « tous ceux qui gisent, ensevelis dans la gloire anonyme du champ de bataille, amis très chers ou camarades inconnus, soldats ou chefs, intellectuels ou paysans, en témoignage de fraternelle tendresse. »

Gérard Chaumette est décédé en janvier 1950.


Extraits de : « Le casque bleu »
Mémoires des tranchées sorties de l’oubli
Gérard Chaumette, capitaine au 115ème RI
Texte publié par sa fille Jacqueline Chaumette-Le Roux
Editions les Deux Encres, 2014

UNE ATTAQUE ALLEMANDE

Massiges, 22 Juin 1916


Au petit jour, les hommes quittant le service de nuit venaient de se jeter, rendus, sur leurs couchettes de treillage ou leur litière de paille fripée. Rien d’anormal. Tout demeurait silencieux.
Soudain, une série de formidables explosions mettent les dormeurs sur leurs jambes. La flamme tremblante des bougies saute et s’éteint au souffle puissant des Minen* géants.
Le Capitaine Arnaud grimpe quatre à quatre les escaliers de craie, et, sur le seuil de l’abri, regarde.
Depuis le Ravin des Noyers jusqu’au Mont Têtu, les lourds « seaux à charbon » montent régulièrement dans le ciel. Ils s’élèvent comme avec effort, puis, à bout de course, s’arrêtent, culbutent et viennent s’écraser sur le sol, qu’ils ébranlent de leur chute d’abord, puis du fracas énorme de leur explosion. Des nuages de fumées noires roulent sur les tranchées. Des chevaux de frise, des rondins fracassés, des tôles tordues volent en l’air, et, des éclats en lames de scie sabrent en sifflant l’atmosphère lourde. En même temps soufflent, miaulent ou hululent des projectiles de tous calibres, et un sinistre oiseau croisé de noir vire et glisse au-dessus des lignes. Avec la longue expérience des mœurs de leurs voisins et des habitudes locales, tous s’écrient :
« Ça y est ! Attaque pour aujourd’hui ! Ils vont remettre ça. »
Aussi exécute-ton sans plus tarder les mesures prévues par le Plan de Défense. On évacue les sapes* avancées que le bombardement rend intenables, pour se retirer plus en arrière ; et les sections de réserve, équipées et en armes, s’échelonnent sur l’escalier de leurs abris, prêtes à sortir pour le renforcement ou pour la contre-attaque.
Les uns garnissent le magasin de leur Lebel ; d’autres encore préparent les fusées rouges qui doivent demander le barrage, tandis que les mitrailleurs, de quart d’heure en quart d’heure, égrènent en chapelets leurs tirs de fonctionnement.
Les coups de téléphone portent de tous côtés les dernières recommandations et les derniers encouragements du Colonel à ses compagnies. Pas longtemps, car bientôt les fils sont coupés sans espoir de réparation. A chacun, maintenant, de se débrouiller à son poste.
Malgré les rafales violentes de 75, le pilonnage continue, régulier, précis, comme une pioche titanesque à coups égaux frappant le sol.
Il n’est rien qui mette les nerfs à aussi rude épreuve que ces coups méthodiques, persévérants, contre lesquels nulle parade n’est possible. Soumis aux chocs réguliers de ce marteau qui vous brise le crâne et vous broie la cervelle, on en arrive à souhaiter, de toute son âme, l’horreur du corps à corps, l’heure de l’action brutale, mais décisive, qui annoncera la fin de l’épreuve.
Jusqu’à midi, le tir de destruction continue sans arrêt, terrible, affolant, inlassable. Par instants, des blessés arrivent au P.C., pâles et défaits. On les panse à la hâte et on les étend au fond de l’abri, d’où monte une odeur fade de sang frais et de teinture d’iode.
Dehors, des agents de liaison courent sous la grêle des éclats. Le Capitaine Arnaud, pour étudier la situation, court aussi vers la première ligne. Avec la sûreté et l’automatisme des déjà vieilles habitudes, il observe la chute des Minen, écoute le bruissement soyeux des obus, tous les sens aiguisés par le danger qui rôde. Il bondit, se couche, repart, se colle brusquement aux parois du boyau*, puis, brusquement, reprend sa course. Il arrive ainsi dans la première tranchée.
Le sol est jonché d’éclats et une fumée grise, âcre, irritante, traîne languissamment sa longue écharpe sombre, effilochée par les coups de vent. Par endroits, la tranchée complètement écrasée est devenue inhabitable. Ses défenseurs se sont groupés dans les zones moins battues. Les uns, le nez en l’air, surveillent attentivement le vol menaçant des torpilles ; les autres, anxieux, immobiles, indifférents aux éclats qui ronflent, observent la ligne ennemie d’où peut surgir la vague d’assaut.
Insouciant, la cigarette aux lèvres, le pistolet à signaux en main, le chef de section va et vient, répétant à ses hommes les petites bravades qui fouettent le courage aux heures anxieuses :
« Vous en faites pas, les gars ! Ils peuvent sortir, les vaches ! Ils ramasseront une bonne gamelle ! »
Il ajoute, pour le Capitaine, entre ses dents :
« Bon Dieu ! Que c’est long ! Je crâne, mais je ne suis pas fier ! Pourvu qu’ils ne me cassent rien ! Moi qui dois partir en perm’ ! Pouah ! Que le tabac est amer, aujourd’hui ! »
De ci de là, tombent sans interruption des projectiles de Granatenwerfer, petites bombes à ailettes si brisantes qu’on les redoute plus que l’obus. Bombes, Minen, marmites, hurlent et vocifèrent ; les éclats sifflent ou grondent, la terre vole, des fragments d’acier pleuvent dru comme une grêle de Mars, les sacs à terre s’effritent, des parapets s’éboulent, des hommes tombent.
A midi tout se tait et chacun respire. Mais ce n’est qu’une courte trêve. Le bombardement reprend, toujours violent et méthodique. Cette fois, plus de répit !
Chacun, désormais, en a la certitude : les Boches, comme le 2 juin, vont sortir à la nuit tombante. Aussi, dès que le soleil se noie dans la fumée derrière la butte du Mesnil, les sections de réserve gagnent-elles leur poste sous la fureur du pilonnage.
Soudain retentit un cri, un hurlement d’alarme :
Alerte, les gars, les v’là !
Un cri strident comme un appel de clairon, qui serre la gorge et arrête les battements du cœur.
Le tir des torpilles a cessé et le tir du canon s’allonge. C’est l’attaque ! On allume aussitôt les fusées de barrage et, sur toute la ligne, s’épanouissent les grappes rouges, appel de détresse du fantassin à l’artilleur.
Les hommes que l’épouvante du bombardement avaient jetés comme des loques au fond des trous et des tranchées, se dressent le cops découvert, la crosse à l’épaule et la grenade à la main, l’œil fixé sur la plaine ravagée, qui fume encore.
Comme des diables sortant d’une boîte, de petits bonshommes apparaissent, courent, disparaissent, escaladent les réseaux en ruine, franchissent les entonnoirs. On a une impression d’irréel, de film cinématographique, mais ce sont pourtant, on le sait, de vrais Boches qui viennent pour conquérir et massacrer.
Alors, tous, sans penser, poussés par l’habitude et l’automatisme acquis, exécutent le geste nécessaire.
Toutes les mitrailleuses non détruites précipitent des rafales haletantes : la fusillade crépite, les grenades explosent parmi le tintamarre du barrage d’artillerie et tous s’efforcent de jeter, vers cet ennemi qui vient, comme une digue meurtrière, bien vite, le plus de métal possible.
Puis, on ne sait pas pourquoi, les obus se font plus rares, les coups de fusil s’espacent et le calme descend avec la nuit, reposant et frais. La plaine est redevenue déserte : seule la silhouette des piquets déchiquetés danse à la clarté des premières fusées.
Un groupe ennemi, progressant dans une zone moins battue, est seul parvenu près de la tranchée de résistance, mais là, pris sous la gerbe meurtrière d’une Hotchkiss de flanquement, les survivants de ce groupe doivent se terrer dans les trous d’obus, le corps ramassé sur lui-même, le nez dans la craie.
Tandis que la mitrailleuse dévide ses bandes derrière eux, pour leur interdire la retraite, une patrouille va les cueillir et les ramène tous sans difficulté. Seul le chef, un jeune aspirant, haut de six pieds, qui s’est défendu à coups de parabellum, semble désolé et abattu par son échec.
Tandis qu’un agent de liaison, carabine au poing, achemine les prisonniers vers le Bataillon, le Capitaine Arnaud visite ses hommes épuisés et son secteur écrasé par l’obus et la torpille.
Par cette nuit lugubre du mois de juin, en parcourant sous la pluie, les tranchées bouleversées que ses poilus ont su garder, en voyant grimacer sous les fusées les cadavres allemands lignés sur le parapet, il éprouve tout l’orgueil de l’œuvre accomplie, l’orgueil de tout leur courage viril, plus fort que la terreur et que la mort.
Des équipes de travailleurs réparent les boyaux écroulés ; des brancardiers relèvent les blessés douloureux, et, toujours immobiles au créneau, comme hier et comme demain, les veilleurs sous l’averse glacée montent leur éternelle garde, symbole d’une patience indestructible et d’un sacrifice persévérant.

 

LA MONTEE EN LIGNE

Massiges, Noël 1915


C’est l’heure où partout, dans les lointaines campagnes, les tremblants falots guident vers l’église la démarche chancelante des vieux et le pas guilleret des enfants… Minuit ! L’heure de la Nativité ! Ils se rappellent les messes de minuit passées, le bruit des sabots par les chemins glacés, la nef ruisselante de lumières, l’élan mystique, qui faisait, dans la banalité de leur vie, comme un trou de clarté. Puis le retour, la volaille savoureuse et les joyeux devis autour de l’âtre tiède, où se consume la bûche majestueuse.
Cette nuit de Noël 1915, à minuit sonnant, ils font la pause près de la ferme détruite des Cruzis. La nuit est morne et froide : les villages, par crainte des avions, ont éteint leurs feux et se sont drapés d’ombre. De vagues lueurs indiquent les cagnas de la cote 202 que la contre-pente protège, et, du côté du Nord, des fusées fugitives tracent, sur l’horizon noir, des paraboles d’étoiles filantes. Des éclairs plus rouges, plus larges, s’épanouissent soudain puis reparaissent, et de profondes et lointaines explosions roulent sourdement. « Ils crapouillotent là-haut pour fêter Noël », pensent les poilus. Ils frissonnent et songent qu’après quinze jours de repos, qui les ont déshabitués des peines de la tranchée, ils vont retrouver les marmites, les Minen, et surtout, par ce Décembre pluvieux, la boue ignoble et envahissante. Ils le savent déjà, par leurs chefs, par les quelques coloniaux qu’ils ont vus au cantonnement, ils vont occuper un secteur difficile, pas encore organisé, envahi par la boue, empuanti par les gaz, écrasé de torpilles. La Butte du Mesnil, Maisons de Champagne, Massiges, ce sont des noms qu’enregistrent souvent les communiqués ! Ils claquent des dents, transis de froid et d’angoisse. Il en est ainsi, chaque fois qu’après un répit à leurs maux ils retournent en ligne. La reprise du contact avec la tranchée paraît toujours douloureuse : c’est un affreux moment à passer. Après, bah ! On se réadapte et l’on subit comme l’inévitable, patiemment, les caprices du ciel et la chute des obus. Aujourd’hui, leurs appréhensions s’aggravent de tous les bruits alarmants qu’ils ont recueillis sur leur nouveau secteur et aussi de l’âpreté farouche de la bise d’hiver.
Dans un lieu accoutumé, où l’on a ses habitudes, où l’on connait le coin de gourbi qui vous est échu une fois pour toutes, les boyaux d’accès, les créneaux dangereux, on se sent plus tranquille ! Mais l’inconnu, c’est l’inconnu qui effraie !
Ils sont repartis maintenant, ont tourné à gauche, en suivant, à tâtons, la piste visqueuse. Ils se taisent, tout à leur effort, et l’on n’entend que des jurons étouffés et le bruit de décollement des godillots que lâche la boue.
Tout en peinant, ils songent à la grange bien close où ils s’étendaient hier encore sur la botte de paille, enroulés dans la couverture. Trouveront-ils seulement, en ligne, un trou où se blottir ?
Cependant, la lourde colonne par deux progresse pesamment dans la plaine de boue, vêtue d’obscurité. Par moments, la ligne blanchâtre d’un boyau barre la route : une lampe de poche éclaire l’obstacle et ils passent à pas lents, un à un, sur une planche dansante. Puis, la colonne, s’étant étirée, se coupe. On se perd, on crie, si bien qu’enfin la tête s’arrête et l’on se regroupe tant bien que mal dans la nuit. Près du village de Minaucourt, on rejoint la route : une boue liquide la recouvre, des entonnoirs la défoncent et obligent le pied à tâter prudemment le sol avant de se poser.
On marche, on marche toujours puis, brusquement, apparaît une masse plus sombre encore que la nuit, et piquée de points lumineux !
« Le pont de Minaucourt, » dit le guide, « où se fait le ravitaillement, et la cote 180. On a là une compagnie de réserve près du P.C. de la Brigade ! »
La route s’arrête et forme un T, la branche de droite filant sur Massiges, celle de gauche vers Beauséjour et Perthes les Hurlus.
Là, au pied de la haute colline, près du carrefour, on fait la pause.
« Le coin n’est pas fameux, » avertit le guide, « mais ils ont l’air tranquilles maintenant. Ils ont balancé une volée de bombes à minuit, sur les premières lignes. A cette heure, ils sont calmés ! »
Le temps de souffler un peu, puis, perpendiculairement, à la file indienne, on attaque la cote 180. Tantôt, un sentier de caillebotis, incliné à 45 degrés et savonné par le gel, fait déraper les semelles et s’abattre les hommes ; tantôt, un escalier, taillé dans la craie et renforcé de rondins, leur offre ses marches usées. Ils montent lentement, essoufflés, et le guide a déjà atteint le sommet que la 4ème section piétine encore en bas, sur la route.
Ils longent des abris de rondins appuyés à la contre-pente, d’où sortent des rires et des chansons. Une porte brusquement s’ouvre à leur passage et leur jette un flot de lumière à la face.
« C’est la relève ? » leur crie-t-on. « Quelle compagnie ? »
« Sixième ! »
« C’est pas pour nous, vous allez jusqu’en ligne. Bon courage, les gars ! »
La porte grince en tournant sur ses culs de bouteilles, et la nuit se referme.
« Le boyau D2 ! » annonce le guide, et l’on s’engage dans un boyau spacieux pavé de caillebotis. Les fusées, maintenant toutes proches, montrent ses parois bien nettes, tapissées de fils téléphoniques dûment étiquetés.
« On nous a rien bourré la caisse, » s’exclame Montmare, « en nous parlant d’un secteur infect ! Y a d’jolies cagnas bien propres et voilà un boyau palace ! Plus bath qu’aux Marquises ! »
« Espère un peu, » riposte le guide. « Tu verras autre chose. Ici, c’est le secteur de la Brigade, c’est pas le tien. »
« Dommage ! » ronchonne Montmare, « j’m’arrêterais bien là. Mon sac me pèse ! »
On continue, un bon moment encore, cette marche en ligne brisée dans le boyau*, puis, soudain, le plancher des caillebotis plonge pour redescendre la colline en pente rapide. A la lueur des fusées, on voit, au-dessous, ses parapets blancs en dents de scie courant vers le ravin. Devant les yeux, un énorme promontoire blanc semble dominer un océan noir.
« L’index » dit laconiquement le guide, « P.C. du Colonel ! »
Puis il ajoute pour le capitaine Arnaud :
« Nous n’y passerons pas ; nous couperons par le ravin pour éviter l’embouteillage. »
Rapidement on dévale la pente : on entend murmurer un ruisseau. Le guide s’arrête brusquement.
« Le boyau est coupé par l’eau dans le fond ; il faut grimper là, à gauche. Je vous avertis que c’est sale ! Faites dire à vos hommes de ne pas se lâcher. Il y a de vieilles tranchées pleines de boue : un mulet s’est noyé, la semaine dernière. »
Le renseignement se transmet de bouche en bouche et rejoint ainsi les derniers hommes, jusqu’au bout de la crête.
Derrière le guide, le capitaine Arnaud grimpe et fait un pas en avant… Malgré lui, une exclamation lui échappe. D’un seul coup, il s’enfonce dans la boue jusqu’aux genoux. Alors tous, l’un après l’autre, quittent le boyau* bien sec pour le champ de fange. Puis, s’engage une lutte opiniâtre, farouche, entre l’homme qui veut et la matière qui fait obstacle. Les jambes déjà lourdes se sentent tirées par une poigne qui les attache au sol, par une ventouse qui les happe. Dans un effort désespéré, elles s’arrachent à l’étreinte et fendent, de toute leur puissance, l’étang noirâtre et sans vagues. Le poids de leurs havresacs, de leurs musettes, de leurs fusils, pèse sur le dos des hommes et les enlise davantage. Leur respiration se fait difficile et sifflante ; leurs doigts nerveux font sauter le crochet du col. Ils sacrent à mi-voix, s’interpellent pour ne pas se perdre, et peinent, avec lenteur, comme des bœufs liés au timon.
Ainsi, tant bien que mal, ils atteignent un chemin de fascines et de caillebotis qui traverse, comme une digue, la vase du ravin ; ils se hissent, s’attendent et se groupent, essoufflés, sales et bottés de glaise.
Alors, dans un concert de cris félins, tout d’un coup, une rafale de 77 s’abat, à droite et à gauche du chemin repéré. Heureusement la boue amortit l’explosion.
« Pas d’gymnastique ! » crie le Capitaine. Et, pendant que les obus claquent çà et là, la galopade des jambes lasses retentit sur les caillebotis, comme un cliquètement de mitrailleuse affolée.
Au Bois Valet, un nouveau guide prend la tête et engage la colonne dans de nouveaux boyaux, étroits, écroulés par endroits et envahis par la boue. Mais ils sont las ; il faut s’arrêter pour des pauses fréquentes. Leur marche s’est faite moins sûre : les fils téléphoniques qui gisent au fond du boyau, les trous, les éboulis, leur tendent mille embûches qui les font tomber sur les genoux.
Parfois ils croisent des unités déjà relevées qui redescendent : On ne passe qu’à grand’peine, de côté, en accrochant les havresacs, en baisant les parois humides.
Ils suivent longtemps un boyau à flanc de coteau, puis un plateau dévasté par les explosions pour redescendre, enfin, dans un ravin morne où toutes les eaux, venues des hauteurs, s’amassent comme dans une sentine.
Ils s’engagent dans une tranchée informe, à moitié écroulée et rongée par l’eau, aux parquets chancelants, rapetassés à grands renforts de sacs à terre : des hommes veillent, d’autres sont étendus dans le bourbier…
« C’est la relève, quelle compagnie ? »
Grand remue-ménage : les uns chargent leurs sacs, les autres déposent le leur, et hâtivement les consignes se passent :
« Ils crapouillotent tous les jours vers trois heures…. ça tombe surtout au carrefour du B5, là, à côté. Les Boches sont à 50 mètres. Des gourbis ? Y’a qu’un trou de cinq hommes pour tout la section, encore il est plein de flotte ! Quatre hommes au petit poste, là, à la sape 14. Au revoir, les gars ! »
Les coloniaux s’en vont, et, malgré les précautions, les bruits de la relève s’entendent, bruits de voix, de chutes, chocs de gamelles et de baïonnettes.
Alors, tandis que harassés, les nouveaux venus se laissent choir dans la boue, toute une ligne étincelante de fusées dessine la position ennemie, de l’ouvrage de la Défaite au Mont Têtu ; elles illuminent, d’un seul coup, l’armature puissante de la Main de Massiges et la fange noirâtre des ravins, croupissant entre les doigts énormes. Et devant ce spectacle des crêtes désolées et des bas-fonds putrides, tous sentent leur courage sombrer : l’horreur de la vie qu’ils entrevoient leur serre le cœur d’une insondable angoisse.

 

CORVEE
Main de Massiges


« Tu m’as bien compris, Bertrand ? Les rails, les grandes galeries et les sacs de ciment sont pour la première ; c’est pour renforcer l’observatoire que les Boches ont démoli hier matin ; les réseaux pour la troisième et les cadres et demi-galeries pour la compagnie de réserve. D’ailleurs, tu vérifieras, aux bureaux de compagnie, avec leurs demandes de matériel que voilà. J’ai marqué d’une croix les articles fournis et j’ai biffé ceux que nous n’avons pas en magasin. J’oubliais, méfie-toi pour les sacs de grenades, dis-leur de les poser doucement, de ne pas les heurter. Rappelle-leur bien que six pionniers se sont fait sauter la gueule pendant l’attaque du 9 Janvier, en balançant leurs sacs de grenades par terre, comme une pochée d’avoine. Au retour, tu poseras les reçus sur ma table. Inutile de me réveiller si rien ne cloche, hein ! Allez, en route ! » Et l’officier chargé du matériel rentre dans son gourbi de l’index, où l’attendent le Toubib et l’officier pionnier, pour leur bridge quotidien.
Le ciel est couvert, pas une étoile, on n’y voit goutte. Par instants, la trajectoire éclatante des fusées jette une lueur fugitive qui rend la minute suivante plus obscure, plus lourde. Un Mauser claque, une mitrailleuse jacasse, des balles perdues piaulent plaintivement et des « manches à gigot », à intervalles réguliers explosent aux postes d’écoute.
Le sergent Bertrand reste un instant sur le seuil, angoissé. Il vient d’arriver en renfort, voici deux jours à peine ; blessé à Virton le 22 Août par une des premières balles de la journée, il ignore tout de la vie de tranchée : il est plus ignorant que le plus bouché de ses poilus. Enfin, prenant son parti, il hèle ses deux caporaux et les voilà tous trois en train de regrouper leurs hommes :
« Hé, les bonhommes qu’ont les grenades, derrière moi ! Allons, grouillez-vous ; j’veux être de retour avant le jour, moi ! Les sacs de ciment avec le sergent… Vous y êtes ? Attendez, que je vous compte ! » et le caporal Varache palpe la file indienne qu’il ne voit pas.
« L’en manque deux ! Où qu’ils sont, ces andouilles ? ...ils s’sont planqués pour couper à la corvée? Ah ! les voilà ! vous avez mon papelard, sergent ? » 
« Ah ! flûte ! Lequel des trois ? Je n’en sais rien ! Attends ! »
Et Bertrand allume sa lampe électrique. Aussitôt, le caporal se précipite : « Eteignez, sergent ! C’est défendu ! » et des récriminations brutales instantanément jaillissent du noir : « Cache ta calbombe, là-bas ! …Il veut donc nous faire repérer, ce charognard ! » Le sergent éteint sa lampe, donne les papiers au hasard, puis avoue « « Dites-moi, les gars ! J’vais vous dire une chose. Je suis bien monté hier en ligne, mais du diable si je m’y retrouve au milieu de la nuit. Mes poilus sont chargés comme des bourriques, j’peux pas leur demander de me guider. Comment faire ? »
« A mon avis, sergent, » dit Varache, « voici c’qui serait le mieux : Besnard passerait devant pour s’arrêter à la Tranchée de Moltke ; moi ensuite, et vous n’auriez qu’à me suivre jusqu’au P.C. de la troisième. Là ; une fois qu’j’ai fini, j’envoie mes bonhommes et j’vous accompagne. C’est plus long, mais c’est plus sûr. ça vous va-t-il ? »
« Entendu ! Tu es un frère. En avant ! Marchez doucement qu’on ne se perde pas ! »
La longue colonne descend l’Index à tâtons pour s’engager sur les chemins de fascines et de caillebotis du Ravin de l’Etang. Tous, déjà, ploient sous le faix. Les uns portent sur leur échine des sacs à terre, pleins de cartouches ou de grenades, qu’ils maintiennent à grand’peine, de toute l’énergie de leurs biceps gonflés et de leurs doigts raidis ; d’autres portent, de même, des sacs de ciment pesants comme du plomb, mais, n’ayant pas de prise, les lâchent de temps en temps pour les saisir rageusement à pleins bras. D’autres tiennent à deux les longs rails d’acier, ou les énormes poutres de galerie majeure, montants et chapeaux de 2 mètres, en bois de chêne. D’autres enfin, s’ensanglantent les mains et les épaules aux ronces des réseaux Margot. Tous tâtent les marches de craie d’un pied timide, dans la crainte de s’abattre avec leur charge. Puis la situation s’améliore jusqu’au Bois Valet : sur les planches unies, la marche se fait plus régulière et moins pénible. De moment en moment, cependant, on entend un brusque juron. C’est un des hommes de la corvée qui, s’écartant du chemin trop étroit, s’est enfoncé jusqu’au ventre dans la vase du ravin. Ses voisins déposent leur charge et le hissent, gluant de fange, puis la marche reprend, silencieuse, rythmée seulement par le heurt régulier des godillots sur le caillebotis et la respiration sifflante des porteurs.
Voici la pente du Valet et les lueurs ténues filtrant sous les portes du P.C. de Bataillon. Les hommes, d’eux-mêmes, se jettent à terre pour souffler.
« On approche, hein ? » demande Bertrand à Varache.
« Bien sûr, mais le plus dur reste à faire ».
Cette réponse consterne le sergent, non qu’il se sente, lui, extrêmement fatigué : il n’a rien à porter, mais il est inquiet et il lui tarde que sa tâche soit remplie. Et puis il se sent déchiré de pitié pour ses poilus. Il comprend, à leurs ahans étouffés, à leur respiration haletante, combien ils sont las, combien ils souffrent. Il est torturé par leur torture.
Au bout d’un instant, on reprend la marche vers les premières lignes : la colonne s’est engagée, cette fois, dans un étroit boyau, obscur et zigzaguant, qui l’oblige à une marche d’ivrogne et la condamne à louvoyer perpétuellement. On n’avance plus qu’avec des efforts inouïs : les réseaux s’accrochent aux parois qu’ils effritent, et retiennent leurs porteurs ; les rails et les madriers se trouvent coincés au détour des merlons : il faut les lever à bout de bras et les faire glisser par-dessus.
Il s’ensuit des arrêts, des hésitations, des lenteurs…
A chaque instant, une voix anxieuse s’élève : « Faites passer : ça ne suit pas ! … » Et la tête, en rechignant, ralentit son allure. Bertrand, avec son bâton, tâte devant lui le terrain invisible qu’il devine semé de pièges. Trompé par la dérivation en demi-cercle qui contourne les merlons, il va donner du nez contre la paroi boueuse ; plus loin, son pied est happé par un puisard, puis un fil téléphonique qui pend au ras du sol le fait choir comme un croc en jambe. Les hommes, maintenant, sont vannés : le poids excessif qui les écrase leur arrache des plaintes et des jurons : « Sergent ! La pause ! Merde ! On n’en peut plus, on va crever sous ces garces de poutres ! » Et comme Jésus au Golgotha, ils ploient sous le faix de leurs croix.
Besnard a tourné à gauche, dans la tranchée de Moltke ; Varache, sommé de s’arrêter, presse au contraire le pas :
« Allons, les gars, mettons un coup ! Ici, c’est sonné toutes les nuits. Vous entendez bien Fritz qui se réveille ! »
En effet, par rafales de 3, des 105 éclatent à gauche, à droite, derrière. Tout à coup, au ronflement plus fort qui semble raser le sol, tous se courbent comme des arbres sous la tempête et les obus explosent sur le parapet, juste devant Bertrand. Dans la fumée qui l’asphyxie, étourdi et sourd, le sergent hésite, s’attarde… Trois nouvelles marmites éclatent dix mètres plus loin, trois autres.
« Restons pas là ! » crie un poilu au sergent. « Avancez ! »
Il avance, presse le pas, court, au risque de se rompre les os…
Plus personne dans le boyau : il a perdu Varache !
« Vous en faites pas, sergent, » dit le poilu qui semble avoir oublié sa fatigue.  « Vous tournerez le premier boyau à droite ; il mène tout droit au P.C. de la 3ème. On y retrouv’ra l’cabot. »
Et la marche reprend ! On se trouve en plein dans la zone battue ; le boyau apparaît à demi comblé, évasé, coupé d’entonnoirs qui en font de véritables montagnes russes. Et, peu à peu, les membres roides, la sueur au front, on avance, on avance toujours…
« M’est avis, sergent, qu’on a passé l’boyau ! »
« Bon Dieu, on est dix ; y en a bien qui l’auraient vu ! »
« Eh ! pochetée, si les marmites de tout à l’heure l’ont bouché, comme l’aut’ nuit, tu sais, l’soir de l’attaque, que la corvée* de soupe s’est gourée. »
« Quoi faire ? » demande le sergent.
« La pause, d’abord, sergent ; puis on marchera jusqu’au premier boyau à droite. C’est peut-être bien, tout de même, le bon ! Ah ! foutu métier, Nom de Dieu ! »
Et tous, suant, épuisés, sentent le désespoir les gagner. Ils maudissent les Boches, leurs chefs, la vie, et cette guerre de malheur qui se joue d’eux, des mois et des années, avant de les prendre tout à fait, comme les autres.
Dix minutes et l’on repart ; on descend une pente assez raide.
« Je me reconnais pas, » dit le poilu. « Tiens, voilà un boyau ; non, c’t’une tranchée : elle est même pas approfondie, elle fait pas plus d’cinquante centimètres. Allons plus loin. »
« Non », affirme un autre. « On s’a gouré. Faut revenir ! »
Tout d’un coup, une voix les arrête, une voix dure, impérieuse :
« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous foutez là ? »
« 6ème Cie. Corvée pour la première. »
« La première ! Mais vous êtes tous saouls ! Vous êtes à la sape 9, à 30 mètres des Boches, dans le secteur de la 11ème. »
« Excusez ! Je suis nouveau. Par où dois-je passer ? »
« Tourne à droite, c’est la première ligne, et suis-la jusqu’à la sape 19, deux kilomètres au moins. Bon courage et pas de bruit ! »
La file douloureuse des hommes de corvée prend à grand’peine le tournant en faisant pivoter rails et madriers… On suit la tranchée parallèlement à la ligne ennemie. A la lueur rapide des fusées, on aperçoit l’enfilade des caillebotis, les banquettes de tir et les sacs à terre des parapets ; et, de place en place, une silhouette drapée et casquée, immobile. Des balles, par moments, heurtent le rempart des sacs, puis un Lebel répond, au hasard, pour affirmer son existence. Le sergent, parfois, doit s’arrêter. On le questionne : « Qui sont-ils ? Que font-ils là ? » Alors, à dix reprises, il raconte humblement son aventure, mais nul ne s’apitoie.
« Tu t’es perdu ! Tu te retrouveras, va ! C’est l’métier qui rentre ! »
Un autre, ironiquement le félicite :
« Vous en avez d’la chance, vous autres, d’être au demi-repos, pendant que nous, on en rote en première ligne ! »
Un troisième, moins jovial les engueule :
« Ils en font un bousin, ces enfifrés-là ! Ils vont nous faire foutre des bombes. Quelle bande de vaches ! »
Ils ne répondent même pas, pas plus aux plaisanteries qu’aux paroles malveillantes… et tout à coup, le petit Dutour s’arrête :
« Sergent, j’en ai marre ! J’peux plus avancer. Il arrivera ce qu’il pourra, mais j’irai pas plus loin !... »
« Allons, mon petit gars, un peu de courage ! »
« Non, Sergent ! J’ai jamais calé ; j’suis pas cossard ni tire-au-cul, mais je sens que je m’en vas… » et le petit Dutour s’assied dans la boue. 
Le cœur lui manque, il halète comme une bête claquée et la sueur se glace sur sa chair.
« Halte », dit Bertrand, « j’ai sur moi une topette de cric, ça va lui fouetter le sang. »
Mais, malgré une bonne gorgée d’eau de vie de cidre, Dutour ne se remet pas… Il se sent mieux évidemment, mais incapable, pourtant, de reprendre l’énorme pièce de bois qu’il a lâchée.
Les minutes se passent : les hommes soufflent, vautrés au fond du boyau, sans souci des passants qui les enjambent et s’étonnent bruyamment : « Qu’est-ce qu’ils foutent ces mecs-là ? » Le sergent se rend compte qu’ils vont s’endormir là, dans la gadoue, et qu’il sera impuissant, peut-être, à les remettre en route, quand le sommeil et la fraîcheur les auront engourdis. Il prend une détermination soudaine :
« Dites-moi, les gars, on sera mieux pour roupiller dans nos gourbis qu’ici. Faut en finir avec cette chameau de corvée. Je vais prendre la place de Dutour et il suivra comme il pourra. Allons, debout ! »
Personne ne dit mot, personne ne bouge. Il faut les secouer, les uns après les autres, les remettre sur leurs jambes, essuyer leurs grognements et leurs rebuffades.
Enfin, les fardeaux sont chargés et l’on commence une nouvelle étape. Dutour suit péniblement, à la gauche, et Bertrand porte, avec Hardy, la poutre énorme de galerie majeure. Le bois équarri meurtrit son épaule, et l’angle tranchant pénètre dans sa chair. Ses jambes raidies s’enfoncent davantage dans la vase et il doit appliquer tous ses efforts à les en décoller. Le moindre faux pas sur les caillebotis ou dans les trous d’eau, le moindre heurt lui résonne douloureusement de la tête aux pieds. Il va de toute son énergie, sans voir ni entendre. Par moments il a l’impression que son bras s’ankylose et qu’il va lâcher ce madrier qui l’écrase, et l’idée folle lui vient de se laisser tomber avec la poutre : il serait tué, peut-être, et tout cela serait fini pour toujours… ou bien il aurait l’épaule brisée et ce serait encore de la souffrance, mais l’hôpital, mais le repos… Mais non ! Il ne sera pas plus lâche que ses hommes… Il ira comme le petit Dutour, tant qu’il lui restera un souffle…
Une lueur blafarde, vague, venue on ne sait d’où, permet de distinguer les objets… C’est l’heure de la relève dans les sections : des poilus sortent des gourbis* béants, d’autres emmitouflés s’y engouffrent à leur tour… Aucun ne raille plus les gars de la corvée* : ils sont trop pâles, trop abattus, trop visiblement à bout de leurs forces…
« Quelle compagnie ? »
« Première. »
« Enfin ! » dit Bertrand, et d’un ton suppliant : « Je t’en prie, mon vieux, avant de te pieuter, mène-moi au P.C. » 
« J’veux bien. C’est pas loin. J’ai pourtant envie d’en écraser… Enfin ! … C’est pour vous rendre service. Tournez à droite, là, au premier boyau. »
Ils suivent alors leur guide bénévole et atteignent le terme de leurs peines…
« Ah ! Vous voilà ! » s’écrie le Capitaine. « J’ai déjà téléphoné trois fois à votre sujet et mes bonhommes manquent de matériel ! » Puis les voyant soudain tellement épuisés : « Oui, c’est lourd, mes pauvres gars ! Allez, je téléphonerai qu’il y a erreur et que vous étiez arrivés. »
Mais eux ne disent rien : appuyés aux parois de la tranchée, ils sentent leur tête tourner ; ils ne comprennent plus comment ils peuvent être encore là, à l’heure où les cages à poule font leurs rondes matinales, à l’heure claire où, des deux côtés, les batteries prennent la hausse du jour …

 

LE CANTONNEMENT


Par une journée sale de fin de Décembre, le Régiment faisait étape pour aller prendre le secteur de Massiges. Il traversa Valmy-la-Bataille ; Hans, blottie derrière sa colline crayeuse, pour atteindre, enfin, avec le crépuscule, le cantonnement de la nuit, le lugubre Courtémont accroupi dans la boue et les immondices. Pendant six mois, c’est là qu’il devait prendre ses repos après les fatigues d’un secteur tourmenté et fangeux.
Là, tout près des forêts d’Argonne, la Champagne, dite pouilleuse apparaît plus pouilleuse encore… Grandes plaines d’herbes sèches, pins rachitiques, tout cela semble voué à la malédiction comme les champs de Gomorrhe. Les villages, construits près de ruisseaux pauvres, doivent être également maudits, si l’on en juge par leur laideur et leur infinie tristesse.
Courtémont, dès l’abord, apparut à tous comme une bourgade sans joie. Ses murs en torchis se désagrègent, et elle étale sans pudeur, au grand jour indiscret, ses masures lépreuses aux trous béants, ses rapetassages ignobles de vieilles tôles ou de papier goudronné dérobé au Génie. Un ruisseau tourbeux barrait la rue de ses méandres, et, sur la place de l’église, on enfonçait jusqu’au mollet dans une mare infecte et croupissante.
Ajoutez à cela la saleté répandue partout, les vieux chaudrons, les boîtes de singe* vides, les casques fêlés roulant dans les rues ; les tas d’ordures qui, peu à peu, s’épandaient comme une tache d’huile, le village entier transformé en égout.
L’officier chargé du campement avait affecté à la compagnie du capitaine Arnaud une vaste grange au Nord du village, où elle succédait à des chevaux. Pas de paille pour isoler les hommes d’un sol souillé ; un battant de la porte d’entrée disparu, brûlé, sans doute, par quelque cuistot en quête de combustible. Un toit, crevé par les obus, qui laissait pénétrer des torrents d’eau ! … Il fallut, dans la grange même, monter les tentes pour s’abriter des courants d’air.
Plus tard, les trous furent bouchés, on apporta de la paille, on recouvrit le toit. Mais le logement eut beau s’améliorer, le niveau des boues eut beau baisser dans les rues, grâce aux efforts des corvées*, le cantonnement resta laid et sale.
L’élément civil était peu nombreux dans le village et comprenait, surtout, quelques tristes exemplaires de l’espèce : mercantis crasseux, chez qui l’amour du lucre avait vaincu la terreur de l’obus ; enfants mal peignés et crottés jusqu’au nez, rôdant sans cesse autour des cuisines, et aussi une femme, bâtie en force, corpulente et sans beauté, que l’opulence de ses appas avait fait surnommer « la môme 420 ». Comment résister, ensuite aux séductions féminines de l’arrière, lorsque, pendant six mois, le sexe de grâce et de délicatesse s’est imposé à vous sous des formes aussi massives ?
Un autre charme de Courtémont, c’était sa faune, particulièrement riche, non par le nombre de ses espèces, mais par la prodigieuse abondance de l’une d’elles. Après l’extinction des feux, le village entier était livré aux rats. On n’entendait partout que leurs galopades en rangs serrés, leurs grignotements, leurs cris, leurs batailles, leurs amours… Sales bêtes ! Ont-elles assez souvent troublé les songes des pauvres poilus au repos ! Ah ! Tous l’auraient payé cher l’homme à la flûte d’Outre-Rhin, s’il n’était mort, hélas, avec les vieux contes !
Enfin ! Suprême calamité ! Courtémont manquait de pinard. Par longues théories, le soir, s’en allaient sur les routes, entourés d’un chapelet sonore de bidons, les malheureux gars en quête de moral. Pourquoi fallait-il que Hans et Somme-Bionne, où l’on vendait du vin au prix doux, fussent dans le secteur du XVème Corps ? Pourquoi fallait-il que le IVème et le XVème corps fussent en guerre ouverte ? Chaque soir, l’armée des ravitailleurs bénévoles revenait décimée, ayant laissé aux mains de la Prévôté adverse des prisonniers accablés sous le poids des bidons. O gendarmes de Hans, esclaves d’une consigne trop stricte, en avez-vous fait « coffrer » des pauvres et boueux « bonhommes » retour des tranchées de Massiges ! Ce n’était pas votre faute, sans doute, mais quelle montagne de haines vous avez amoncelée !
Pourtant, ce Courtémont maussade, peuplé de rats, privé de vin, a laissé dans l’esprit de tous quelques bons souvenirs. C’est que, tout de même, après les trous fangeux du Ravin de la Faux, ils trouvaient là un coin plus sec, et un sommeil plus paisible, malgré le tintamarre des canonnades. Le Régiment tout entier descendait pour huit jours, ce qui permettait d’agréables relations d’un bataillon à l’autre. On se réunissait dans une salle sans meubles et sans plafond pour chanter des chœurs, pour deviser joyeusement, en cassant le cou à quelque bouteille qu’un habile camouflage rendait respectable, ou en buvant, si l’on ne pouvait mieux, le simple vin rouge de l’Intendance.
C’est là, dans une vieille bicoque à demi-effondrée, que fut fondé ce cabaret « Courtémontmartrois » dont la renommée s’étendit dans tout le secteur de l’Armée. La salle, décorée avec goût, sinon avec richesse, ornée d’oriflammes, de dessins, de tableaux hâtivement brossés par un peintre fantaisiste, était agréablement gaie et doucement accueillante. Un bloc de craie descendu de l’Index y figurait sur un socle d’honneur : un Rodin, disait une pancarte : « La Matière avant la Pensée. »
Sur une scène, dont un pinceau habile avait orné la toile de fond, pianiste, violoniste et chanteurs venaient divertir un public bienveillant et varié, quoique exclusivement masculin. On entendait là, à quelques numéros près, car la Direction n’osait rebuter les bonnes volontés, des programmes très satisfaisants, en dégustant des canettes de bière.
Quand le régiment descendait de la Main de Massiges pour le repos de Courtémont, le Cabaret du « Poil dans la Main » présentait un des meilleurs passe-temps, la distraction la plus salutaire. Dans le bruit apaisé des lointaines canonnades, on y oubliait parfois la brutalité de l’heure et les dures réalités de la guerre.
Et puis, un beau jour, on partit pour Verdun, par étapes : il fallut fermer boutique et abandonner le cabaret prospère ; la toile de fond aux couleurs éclatantes dut revenir à sa destination première, qui était de bâcher un fourgon… et l’on put voir longtemps, tendu sur les arceaux d’une voiture à vivres et à bagages, le paysage de la Main craqueler au soleil. Des inscriptions ironiques se lisaient encore au-dessus de la roue : « N’allez plus à la Côte d’Azur, passez l’hiver sur la Main ! » « Arthritiques, prenez les bains de boue à Massiges ! »
Chacun, alors, regrettait le cantonnement de naguère, malgré sa fange, malgré sa tristesse, et, rejetant les souvenirs pénibles dans le tiroir sévèrement clos d’un passé douloureux, ne retenait plus de toi, pauvre bourgade, que les heures heureuses, en faveur desquelles il te fut beaucoup pardonné.

(Avec l'aimable autorisation de Mme Dominique Le Roux, petite fille de Gérard Chaumette)

 


Fidèle frère d'arme du Capitaine REVEILLARD qui l'a pris en photo de nombreuses fois y compris dans son ultime demeure...

MPLF à la Main de Massiges le 13/01/1916

Julien Emmanuel LEVEAU, 32 ans

Neuville, SARTHE

Sous-Lieutenant au 115e RI, 3e Bataillon, 10e Cie

Né le 17/02/1883, fils de Julien et de Léontine Picault ; classe 1903, matricule 384 au recrutement de Mamers.

1,64 m ; cheveux noirs, yeux gris bleu

Marié le 15/10/1907 à Maria Tessier avec, pour témoins, 2 sergents du 115e RI : Eugène Herbaud et Antoine Bonnassié. Avec leur fille Andrée, le couple habite Margon.

Incorporé au 115e RI à compter du 15/11/1904 ; soldat de 1ère Classe le 01/06/1905

Caporal le 26/11/1905 puis Sergent le 21/09/1906

Rengagé pour 2 ans à compter du 01/10/1907 ; pour 2 ans à compter du 01/08/1909 puis pour 3 ans.

Adjudant le 29/09/1914

Citation :

"Blessé le 17/12/1914, a refusé de se laisser panser et a continué à commander sa section, n'a cessé de montrer la plus belle attitude depuis le début de la campagne."

Médaille Militaire et Croix de Guerre avec palme et étoile de vermeil

"Lieutenant Leveau (en août 1915)"

Promu Sous-Lieutenant le 25/10/1915, il commande la 10e Cie du 3e Bataillon du 115e RI

Tué à l'ennemi à la Main de Massiges le 13/01/1916 à 00h15.

Le médecin qui a constaté son décès n'est autre que le médecin Major du 115e RI, Fernand Rault, au sujet duquel un de ses hommes écrit :
"Ma division prenait les lignes à la main, de Massiges au Mont Têtu. Les attaques étaient incessantes, et chaque fois, Fernand Rault quittait son poste de secours, franchissait les barrages, visitait les postes de bataillon et montait en première ligne pour s'assurer de la bonne relève des blessés, transportés dans des tubes de tente à travers des boyaux éboulés sous les chutes de torpilles et les éclatements de 105 fusants. Il devait être amputé d'un bras".

"Février 1916 Couronne offerte par les poilus de la 10 Cie à leur Lieut Leveau"

"Février 1916 Tombe du Lieutenant Leveau à l' Index" (Main de Massiges)

Il reçoit la Légion d'Honneur à titre posthume.

Fin 1922 : translation des cimetières provisoires vers la Nécropole Militaire du Pont de Marson. Au cours de ces transferts, de nombreuses identités sont malheureusement perdues : Julien Leveau repose très probablement en ossuaire.

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Michel-Marie MAURICE, petit-neveu du Capitaine Fernand REVEILLARD dont les photos ont permis à Mme Gonsard, fille du filleul d'Andrée Leveau, de nous retrouver)

 

 

Ses albums photos sont en ligne dans CARNETS ET PHOTOS

Fernand REVEILLARD

Sous-Lieutenant du 115e RI, commandant la 11e Cie, 3e Bataillon

Le Mans, SARTHE

"Août 1915 Mon PC aux Marquises" (Marne)

Né le 27/06/1890, fils d' Alexandre et Lucie Timbre ; 2 soeurs Lucie et Marie, et 5 frères dont 2, Marcel et Emile, sont morts au combat en 1914.

Classe 1910, matricule 1320 au recrutement du Mans

1,64 m ; cheveux noirs, yeux marron foncé

Profession : comptable

Incorporé à partir du 10/10/1912.

Promu Caporal le 25/02/1913, Sergent le 01/10/1913 puis Sergent fourrier le 02/02/1914.

Peu après la mobilisation générale, son régiment se bat à Virton en Belgique, le 22 août 1914, journée la plus meurtrière de l'histoire de France !

Parmi ces 27 000 soldats français tués au combats :

Emile Reveillard, son frère âgé de 22 ans.

Sergent au 115 ri, 9ème Cie, il disparaît à quelques centaines de mètres seulement de Fernand qui se bat au Sud du village : son corps ne sera jamais retrouvé.

(En début de guerre, des fratries combattant dans le même régiment sont décimées : afin de mieux protéger les familles, l' armée rejette dès fin 1914, de nombreuses demandes d'affectation de frères de militaires).

Fernand Reveillard est promu Sergent Major le 05/09/1914, puis Sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre le 30/09/1914.

* Bataille de la Marne du 6/09/1914 au 10/10/1914, puis à Maricourt le 20/12/1914 :

Le 12/11/1914, son autre frère Marcel Reveillard, Sergent au 303 RI, 20ème Cie, est tué à la tête de sa section en défendant la barricade Est de Pintheville. Il avait 27 ans. (Il avait croisé ses 2 frères du 115e RI le 14 août à Gibercy). Fernand porte le brassard noir de deuil, visible sur les photos.

* Janvier à février 1915 : repos à Sarry et Saint Etienne-au-temple 

*
1ère bataille de Champagne (secteur de Massiges)

Du 19/02/1915 au 10/03/1915 : secteur de Perthes-les-Hurlus (bois du Piémont, bois 3 et 4) 

Citation du 03/03/1915 :

"A sauvé certains éléments d'une situation critique en leur portant des cartouches avec sa compagnie malgré de violents tirs de barrages. Avait déjà perdu son capitaine".

* De mars à septembre 1915 : Les Marquises

Il est promu Lieutenant à titre temporaire à dater du 19/08/1915

 

* Grande Offensive de Champagne du 25/09/1915 au 10/10/1915 : boyau Drouot, Epine de Védégrange, bois Raquette et de Silésie.

Pendant cette période,  le régiment perd un tiers de son effectif. 

Il est promu Capitaine le 19/10/1915 puis Sous-lieutenant le 05/01/1916.

* Octobre à Décembre 1915 : repos à Changy et Outrepont puis travaux secteur de Tahure 

* Combats de la Main de Massiges de janvier 1916 à juillet 1916 : Index, ravin des Noyers et des Pins, Mont Têtu, ravin des Faux.

Le régiment perd plus de 1000 hommes 

Fernand Reveillard rentrera avec de saisissants clichés. De nombreux frères d'arme y apparaissent : nous avons récupéré leur fiche matricule et recherchons leur famille.

"Mars 1916 Le pont de Minaucourt Main de Massiges"

"Mars 1916 Panorama vu de mon PC de la Main de Massiges"

"Mars 1916 Le boyau D2 et la Côte 180" (avec plusieurs explosions au loin !)

"Avril 1916 Dans la salle à manger"(Courtemont)

* Août 1916 : ferme de Beauséjour 
* Octobre 1916 : butte du Mesnil et ravin de la Goutte 

* Du 17 au 27/07/1916 : Bataille de Verdun

Citation :

"A occupé du 17 au 28 juillet 1916 un secteur soumis nuit et jour aux barrages de grosse artillerie adverse encourageant constamment ses hommes et organisant sous le feu un terrain complètement bouleversé. Progressant en particulier le 26 juillet et ramenant des prisonniers".

 

* Combats de Monts de Champagne du 1er au 29 mai 1917

Citation :

"commandant une compagnie de renfort le 20 mai 1917 et amené devant une situation nouvelle, s'est orienté rapidement et a pris une part active à une contre-attaque heureuse".

Promu Lieutenant le 16/07/1917.

Bois de Pareuil juillet 1918 (Dernière photo avant sa capture)

Porté disparu le 15/07/1918 au combat de Chatillon sur Marne (Marne)

Prisonnier de guerre, interné à Laon, puis Rastatt, puis au camp pour Officiers de Karlsruhe.

Rapatrié le 05/01/1919, il se marie le 05/08/1919, mais il n'aura pas d'enfants.


Promu Capitaine du 115e RI le 11/01/1921.

Croix de guerre, Chevalier de la Légion d' Honneur le 2 mai 1921 :

"Excellent officier plein d'allant et de ténacité brave au feu entraîneur d'hommes plusieurs fois cité".

"Trois petits bijoux quand ils sont sages"(ses neveux : le père de Michel-Marie Maurice et ses 2 soeurs)

Pension de 10 % pour hypoacousie de l' oreille gauche imputable à la guerre et pour cataracte :

"Comptable, il a travaillé aux Moulins de Saint Georges et est malheureusement devenu aveugle suite à un décollement de la rétine mal opéré (accident du à une rupture de courroie dans un moulin). Mon père et ma tante ont "veillé" à ce qu'il ne manque de rien jusqu'à son décès"

(Michel-Marie MAURICE, son petit-neveu, et époux de Maryse PALET petite nièce de Marcel Blanquet du 4e RIC).

Avec sa très aimable autorisation.

Fernand Reveillard est décédé le 14 juillet 1978 à l'âge de 88 ans.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à LA MAIN DE MASSIGES le 08/03/1916

Alexandre BLOTAS, 29 ans

Saint-Georges-du-Rosay, SARTHE

115e RI, 9e Cie

"Photo de la famille Blotas au printemps 1914 à Saint-Georges-du-Rosay (les parents Georges Blotas et Céline Esnault et leurs 12 enfants - Alexandre en haut à gauche, Adolphe à ses côtés, puis Georges mon grand-père en uniforme)"

Né le 11/01/1887, fils d' Alexandre et de Céline Esnault ; classe 1907, matricule 375 au recrutement de Mamers. Soutien de famille.

1,66 m , cheveux châtains, yeux bleus

Profession : cultivateur

A épousé Marceline Prévost : un enfant Marcel né en octobre 1911

Rappelé au 115e ri le 02/08/1914

Blessé le 30/10/1914 devant le Quesnoy en Santerre (Somme)

Extrait du JMO du 08/03/1916 : "La nuit et la journée sont caractérisées par la réaction des attaques de la veille : lutte de grenades et fusillade la nuit (s/secteur La Faux), calme dans le s/secteur Valet. Bombardement peu intense au cours de la nuit. Très violent dans tout le secteur de 6h à 8h et par intermittence jusqu'à 16h. Torpillage sérieux. Gros dégats dans les tranchées et communications.

Une torpille ennemie tombe à 10h15 sur le P.C de la 12e Cie dans lequel se trouve 2 officiers, téléphonistes, liaison, et une partie d'une section. Une torpille tombe sur un dépot de grenades et le fait sauter. A remarquer la réapparition de nombreux Minenwerfer et d'une batterie de 210."

Alexandre Blotas fait très très probablement partie des victimes : tué à l'ennemi lors de combats de la Main le 08/03/1916, il est inhumé à la Nécropole Nationale du Pont-de-Marson, tombe 1823

 

et son frère également Mort Pour La France

 

Alphonse BLOTAS, 27 ans

Saint-Georges-du-Rosay, SARTHE

115e RI, 2e Cie

Né le 05/03/1890, fils d' Alexandre et de Céline Esnault ; classe 1910, matricule 519 au recrutement de Mamers. Soutien de famille.

1,66 m ; cheveux châtains, yeux bleu clair

Profession : cultivateur

A épousé Louise Valérie Brillant : un enfant Louis né en mars 1914

Rappelé le 02/08/1914 au 115e ri

Evacué malade le 30/09/1916, parti en renfort le 01/05/1917

Blessé le 20/05/1917 à Moronvilliers : "plaie au coude gauche par éclat d'obus"

Evacué blessé le 21/09/1917, mort des suites de ses blessures le 23/09/1917 à l' Ambulance 8/4 de Villers-Marmery (Marne)

Inhumé dans la Nécropole Nationale de Villers-Marmery, tombe 541

Médaille Militaire, Croix de guerre

Avec l'aimable autorisation de Mme Marie-Elisabeth Lambert, leur petite-nièce, en visite à la Main de Massiges le 23/10/2016 : "Nous avons été très émus de pouvoir marcher dans les pas de nos ancêtres. Leur quotidien nous saute en pleine figure. C’est dans des lieux comme celui-ci que l’on peut réellement prendre la mesure de cette guerre dévastatrice."

Mme Lambert nous a également adressé la copie d'une partition intitulée PERTHES LES HURLUS de Gabriel Defrance Adjudant Tambour-Major de la Garde Républicaine dédiée à son frère Henri Defrance, partition ayant appartenue à son grand-père paternel Louis, et retrouvée au fond d'une malle. Nous l'en remercions !

 

 

L' ARRIERE GRAND-PERE maternel de notre bénévole Manu BUJON !

André MARCHAND 115e RI

St Cénéry-le-Gérée (ORNE) ; domicilié à Virginy, MARNE

(Avec son frère Georges "gueule cassée", et leur beau-père René Gerny)

Né le 07/12/1897 fils de Zéphir et de Marie Leboindre ; classe 1917, matricule 272 au recrutement d' Alençon.

1,70m ; cheveux châtain clair, yeux bleu jaunâtre

Profession : maçon

Incorporé le 07/01/1916 au 115e ri qui se bat à Massiges jusqu'en Juillet.

Les photos du Capitaine REVEILLARD du 115e ri se rapportent à cette période passée à Massiges (dans CARNETS ET PHOTOS).

Proposé pour changement d'arme le 24/10/1916 pour "rhumatismes articulaires"

Passé au 81e RAL (Régiment d'Artillerie Lourde) le 13/11/1916

Evacué le 01/04/1917, rentré le 07/05/1917

Citation :

"Agent de liaison courageux et dévoué communiquant à ses camarades son entrain et sa belle humeur, a toujours rempli avec exactitude les missions confiées, même sous de violents bombardements à Verdun et sur l' Aisne (d'avril à octobre 1917)"

Passé au ? RAL le 01/04/1918 puis au 85e RAL le 26/08/1918, démobilisé le 25/09/1919

Réformé temporairement, invalidité inférieure à 10% "séquelles de rhumatismes polyarticulaires se manifestant au genou gauche par des craquements légers sans gène des mouvements. Sclérose du sommet droit."

Maintenu réformé en 1923, pension temporaire de 15% pour "sclérose du sommet droit, toux fréquente, anémie, fièvre."

Classé service auxiliaire en 1926 pour "induration légère du sommet pulmonaire droit suite d'intoxication par gaz."

 

A épousé à Virginy le 16/09/1922 Marthe Gerny (couturière) : ils ont eu 3 garçons, René décédé à l'âge de 7 mois, Pierre (grand-père de Manu encore en vie) et René.

Décédé le 26/09/1931 à Virginy, à l'âge de 33 ans.

(Avec l'aimable autorisation d' Yvette Marchand Bujon, et de Manu Bujon, ses petite-fille et arrière petit-fils)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à la MAIN de MASSIGES le 15/03/1916

Charles Raymond HEYMANN 115e RI, 25 ans

Calais, PAS-DE-CALAIS

Né le 11/11/1890, fils de Otto Meyer et de Marie Crochez ; classe 1910, matricule 382 au recrutement de St Omer.

Profession : employé de commerce

1,68m ; cheveux châtains, yeux verdâtres, teint basané

Rappelé au 8e ri le 01/08/1914, passé au 115e ri le 28/12/1915


Charles Raymond Heymann est à droite, accroupi

"Selon les souvenirs familiaux, Charles "Raymond" a été blessé avant d'être muté dans le 115ème" : la photo en est la preuve (Charles Heymann sur son lit d'hôpital, à gauche)

Il est tué par éclat d'obus (un 105) à la Main de Massiges le 15/03/1916, tout comme Pierre Eugène GAUTIER (Mayenne)20ans, Adolphe GOULLENCOURT (Sarthe)25 ans, et 2 autres frères d'arme.

"Le tir commandé sans doute par un observateur d'un Drachen" (JMO)

Drachen allemand de 1916


JMO du 115e ri

(Avec l'aimable autorisation de Marc Heyman, son petit cousin)

 

 

Pierre Joseph ROUSSEAU 115e RI

Quelaines-Saint-Gault, MAYENNE


Annie a retrouvé sa dernière FILLE vivante sur 12 enfants et son PETIT-FILS qui se fait un honneur de recevoir cette plaque trouvée par Jean-Claude Michel, bénévole de l' association.

Né le 10/10/1888, fils de Pierre et de Rosalie Poirier ; classe 1908, matricule 178 au recrutement de Laval.
1,54m ; cheveux blonds, yeux bleus
Profession : cultivateur

Rappelé au 130e ri puis passé au 115e ri le 05/10/1915
Lésion du radial gauche du bras suite à une blessure par balle le 15/07/1916, limitation de l'extension du poignet et des doigts.


A épousé le 09/04/1918 Marie Breton : ils ont 12 enfants dont 6 garçons et 6 filles.
Pension de 30 % (480 frs) en 1921

Avec 9 de leurs enfants

(Avec l'aimable autorisation de Régis Minzière, son petit-fils)

 

 

Soldat anonyme du 115ème RI

"Secteur Main de Massiges. Ancien boyau allemand occupé par nos troupes ; mitrailleuse en position dans un abri souterrain 19.4.1916"

 

 

MORTS POUR LA FRANCE à MASSIGES les 12 et 15/02/1916

Cimetière du ravin de l'Index, Main de Massiges

Au 1er plan, tombes de 3 SOLDATS DU 115e RI tués à la Main de Massiges :

Alexandre PONTONNIER, 21 ans, né le 06/08/1895 à Mayet dans la Sarthe, fils de Constant et d'Alexandrine Brun. Profession : cultivateur. 1m61cm, cheveux châtains et yeux bleus clairs

Eugène GENDRON, 26 ans, né le 11/06/1889 à Lavernat dans la Sarthe

Paul Joseph GUERIN, 21 ans, né le 14/01/1895 à Cheville dans le Maine et Loire

 

 

MORT POUR LA FRANCE à la MAIN DE MASSIGES le 22/06/1916

Paul PAPILLON 115e RI, 32 ans

Boessé-le-Sec, SARTHE

Né le 04/03/1884, fils de feu Victor et Hortense Guillet, classe 1904, matricule 760 au recrutement de Mamers

Profession : journalier

1,58 m ; yeux châtain, cheveux brun

Rappelé au 115e ri le 2 août 1914.

Blessé le 16/09/1914 par éclat d'obus : plaie à la fesse droite

Evacué le 17, sorti le 16/12/1914, retour aux Armées le 20/02/1915

Tué le 22/06/1916 à 19h à l'Index de la Main de Massiges.

Inhumé à la Nécropole militaire du Pont du Marson (tombe n°2131)

(Avec l'aimable autorisation d' Alain Gremillon, son petit-neveu)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES (COTE 180) le 23/06/1916

Théodore SANSON, 19 ans

Noyal S/Vilaine, ILLE ET VILAINE

115e RI, 5e Cie

Né le 25/07/1896, fils de feu Théodore et de Marie Fournier ; classe 1916, matricule 1993 au recrutement de RENNES.

Profession : pâtissier résidant à St Brieuc (Côtes du Nord)

Cheveux bruns, yeux bleus

Le 23/06/1916 à 5h du matin, Théodore décède de blessures de guerre.

Citation : "A été mortellement blessé, le 23 Juin 1916, à Massiges, en exécutant comme volontaire, une reconnaissance dans une sape qui venait d'être occupée par l'ennemi"

Croix de Guerre, étoile d'argent , Médaille Militaire

Il repose à la Nécropole Militaire du Pont du Marson.

( Avec l'aimable autorisation de M et Mme Daniel, venus se recueillir sur la tombe de leur oncle. Nous les remercions pour leur don)

 

 

Emile GUYON 115e RI

Entre Deux Monts, JURA

Né le 02/06/1884 à Entre Deux Monts où il est cultivateur.

Il fait son service militaire au 44ème RI à Lons le Saunier (photo). Rappelé au 60ème RI le 09/08/1914, il passe au 115ème ri en 1915 qui vient de subir des pertes énormes. Avec ce régiment, il va servir de janvier 1916 à juillet 1916 à Massiges, au Bois Sabot, au Mont Têtu, au Mont de la Faux ; à Verdun en 1916 puis dans la Somme et en Champagne en 1917, avant de poursuivre l'armée allemande jusqu'aux Ardennes en 1918.

Il reçoit cette citation pour les combats du 02/06/1916 à Massiges, où " les communications sont difficiles et précaires entre les tranchées impraticables, trop peu d'abris dans un terrain que bouleversent quotidiennement la torpille et l'obus":

"Le 2 juin, de 5 heures du matin à 18 heures 45, heure du déclenchement de l'attaque d'infanterie, tout le secteur est soumis à un tir de torpilles et d'obus de tous calibres.

Des défenses accessoires il ne reste rien. Dans les tranchées de première ligne, bouleversées, nivelées, les garnisons très éprouvées attendent stoiquement l'attaque.

A coup sûr l'ennemi qui surgit derrière le nuage de fumée des derniers éclatements ne croyait pas trouver devant lui tant de gens décidés, répondant au cri d'alarme des guetteurs. Et de 18 heures 45 à 20 heures, les gars ont lutté, contre-attaqué, et finalement ramené chez lui à coups de grenade le bôche qui ne lâche le terrain que mètre par mètre.

8 officiers blessés, 36 hommes tués, 102 blessés, 36 disparus (la plupart ensevelis), tel est le chiffre de nos pertes pour cette journée".

(JMO du 115ème ri)

Il meurt le 14 mai 1926, laissant une veuve et 2 très jeunes enfants : Gratien et Monique.

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Michel Guyon, son petit-fils)

 

 

BLESSE à MASSIGES le 27/07/1916, MPLF le 13/08/1916

Sergent Henri Emile ROHE 115e RI, 30 ans

Moitron, SARTHE

(Plaque trouvée par Eric Marchal, Président de l'association)

Aidée de Mr Aubert de la Mairie de Fresnay sur Sarthe, et après d’ intenses recherches, Annie a retrouvé son arrière petite-nièce, très très émue : elle se fait un grand honneur de recevoir cette plaque et ne manquera pas de venir à Massiges.

Henri Rohé est né le 29/05/1886, fils de Pierre (fabriquant de cercles) et de Valentine Bellanger ; 1 frère Alexandre

Classe 1906, matricule 1022 au recrutement de Mamers.

1,61m, cheveux châtain et yeux roux.

Profession : charron

Hussard de 1ère classe le 07/05/1908

Le 23 mai 1908 à 6h du matin en se baissant pour nettoyer les membres postérieurs de la jument "Fleurissante", celle-ci envoya une ruade et lui occasionna au côté gauche de la figure une plaie continue de la région molaire gauche, plaie qui a nécessité 3 points de suture sans lésion apparente du squelette , ni à l'oeil.

Il épouse Marie Riveau le 25/01/1911 à Beaumont-sur-Sarthe

Rappelé à l'activité le 02/08/1914, passé au 115e ri le 31/08/1915

Nommé Caporal le 21/02/1916, puis Sergent le 01/04/1916

Il a été retrouvé cette 1ère lettre écrite par lui le 19/07/1916 à la Veuve d’un de ses compagnons d’arme sarthois, Henri Voisin :

"Madame, Deux mots seulement pour l' instant, j'ai la triste nouvelle à vous apprendre c'est que votre mari a été blessé mortellement ce matin à 2 h 1/2, il a eût les deux jambes coupées par un obus et c'est lui même qui m'a prier avant sa mort de vous annoncer la nouvelle fatal, car il a vécu encore trois heures environ et sitôt que nous allons être retiré du secteur je vais vous envoyé tous ses papiers" (...)

Suivie de cette autre lettre qui comprend une partie gauche adressée à la Veuve du soldat Voisin, écrite par sa soeur, accompagnée du courrier qu'elle vient de recevoir, de Henri Rohé.

Probablement la dernière lettre écrite -le 07/08/1916- par le soldat :

"Je réponds à votre lettre du 29 juillet et que j'ai reçu ce matin et les causes de ce retard vous allez le comprendre plus bas. Maintenant je vais vous donner tous les renseignements dont j'ai la connaissance alors voilà puisqu'il ne vous avait pas dit où il était moi je vais vous le dire ; nous étions à Verdun sur le plateau de Tiaumont à environ un km à gauche de Fleury. Vous avez pu voir sur les journaux. Il a eût les deux jambes coupées par un obus à 15 cm au dessus du genou et si je me rappelle il était environ 2 heures du matin mais il n'y avait pas d'espoir possible vu la grande perte de sang, il a conservé sa connaissance à peut près une heure et il a du beaucoup souffrir car c'est à bout de sang qu'il est mort. Ensuite je vous dirai qu'il ne faut pas penser le retrouver car il est resté sur le terrain et enterré sur place avec deux camarades ils sont trois dans la même fosse, maintenant une chose que je regrette et que j'avais promis à sa pauvre femme c'était de lui envoyé tout ces papaiers. car avant ça mort il m'avait remis son portefeuil dans lequel il y avait la photographie de sa femme et de son enfant. et aujourd'hui cela n'est impossible car moi aussi j'ai été assez gravement blessé au deux jambes aussi et dans la bousculade j'ai tout perdu, c'est affaires comme les miennes (...)

Rohé Henri sergent 115ème d'infanterie

Hopital auxiliaire n°55, Boulevard d'Argensson, Neuilly, Seine"

Blessé le 27/07/1916 à Massiges alors qu'il combattait aux côtés du Capitaine Reveillard (lu sur les JMO), Henri Rohé décéde 5 jours après avoir écrit cette lettre -le 13/08/1916- à l'Institut Pasteur de Paris des suites de des blessures de guerre : "tétanos traumatique céphalique."

Citation : "s'est distingué en maintes circonstances. Pendant les journées du 16 au 26 juillet 1916 en particulier et assumé la liaison, avec une division voisine, d'un terrain violemment battu par l'artillerie lourde. A rempli sa mission avec zèle, intelligence et grande bravoure. Sergent venu de la Cavalerie a gagné ses galons de Sergent depuis son arrivée à la Cie".

Inhumé au Carré Militaire de Bagneux (92) carré 9 rang 10 tombe n°57

(Avec l'aimable autorisation de Madame Annie Trebaol, son arrière petite-nièce)

 

 

Louis BELLANGER 115e RI

La Chapelle-St-Rémy, SARTHE

(Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant)

Annie Mandrin a retrouvé sa PETITE-NIECE de 83 ans, grande joueuse de Bridge ce qui a permis de la retrouver, ainsi que son PETIT-NEVEU, très émus !

Né le 18/12/1872, fils de Louis Bellanger et Pauline Perrine ; 2 frères et 1 soeur

Classe 1892, matricule 1374 au recrutement de Mamers.

1,55 m ; cheveux châtains, yeux bruns

En 1897, épouse Jeanne Portebois (marchande de beurre) à Paris 5e

En 1908, condamné à 100 francs pour falsification de lait et mise en vente.

Profession : Confiseur à Paris 5e, résidant 6 bis rue des Ecoles.

 

Mobilisé au Service GVC du gouvernement militaire de Paris du 12/10/1914 au 09/03/1915

Arrivé au 115e RI le 12/04/1915

Classé Service Auxiliaire en novembre 1916 pour "emphysème généralisé".

Dégagé de toutes obligations militaires et pension permanente de 10 % pour "emphysème pulmonaire léger".

Ernest Bellanger, frère de Louis, et grand-père de Philippe Bellanger. Il a eu la Légion d'honneur

(Avec l'aimable autorisation de Mme Françoise Barbezat et de Mr Philippe BELLANGER, ses petite-nièce et petit-neveu) 

 

________________________

21 Février - 9 Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Janvier-Juillet 1916 : Main de MASSIGES

Août-Octobre 1916 : Butte-du-Mesnil

________________________

 

"La nouvelle année apporte au 117e une périlleuse mission : la garde de la Main de Massiges (janvier– juillet 1916). Enlisé dans les boues de ce secteur difficile, il s’acquitte de longs et pénibles travaux par un hiver rigoureux exécutant de nombreux coups de main et parant ceux de l’ennemi". (JMO du 117e ri)

 

Combats de MASSIGES de Décembre 1915 à Juillet 1916

René CAUCHEFERT

Neuilly Saint Front, AISNE

101e RI, 117e RI (3e Cie)

Né le 05/10/1886, fils de Louis et Marie-Edith Bombart ; classe 1906, matricule n°708 au recrutement de Soissons.

1,65m ; cheveux noirs, yeux bruns

Engagé volontaire pour 3 ans au 67e RI ; soldat de 1ère classe le 11/04/1906 puis Caporal le 18/09/1906.

Instituteur à l'école du centre de Soissons, il est mobilisé en Août 1914 au grade de Sergent au 267e RI, avec son frére ainé Fernand.

Lors de la retraite de Belgique, René Cauchefert est blessé à St Quentin le 29/08/1914 : "plaie en séton par baionnette avant-bras droit" ; son frère est lui blessé par balles à la hanche et à la tête en repartant chercher son Capitaine également blessé (a été cité).

 

René et Fernand Cauchefert

Rentré au dépot le 20/10/1914.

Passé au 9e Bataillon du 10e1 RI le 01/12/1915 puis au 117e RI (3e Cie) le 21/03/1916, René restera à Massiges et son secteur plusieurs mois.

Depuis le 06/12/1915, le 101e RI relève le 142e RI au sous-secteur Ouest de Massiges (Oreille, Cratère et Poste de secours).

Extraits du JMO :

Du 7/12 au 14/12/1915 : bombardements quotidiens du Cratère et de l'Oreille par obus 77 et 105, et obus lacrymogènes (12/12). Travaux nettoyage et entretien.

14/12 : relève par le 142e RI. Repos à Dommartin-sous-Hans

22/12 : relève du 142 et d'un bataillon colonial. La Cie de René Cauchefert prend position dans le village même.

24/12 : journée calme. Bombardement de Virginy, du Cratère et de la Verrue par obus 77 et 105.

 

Lettre écrite probablement à cette date par René Cauchefert :

"Cher oncle, chère tante,

Me voici en Champagne, en arrière du front avec les petits bleus de la classe 16. Comme mon adresse vous l'indiquera j'ai quitté mon régiment pour être affecté au 101e RI. J'ai quitté Dreux le 1er, deux jours après mon retour de permission. Je ne puis vous dire combien le départ a été pénible pour tous. Il est vraiment dur de

quitter son pauvre Papa dans l'état où je l'ai laissé et de le sentir souffrir toujours atrocement. Depuis mon départ je n'ai eu aucune nouvelle rassurante.

Aucune amélioration n'est apparue. Elle est cependant bien désirée et bien demandée. Le mieux est d'être courageux et de chasser l'ennui quand il nous prend.

Courageux, je le suis. (...)

Depuis que nous sommes arrivés il pleut tous les jours et nous pataugeons dans la boue crayeuse. Les pieds sont toujours dans l'eau ; malgré tout je ne suis pas enrhumé.

Nous sommes dans un malheureux petit village pauvre qui compte 130 âmes et qui abrite 750 hommes. Il est impossible de se ravitailler et il est défendu de franchir ses limites. C'est très difficile de se procurer même du lait. C'est vous dire combien les ressources sont restreintes.

Je couche dans la paille avec les 30 hommes de ma demi-section. (...) Mes hommes et mes camarades sont très gentils avec moi. Mes chefs sont bons, mais la discipline est sévère.

Fernand m' écrit. Papa a toujours de la fièvre et souffre de son bassin et des jambes. Que de souffrances il endure !" (...)

C'est à Massiges que le régiment reçoit l'ordre de partir pour Verdun en Juillet 1916.

Citation :

Après Verdun, le 117e RI est ramené en Champagne où lui est confiée la défense du secteur de la Butte-du-Mesnil (Août à Octobre 1916) avant de partir pour la Somme.

Nommé Adjudant le 12/08/1916.

Blessé grièvement à Moronvilliers le 15/05/1917 : "2 éclats d' obus au bras droit, humérus fracturé, vaste plaie de la région sous-claviculaire par éclat d'obus ; le projectile est passé à quelques millimètres de l'artère carotide et de la trachée artère." 

Citation : "Sous-Officier doué des plus belles qualités militaires. Grièvement blessé en dirigeant un ravitaillement en munitions sous un violent tir d'artillerie, après avoir donné pendant la période du 3 au 15 mai des preuves quotidiennes de courage et de dévouement."

Croix de guerre et Médaille Militaire.

2 ans lui seront nécessaires pour se rétablir.

Classé Service Auxiliaire le 12/02/1919, pension permanente de 15% pour "séquelles de fracture compliquée de l' humérus droit avec adhérences. Faiblesse du membre."

"Il reprit son emploi d'instituteur aprés la guerre puis devint directeur de l'école du Bussy s/Aisne et Soissons.

Aprécié dans la famille pour sa trés grande gentillesse et douceur, il ne parlait jamais de cette période douloureuse de sa vie pasée dans les tranchées.

Il mourut en 1957 à l'âge de 71 ans de polyarthrite (il a du laisser plusieurs années d'espérance de vie dans la boue du front)." 

Monsieur Rémi Cauchefert , son petit-fils.

 Avec son aimable autorisation.

 

 

BLESSE à la MAIN DE MASSIGES le 03/03/1916

Marcel BOUQUET
Mansigné, SARTHE
Soldat Téléphoniste de 1ère classe du 117e RI, 6e Cie
CHR


(Moment de douceur dans ce monde de brutes)

Né le 11/08/1889, fils de Jean Baptiste et de Marie Poyer ; Classe 1909, matricule n°137 au recrutement de Le Mans.

TIreur d'élite.

Profession : Aide de culture
1,74m ; cheveux châtain foncé, yeux bleus.

Marcel fait ses classes au 141e ri

(Le 2e en haut à gauche)

 

Le 03/08/1914, il est rappelé à la 4e Cie du 117e ri

(Assis avec son fusil)

Blessé le 06/09/1914 à Meaux : "écrasement du gros orteil".

Passé le 11/09/1914 à la 29e Cie puis le 07/10/1914 à la 6e Cie.

(Marcel Bouquet en repos)

(A gauche,pour une pause café dans les tranchées)

Blessé le 03/03/1916 à La Main de Massiges, "plaie coude droit et jambe gauche par éclats d'obus."

Citation : "Excellent téléphoniste, a fait vaillamment son devoir en toutes circonstances. Blessé le 3 mars 1916, à la Main de Massiges."
Croix de Guerre, Etoile de Bronze


Evacué le 02/12/1916 à l'hôpital pour "oreillons". Rentré au dépot le 18/01/1917 pour repartir peu après aux Armées.

(Assis, avec le chien à ses pieds)

(Assis à gauche, de corvée d'épluchage de pommes de terre)

En 1918, son régiment se distingue et reçoit cette citation de PETAIN :

"A poursuivi l'ennemi en combattant pendant plus de 40 jours, libérant 70 km (...) A fourni dans les derniers jours de la poursuite un effort considérable, marchant jour et nuit, sans repos, sans abris, sous une pluie battante, irrégulièrement ravitaillé par suite des destructions des routes, arrêté à tout instant par des mitrailleuses ennemies, battu sans cesse par l'artillerie dverse. A foncé malgré tout en avant, précipitant le repli d'un adversaire tenace, lui infligeant des pertes sérieuses, lui faisant des prisonniers et capturant un matériel considérable".

Nommé Caporal le 08/03/1919 ; il épouse cette même année Marie Jaunay.


Maurice Bouquet est décédé le 19/04/1978 à Luché-Pringe.

(Avec l'aimable autorisation de Didier Péan, son petit-fils, en visite à Massiges avec son épouse le 25/07/2016)

 

 

DISPARU MPLF à la MAIN DE MASSIGES le 12/02/1916

Edmond MARTIN 117e RI, 21 ans

Bruay, PAS-DE-CALAIS

Né le 26/05/1994, fils d'Edmond et de Palmyre Piette, Classe 1914, matricule 2175 au recrutement de Béthunes.

1,62 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : mineur

Marié le 14/03/1914 à Fortunée Pontet.

Incorporé au 73e ri le 01/09/1914

Passé au 117e RI le 28/12/1915 :

Tué à la Main de Massiges le 12/02/1916, son corps ne sera jamais retrouvé.

 

 

MORT POUR LA FRANCE à la MAIN de MASSIGES le 06/03/1916

Noël LEVEAU 117e RI, 40 ans

Chevillé, SARTHE

Né le 01/06/1975, fils de feu Louis et de Nathaliie Rabeau ; classe 1895, matricule 291 au recrutement du Mans.

1,69 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : domestique

Condamné le 22/01/02 à 16 fr d'amende pour chasse sans permis

Rappelé au 117e ri le 01/08/1914

Tué à l'ennemi à Massiges le 06/03/1916


(Avec l'aimable autorisation de Mme Isabelle Simon venue à Massiges sur les pas de son arrière grand-père)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à LA MAIN DE MASSIGES LE 08/04/1916

Caporal Auguste LUEGER 117e RI, 21 ans

Paris, SEINE

Né le 03/01/1895, fils de Louise Lueger (sa mère était mariée avec un Mr Darras qui lui a retiré son nom en 1911, il a donc repris le patronyme de sa mère), une soeur.

Classe 1915, matricule 4408 au recrutement de la Seine 1er bureau.

1,69 m ; cheveux châtain, yeux jaunes

Profession : monteur

Incorporé le 19/12/1914 au 117e ri

Citation le 24/10/1915 : "Dans des circonstances très difficiles, s’est porté courageusement en avant

à quelques mètres du réseau de fil de fer ennemi pour assurer la progression de la Compagnie".

Depuis le mois de janvier 1916, le 117e ri se bat à la Main de Massiges, "enlisé dans les boues de ce secteur difficile, il s’acquitte de longs et pénibles travaux par un hiver rigoureux exécutant de nombreux coups de main et parant ceux de l’ennemi". (JMO)

Nommé Caporal le 07/02/1916

Auguste est l'un d'eux...

Inhumé sous le prénom de Paul Auguste Lueger, à la Nécropole Nationale du Pont-de-Marson, tombe n°1561

(Avec l'aimable autorisation d' Alain Lamothe, son petit-neveu)

 


MORT POUR LA FRANCE à la MAIN DE MASSIGES le 27/05/1916

Eugène DEMESSINES 117e RI, 33 ans

Cappelle, NORD

Né le 15/10/1883, fils de Charles et de Eugénie Guelemme ; classe 1903, matricule 2192 au recurtement de Lille.

1,69 m ; cheveux châtain, yeux gris

Profession : ouvrier agricole.

Marié, il était père de 2 enfants : Madeleine et Albert.

 

Rappelé le 12/08/1914 ; passé au 78e ri le 18/12/1914 puis au 117e ri le 31/12/1915.

Tué face à l'ennemi le 27 mai 1916 à la Main de Massiges.

 

 

Paul Henri MANCON 117e RI

Fontenay-sur-Orne, ORNE


Plaque trouvée par Albert Varoquier dans le secteur de Massiges. Ce soldat aurait perdu sa plaque à cette période :

"En 1916, la nouvelle année apporte au 117e une périlleuse mission ; la garde de la Main de Massiges (janvier – juillet).
Enlisé dans les boues de ce secteur difficile, il s’acquitte de longs et pénibles travaux par un hiver rigoureux exécutant de nombreux coups de main et parant ceux de l’ennemi"
. (Notice historique sur le 117e ri)

Grâce à un cousin Bruno Vivier, Annie a retrouvé ses PETITS-ENFANTS et nombreux arrière petits-enfants.

"Je salue votre généreux travail , vous réitère mes plus vifs remerciements et vous assure de ma reconnaissance . 

J'ai été profondément touché par votre appel . Une intense émotion m'a envahi , que vous avez dû percevoir . La gorge serrée , j'ai cru que j'allais " craquer " avant la fin de notre entretien . 

Notre grand-mère , l'épouse de Paul Mançon , institutrice de campagne , merveilleuse de tendresse , de générosité , de courage ( lors de la 2ème guerre , elle a " usé " de ses fonctions de secrétaire de mairie pour soustraire - ou fausser - à l'occupant , à ses risques et périls , un certain nombre d'informations sur tel ou tel , non sans prévenir l'intéressé d'avoir à se faire oublier ) , a gardé en elle , par pudeur , par délicatesse et pour nous épargner , le souvenir de l'indicible douleur causée par la perte , en quelques années , d'un enfant de 9 mois et d'un mari de 29 ans . Je pense aux nombreuses mères , aux nombreuses épouses qui ont vécu , parfois seules et démunies , cette tragédie innommable . Le plus souvent sans la moindre reconnaissance .

Notre grand-père va pouvoir prendre la place qu'il mérite et rejoindre notre grand-mère dans nos cœurs et notre mémoire . 

Merci infiniment à vous Madame et à votre association" . (Jean-Claude Decaen, son petit-fils)

Né le 08/06/1895, fils de Théodore et de Pascaline Mançon (Morte Pour La France dans un bombardement le 06/06/1944) ; 8 frères et sœurs.

Profession : Boucher

1,64 m ; cheveux blonds, yeux bleu

Classe 1915, matricule 162 au recrutement d' Argentan

Parti aux Armées le 31/03/1915

Passé au 243e ri le 12/06/1915

Evacué le 10/10/1915, reparti aux Armées au 117e ri le 29/12/1915

Citations :

- « Bon soldat. A courageusement rempli son devoir dans la journée des 18-18 et 20/07/1916 et 1er et 2 août. A notamment demandé à faire partie des 2 patrouilles qui ont été effectuées dans des circonstances particulièrement dangereuses. »

- "Très bon soldat intelligent, très brave au feu. S'est distingué notamment lors des attaques des 20 et 23 mai 1917".

Nommé Caporal le 05/06/1917

Blessure : Hydarthrose genou gauche le 11/03/1918 au Mont-Haut, il était en partie enterré sous un abri effondré.

Blessé évacué le 11/03/1918, rentré au dépôt le 19/06/1918, déclaré inapte 2 mois

Croix de Guerre - Etoile de Bronze

A épousé Jeanne Magenham (Institutrice) ; 2 enfants : Jean décédé en bas-âge, et Paulette

Décédé le 28/04/1925 à Ménil-Froger.

 

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Septembre-Octobre 1915 : Perthes-les-Hurlus, la Brosse à dents, bois des Echelons

Octobre-Décembre 1915 : Perthes, Mesnil

Février 1916 : la Brosse à dents

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BLESSE à TAHURE le 08/10/1915

Isidore CARIOU

Plogastel St Germain, FINISTERE

118e RI, 12e Cie

(Pendant son service au 13e régiment des Cuirassiers)

Né le 05/06/1886, fils de Marc et de Marie Louise Struilliou ; classe 1906, matricule 3310 au recrutement de Nantes.

Profession : cultivateur

1,75m ; cheveux châtain, yeux bruns

Incorporé le 02/10/1907 au 13e Cuirassiers.

Rappelé à l'activité le 03/08/1914 et affecté au 3e régiment de Dragons. Par excès de nombre, affecté au 118e ri, 12e Cie.

Pendant l'Offensive de Champagne, le régiment est engagé dans les combats de Tahure (aujourd'hui village disparu).

A l'approche du 25 septembre, les hommes se préparent : "Chaque homme emporte deux jours de vivres de réserve et un jour de vivres ordinaires......En principe tous les hommes conserveront leur sac qui constitue avec le casque un ensemble protecteur très efficace. Il sera allégé et contiendra seulement...vivres...la toile de tente servant à arrimer les vivres, 2 sacs à terre. Chaque homme portera en outre l'outil au ceinturon, 250 cartouches, un bidon de 2 litres..., le masque, les lunettes, le paquet de pansements, la calotte de campagne dans les poches de la capote, 2 grenades (4 pour les nettoyeurs) ...... Les nettoyeurs de tranchées seront armés de couteaux et de révolvers et seront munis de quelques grenades pour le nettoyage des abris qui seraient encore occupés.... Objets non emportés par les hommes, souliers, ustensiles de cantonnement, chandails ou tricots.
Ce 25 septembre, il pleut et la nuit précédente a été très froide. Au matin, les hommes sont transis.
Après trois jours de bombardement sans interruption des positions allemandes par notre artillerie, Les baïonnettes sont mises au canon.

Cette journée du 25/09/1915 a été pour le 118ème l'une des plus glorieuses. Que d'actions d'éclat individuelles ou collectives n'aurait-on pas à signaler ! Pendant toute l'action notre beau régiment à déployé une énergie, un sang-froid remarquable. Allant droit au but, sus au boche, sur l'objectif assigné, sans se soucier de danger, au mépris de la mort. Il a arraché à l'ennemi, sur une profondeur de plus de 4 kilomètres, tout un système de tranchées et de boyaux fortement organisés. Il a fait plus de 500 prisonniers, pris des canons, des mitrailleuses, des lance-bombes et un matériel considérable d'armes, de munitions, d'équipement, de dépôts de génie. Mais ce beau succès nous a coûté cher et dans la soirée, on se compte." (JMO du 118e RI)

"Tandis que des averses de pluie se succèdent, les journées du 26 et 27/09 se passent sans combats, hormis quelques échanges de tir et surtout d'intenses bombardements allemands sur les positions françaises. Le 28 septembre, il pleut encore. Les troupes se rangent en ordre de bataille dans le but d'attaquer la brosse à dent. La compagnie de mon grand-père reste à sa place. Chacun travaille à améliorer les tranchées autant que le feu ennemi le permette.
Le 29/09 la pluie n'a pratiquement pas cessé de la journée. A 16h l'attaque est déclenchée mais elle échoue, stoppée par le feu allemand. Le 30/09, une nouvelle attaque est préparée. Le 118ème attaquera par l'ouest. La journée est consacrée à la réalisation de boyau permettant d'approcher des ennemis. Les 01 et 02/10, les préparatifs se poursuivent. Dans la nuit, le bataillon de mon grand-père creuse un boyau de communication entre la première et la deuxième ligne d'attaque. Les deux journées suivantes, le bombardement allemand s'intensifie encore provoquant des pertes sérieuses.
Dans la journée du 04/10, l'artillerie française pilonne les positions allemandes de la brosse à dent. La compagnie de mon grand-père est en réserve au bord de la route de Tahure.
Ce lieu de combats très dur, a valu la création d'une chanson par les poilus :

"Te souviens-tu Titinne, des Culbutes,
Tout là-haut, tout là-haut, sur la Butte,
Sur la butte de Tahuré,
Face aux casques pointus
Sous la mitraille et les Obus.
As-tu vu Guillaume ? Guillaume est foutu !
(Philippe COËNT)


"Le 05/10 dans la matinée, le régiment évacue la tranchée 6877 pour permettre à notre artillerie de bombarder le bois 6981 où sont retranchés les allemands. Celui-ci va durer la journée entière et au soir, le régiment réoccupe la position 6877.

Le 06/10 : grâce au brouillard les 3 Bataillons établissent leurs tranchées à 200 m au Nord de la tranchée de Constantinople.

Dans la nuit, à une heure du matin, quelques hommes sont choisis pour couper les fils de fers protégeant les positions allemandes. Les hommes désignés ne portant rien sur eux qui puisse faire du bruit et tout en restant couché, coupent les fils et font de nombreuses brèches en élevant seulement leurs bras armés de cisailles. A 4 heure du matin, il existait trois grandes brèches permettant le passage de l’attaque.

Les hommes dans un magnifique élan traversent la tranchée de Constantinople, descendent le ravin, prennent à revers les allemands qui se trouvent dans le manche de la brosse et n'écoutant que leur courage dépassent la lisière sud qui leur avait été assignée comme limite. Ils poussent jusque vers 7778 facilitant ainsi dans une très large mesure l'enlèvement par le 19ème de la tranchée nouvelle. On a beaucoup de peine à ramener ces hommes qui avaient été beaucoup trop loin." (JMO du 118e RI)

"Plus tard, mon grand-père dira à ses enfants qu'il ne pourrait raconter ce qu'il avait vécu, tant ces histoires étaient horribles".
(Philippe COËNT)

07/10/1915 : "cette journée est terrible. Le bombardement ne cesse pas. L'ennemi se sert d'obus à gaz asphyxiant. La situation est très dure.

08/10/1915 : Pour les 3 Bataillons, départ à 4h du matin avec mission de s'emparer des extrémités Est de la tranchée de Constantinople et du manche de la Brosse à dents et de s'établir sur la lisière Sud de ce dernier (...) dès 9h du matin toute la Brosse à dents était entre nos mains." (JMO du 118e RI)

Isidore Cariou est blessé par balle explosive : "plaie pénétrante de l'oeil droit."

"C'est ce jour-là, que mon grand-père a été gravement blessé. Son lieutenant voulait faire passer un message et trois estafettes venaient d’être tuées au sortir de la tranchée. Isidore s’est alors porté volontaire pour effectuer la mission. Mais là encore, au sortir de la tranchée, il reçut une balle explosive qui pénétra sous son nez et ressorti par son œil, lui arrachant une partie du visage. Un autre éclat restera planté à vie derrière son crâne, car inopérable, et il en souffrira toute sa vie.
Il entre à l'hôpital le 10/10/1915 et est évacué le 01/11/1915 vers l'hôpital ophtalmologique de Lyon. Le 08/11, il était procédé à l'énucléation de son œil droit."
(Philippe COËNT)

(Billet médical)

Réformé le 28/01/1916, Isidore est renvoyé dans ses foyers le 01/02/1916 avec une pension de guerre de 644 francs.

Citation :

Croix de guerre avec palme et Médaille Militaire


"Corentin Cariou, frère de mon grand-père meurt à l'hôtel Dieu à Paris le 28 octobre des suites des blessures reçues au combat".

(Avec l'aimable autorisation de Philippe COËNT, son petit-fils, en visite à Massiges le 20/05/2017. Il a retranscris tout le parcours de son grand-père, nous contacter)

 

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Mars 1915 : Ravin des Cuisines, Butte-du-Mesnil, Fortin de Beauséjour

Mars-Août 1915 : le Trapèze, Fortin de Beauséjour

Septembre-Décembre 1915 : Perthes-les-Hurlus, Tranchées de la Vistule, Côte 193

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MORT POUR LA FRANCE aux TRANCHEES DE LA VISTULE le 31/10/1915

Casimir ROUQUAIROL, 23 ans

Curvalle, TARN

(Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant)

Annie aidée de Robert a retrouvé son PETIT-NEVEU.

Né le 26/02/1892 à Curvalle, fils de Jean et Rosalie Molinier, 4 frères et soeurs ; classe 1912 recrutement d'Albi, matricule 679. Il était célibataire.

Tué à l'ennemi le 31 octobre 1915 aux tranchées de la Vistule

Inhumé à la Nécropole Nationale "la Crouée", tombe individuelle n° 3579.

 

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Mi Février-Mars 1915 : Perthes-les-Hurlus

Décembre 1915 à mi- Janvier 1916 : Virginy, Arbre aux Vaches

Fin Janvier 1916 : Mont Têtu / Février-Mars 1916 : Oreille, MASSIGES

Juillet 1916 : Arbre aux Vaches, Ville-sur-Tourbe

Septembre 1916 : Mont Têtu, Verrue

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Sergent Isidore Henri RAVARY

La Gravelle, Mayenne

En mars 1915 après sa 1ère citation puis en octobre 1915

Né le 9 Mai 1892, fils de Joseph et de Jeannette Pinçon ; classe 1912, matricule 90 au recrutement de LAVAL.

1,63 m ; cheveux blonds foncés, yeux orangés-verdâtres

Profession : cultivateur puis facteur après la guerre

 

ENGAGE VOLONTAIRE au 124e ri en 1913.

Caporal le 02/09/1914 puis Sergent le 06/10/1914 (photo)

Depuis le 16/02/1915, le 124e ri se bat dans le secteur de Perthes-les-Hurlus (Bois des 3 sapins)

Le 19/02/1915, Isidore Ravary est blessé par balle à Perthes-les-Hurlus.

Avec lui, 600 hommes sont mis hors de combat.

Isidore RAVARY reçoit une 1ère citation :

Citation : "Coup de feu à l'avant-bras ayant occasionné fracture du cubitus à Perthe-les-Hurlus. S'est offert pour aller reconnaitre les positions ennemies, s'en est approché jusqu'à 50 m et a été blessé".

Rentré au dépot le 07/10/1915 suivi d' un séjour de 3 mois comme instructeur à sa caserne d'origine, la caserne Schneider à Laval, il repart aux Armées le 07/02/1916 et rejoint son régiment qui se bat depuis janvier dans le sous-secteur agité de Massiges (Virginy, Arbre aux vaches, Oreille, Mont Têtu) d'où il est évacué malade (pneumonie) le 29/03/1916.

Rentré au dépôt le 19/07/1916, il repart aux Armées le 09/09/1916 mais au 415ème ri, il continue de combattre dans la Somme, en Champagne et à Verdun en 1917.

Le 14/03/1918, chef de corps francs,il effectue un coup de main dans le secteur du Téton (Monts de Champagne) qui lui vaut une 2ème citation :

Citation : "Sous-Officier d'une grande bravoure et d'un sang-froid remarquable le 14/03/1918 faisant partie d'un détachement chargé d'effectuer un coup de main et se trouvait avec ses hommes dans un abri de 1ère ligne au moment où un obus éclatant à l'entrée d'un abri y a causé de nombreuses pertes par intoxication. A organisé de suite les secours cherchant à dégager les personnes atteintes jusqu'au moment où, tombé sans connaissance, il dut à son tour être sorti de la sape".

Le 30/04/1918, il est remis dans le secteur des Marquises où il est fait prisonnier le 17/07/1918 et envoyé de Wez à Giessen et Sagan en Allemagne.

Rapatrié le 26/12/1918 puis repassé au 124e ri le 28/01/1919

En 1920, classé affectation spéciale 4e section de chemins de fer de campagne en qualité de facteur enregistrant à la Guierche (sarthe).

Réformé définitivement le 21/05/1928 pour "amputation 1/3 inférieur jambe droite, accident survenu dans ses foyers".

"Suite à son accident survenu en gare de la Guierche, il est muté à la gare d' Alençon (Orne), service des expéditions, ceci jusqu'à sa retraite en 1951.

Marié en 1922, il a eu trois enfants, deux fils et moi la cadette.

Il est décédé le 05/06/1966 d' une longue maladie".

(Avec l'aimable autorisation de Jeanne Escande, sa FILLE, en visite à Massiges le 23/10/2016)

 

 

BLESSE à la MAIN DE MASSIGES le 07/03/1916

Albert HIBOUX 124e RI

Chantrigné, la MAYENNE

Né le 08/05/1883, fils de Jean et de Marie Rousseau ; Classe 1903, matricule n°1095 au recrutement de la Mayenne.

1,62m, cheveux noirs, yeux bleus.

Profession : Cultivateur
Rappelé au 130e ri le 01/08/1914, passé au 124e ri le 03/10/1915.
 

Evacué le 14/11/1914 à l'Hôpital de Verdun puis le 18/12/1914 à Nice. Rentré au dépot le 23/01/1915.

Depuis mi-février 1915, le 124e ri se bat dans le secteur de Massiges.

 

Le 2 Mars 1916, Albert HIBOUX écrit cette longue lettre à sa femme Maria :

"Ma cher petite femme

(...) je suis dans un petit poste avancée je suis tout seul je suis assée tranquille je suis comme les poules (...) il faut espérai que l'hiver prochain ons le passera chez nous ma cher Maria voilà une an le 5 de se mois la que je partai pour aller passée 2 mois mais sette année ils ne sont pas si généreux ils ne veulent seulment pas donner de 7 jours"

"ils disent que sétait les trains qui était trop encombrai par les troupes qui venait de Verdun car y parais que sa chie par labas (...)

"Je nai pas encre écrit à ton frère car j'ai eu la fleme ons a guere était tranquille pendant que long à était aux repos le premier jour jai battu le 2eme aller aux douches aist netoiyai les fusils apres le vaxin le lendemain malade le sour lendemain ons à parti 3 kms plus en avan aist la ons à fait de l'exersice jusquau jour que long à parti. Voila notre repos aprai avoir passée 8 jours dans les tranchées aist avoir fait plus de 20 kms dans la nuit aist arrivai 4 heures du matin aist le vaxin par sur le marchais nous rend malade comme des cheveaux (...) je te promet que jaimerai mieux que se soit toi qui me vaxine que les major du 124 (...)

 

(...) je vais te dire que la lettre que je te fait je las fait au sons du cannon jaimerai mieux aitre dans notre jardin. De ce bon temps la à faire des planches je ne sai pas avec coi tu le fumeras sette année tu ferai bien de demandai une camionnais de fumier (...)

ton Hiboux qui taime aist qui tembrasse pour la vie Hiboux et jai que un petit bou de creon jai perdu mon autre ils etait tout neuf"

 

Le 06/03/1916 combat à la grenade au Mont Têtu.

Le 07/03/1916 : bombardement d'une moyenne intensité mais presque continu du Mont Têtu et de l'Oreille à Massiges.

Pertes : 2 tués, 6 blessés."(JMO du 124e ri)

Blessé le 07/03/1916 à Massiges par éclats d'obus au côté, au cou et au visage.
"Blessure côté gauche, petite parcelle métallique de la grosseur d'un grain de plomb n°6, au niveau de la 1ère vertèbre dorsale. Gêne de la ventilation pulmonaire."

Evacué le 07/03/1916 à l'Hôpital de Châlons/Marne

Citation : "Soldat très brave, a été grièvement blessé en plaçant des fils de fer en avant d'une tranchée sous un violent bombardement".

Croix de Guerre

Le 10 Mars 2016, il informe sa femme de sa blessure :

 

Le 15 Mars 1916, il lui écrit une longue lettre :

" tu sais les boches n'ont pas voulu que je mange ton poulet je le recevai à 10 du matin aist à 10 du soir ils menvoiyai de loie (?) jai encore eu de la chanse Leroy henri aist mon caporal ons était tué auorès de moi tout (?) par la meme aubus elle a tombai aux milieu de nous ils y a eu que moi à restai ils y avait 4 jour que sela durai tous les jour la veille ils avait tombai une aubus sur le bord de la tranchées elle avait entairai 5 bonhommes jai était obligai de les détairée aist gen aist eu pour toute la nuit à la refaire Leroy aist moi tu vois peutetre une heure avan ons travaillai ensemble ils parlai de la fin de la guère que l'aumonnier avait dit que long la voirai je lui disait que des fois elle était bien pres aist que long ne pourai bien las voire une heures après ils était mort aist il a deux gosses ils aist marié avec Daligot

sait malheureux pour elle aist moi qui devait ment aller le soir que les permissions ons aurait

enfin siait peut aitre une chanse pour moi si je peut men aller dans le midi jaurai toujour ma permision

jai beaucoup de visite jai mon capitaine qui vien me voire tous les jour le commandant le medesin de notre regiment ils aist venu le lendemain pour voire si je le connaisai car quand jai était blessée ils ny avait personne avec moi tout le monde était logée dans leur trous je me suis débrouillée tout seul après le bonbardement ils ny avait seulment pas d infirmier ils voulait que je reste jusque atan quil aist près moi. quand jai vu sela jai parti jusque aux post de secour aist ils mon fait mon pensement, aist le médecin a dit quil fallait memportai ils voulait que je sorte du poste tout seul mais le médecin na (pas)voulu javais plein mes soulier de sang

je ne sais pas si tu pouras lire ma lettre ils y a un petit boches auprès de nous que lon soigne tu demanderas à la constanse si faut que ons lui garde" (...)

 

Le 19 Mars 2016 :

"Ma cher petite femme

je tecris ses quelques mots pour te donner des nouvelles de ma santée qui sont toujours bonnes jespaire que ma carte te trouvera de meme. Je suis toujour à lambulanse je pense ne pas y aitre longtemps (...) jai encore une operation à faire ils devait me la faire mais hiair aist ils ne long point fait aist aujourdhui les médecins font un festin ils mon dit que javais eu mille chanse de na pas aitre tué enfin je mange a présent aist sa va bien le sidre aura le temps de se faire pour que jaille le boire. Je m'ennui bien d aitre afectai dans un opital pour te donner mon adresse car comme sela je ne sai pas si tu recoi mes lettres aist je suis toujour san nouvelles (...)

ton hiboux qui taime aist qui tembrasse pour la vie".

Rentré au dépot le 03/02/1917 puis renvoyé dans ses foyers le 03/11/1917

Pension de 240 frs le 24/02/1921
 

(Avec l'aimable autorisation de Léandre Lançon, son arrière arrière petit-fils en visite avec sa famille à la Main de Massiges le 25/07/2016 : "passionné de la Grande Guerre depuis tout petit, j'emmène mon grand-père sur les pas de son propre grand-père dont il était très proche. Albert Hiboux fut blessé et évacué le 7 mars 1916 à la main de Massiges, en plaçant des barbelés devant la tranchée française." )

Tombé à ses côtés...

MORT POUR LA FRANCE devant MASSIGES le 07/03/1916
Henri Léon LEROY 124e RI, 31 ans

Ambrières, la MAYENNE

(Photo de sa sépulture à venir)

Né le 28/11/1884, fils de Jean François et de Victorine Blotière ; classe 1906, matricule n°680 au recrutement de la Mayenne.

1,71m, cheveux noirs, yeux bleus

Profession : Cultivateur

Rappellé à l'activité le 01/08/1914 au 130e RI ; passé au 124e RI le 03/10/1915

Décédé le 07/03/1916 de blessures de guerre

Primo-inhumé route de Massiges à Virginie près du ruisseau, ré-inhumé au Cimetière du Pont de Marson tombe 17 C rangée 5 (puis tombe n°4916 en 1923).

 

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Janvier-Mars 1915 : Ferme de Beauséjour, Fortin de Beauséjour

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DISPARU MPLF au Combat de BEAUSEJOUR le 15/03/1915

Jean PIJASSOU, 25 ans

Sorges, DORDOGNE

Né le 05/05/1889, fils de Jean et de Marie Dumas ; Classe 1909, matricule 1260 au recrutement de Périgueux.

Profession : cultivateur

1,56 m ; cheveux blond, yeux vert.

Rappelé le 01/08/1914 au 138e ri, passé au 165e ri le 25/02/10915 puis au 127e ri le 01/03/1915.

"Le 15 mars 1915, à 5h45 le 3e Bataillon est attaqué et perd une tranchée. A 12h une contre-attaque, faite par le 3e Bataillon, lui fait reprendre la tranchée perdue" (JMO du 127e ri).

Les pertes sont de 15 tués, 75 blessés et...90 disparus ! Jean Pijassou en fait partie. Il ne rentrera.
Probablement relevé, il repose aujourd'hui à la Nécropole Militaire du Pont de Marson, parmi les 12000 soldats non identifiés.

(Avec l' aimable autorisation de Mme Danielle Jacky, sa petite-fille)

 

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Septembre-Octobre 1915 : Tahure, Tranchée de la Vistule

Janvier-Décembre 1917 : Butte-du-Mesnil, Beauséjour (Septembre à Décembre)

Février-Mars 1918 : Butte-du-Mesnil

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Blessé à MAISON-DE-CHAMPAGNE le 03/04/1917

Marcel CAILLAUX

Foécy, CHER

95e RI (1e Cie) , 56e RI (3e Cie) et 134e RI

(Plaque trouvée par Eric Marchal à Beauséjour, dans la vase du ruisseau de Marson)

Grâce à Généanet, Annie Mandrin a retrouvé son PETIT-NEVEU, très heureux de recevoir cette plaque car il s'est investi depuis des années dans l'histoire de sa famille ;il en prendra grand soin et communiquera à ses nombreux cousins cette fabuleuse trouvaille.

Né le 03/11/1882, fils aîné de Pierre et de Marguerite Treffault ; 10 frères et soeurs

Classe 1902, matricule 1676 au recrutement de Bourges

1,71 m ; cheveux noirs, yeux bleus, cicatrice au front

Profession : journalier

Célibataire

Mobilisé le 04/08/1914 au 95e ri (1e Cie)

Blessé le 09/09/1914 à Rehaincourt (Vosges) "plaie au bras droit par balle"

Evacué pour blessure le 09/09/1914 à l'hopital de Lyon, rentré au dépot du 95e ri le 08/01/1915

Soigné à l'Hopital de Bourges du 05/05 au 10/06/1915 pour suites de blessure de guerre

Parti au 56e ri (3e Cie) le 11/10/1915

Evacué pour suite de blessure de guerre ancienne avant bras droit suppuration ostéite le 22/03/1916, rejoint le 56e ri le 08/07/1916

Passé au 134e ri le 28/09/1916

Blessé le 03/04/1917 à Maisons de Champagne : "commotion -otite moyenne suppurée gauche par éclatement de torpille. Diminution de l'audition oreille gauche."

Proposé pour réforme temporaire de 20% pour "paralysie faciale gauche, débilité mentale constitutionnelle, otite suppurée suite de trépanation de la mastoide consécutif à éclatement de torpille"

Pensions définitive de 30% avec jouissance de 720 frs en 1920 pour aggravation

Médaille Commémorative Française de la Grande Guerre, Médaille Commémorative Interalliée et Médaille de la la Victoire.

Décédé le 19/10/1929 à Vierzon-Villages

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Bernard Gardin, son petit-neveu)

 

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Septembre-Octobre 1915 : Tahure, les Mamelles

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Blessé aux Mamelles, MPLF à PERTHES-LES-HURLUS le 27/09/1915

Clément POISSON, 35 ans

Legé, LOIRE-INFERIEURE

Né le 22/07/1880, fils de feu Jean Baptiste et de feue Marise Parois ; classe 1900, matricule 1396 au recrutement de Nantes.

1,60 m ; cheveux et yeux châtain

Profession : domestique

En sursis d'appel comme homme d'équipe à Aigrefeuille (chemin de fer de Nantes-Legé) du 2 au 17/08/1914.

Rappelé au 65 de ligne le 05/09/1914, passé au 137e ri (détachement de renfort du 08/11/1914)

Son régiment est engagé dans la Grande Offensive de Septembre 1915.

Le 25/09/1915, à 09h15, attaque générale

Son ultime combat :

(Extrait du JMO)

"Le capitaine Charrier enfant du pays l'a vu blessé dans un bois : mon aïeul aurait déclaré "pour moi la guerre est finie". (Mr Michel Legrand, son petit-fils)

Transporté au poste de secours puis probablement à l'ambulance de Perthes-les-Hurlus - quelques kms à l'arrière - son évacuation est décidée avec une affectation (fiche ci-dessous) dans un train sanitaire qui doit le transporter vers un Hôpital d' évacuation.

Fiche d'évacuation attachée sur un bouton de son vêtement.

"Sur sa fiche, une décision importante : Injection de sérum antitétanique à pratiquer le plus tôt possible, preuve qu'il était bien vivant au moment où cette fiche est attachée sur un bouton de son vêtement." (Robert Beaufrère, bénévole)

Clément Poisson n'arrivera malheureusement jamais à destination...

Probablement décédé au tout début de cet éprouvant voyage (lieu de décès établi à Perthes-les-Hurlus), son corps aura été débarqué à La croix en Champagne où l’inventaire a été fait, comme mentionné sur sa fiche.

Sa fiche est renvoyée à la famille avec, au verso, la liste des effets restitués (billets, porte-monnaie, alliance et livret militaire).

Mort le 27/09/1915 des suites d'une blessure pénétrante au dos probablement infligée la veille dans l'attaque vers les mamelles depuis le ravin de la goutte, Clément Poisson aura été inhumé dans un des cimetières provisoires de La Croix-en-Champagne puis ré-inhumé en 1922 dans l'un des ossuaires de la Nécropole de Saint-Jean-sur-Tourbe.

Monument Aux Morts de Legé sur lequel son nom est inscrit

(Avec l'aimable autorisation de Michel Legrand, son petit-fils, sur les pas de son grand-père en septembre 2016)

 

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Septembre 1914 : Tahure, Perthes-les-Hurlus

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Charles Eugène PERASSI

Tenay, AIN

Cette plaque a été trouvée par Eric Marchal, président de l'association, probablement perdue quand le 138e ri se battait dans le secteur de Massiges (Perthes les Hurlus) en septembre 1914.

Annie a retrouvé la veuve de son PETIT-NEVEU ; elle se souvient d'être allée avec son époux sur la tombe de notre Soldat à St Jean Bonnefonds. Elle souhaite que cette plaque donne lieu à une grande réunion de famille, et la transmettra plus tard à une autre nièce.
Né le 13/02/1892, fils de Michel et de Louise Defrane, 7 frères et soeurs (dont 1 frère MPLF au Bois de l'Hem Est de Curlu (Somme) le 12/08/1916)

Soutien de famille

Classe 1912, matricule 484 au recrutement de Belley

1,72 m ; cheveux blonds foncé, yeux jaunes

Profession : ouvrier en soie

Blessé le 16/04/1917 au canal de Loivre : "plaie en séton du genou gauche par balle"

Evacué zone de l'Intérieur le 29/04/1917, nombreux séjours dans différents hôpitaux, en convalescence jusqu'en décembre 1918, mais maintenu en service armé.

Citation : (à venir)

Croix de Guerre, 1 étoile de bronze

Médaille Interalliée de la Victoire

Décédé le 13/05/1958 à St Jean Bonnefonds

 

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Mars-Septembre 1915 : Ferme de Beauséjour, Wargemoulin

Novembre 1915-Avril 1916 : Main de MASSIGES, Arbre aux Vaches, Ville-sur-Tourbe

Juin-Juillet 1916 : Bois d'Hauzy

Août-Octobre 1916 : Mesnil-les-Hurlus, Minaucourt, le Cratère (Côte 191)

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Combats de Massiges (Cratère, Arbre aux vaches, col des Abeilles) de Janvier à Mai 1916

Pierre PELOFI

Comus, AUDE

Caporal téléphoniste au 142e RI

Né le 17/04/1894, fils de Léon et de Catherine Parda

1,64m ; cheveux et yeux noirs

Profession : Instituteur

Incorporé au 142e RI le 05/09/1914 ; parti aux Armées le 01/03/1915

 

La plus grande partie de sa guerre, après les combats dans la région d’Ypres, se déroulera en Champagne dans les secteurs d’Auberives, Minaucourt, Les Hurlus et la Main de Massiges, avant qu’il ne rejoigne Verdun.

Le 16 Janvier 1916. Arbre aux vaches.

Bien cher père.

Je réponds à votre lettre du 9 Janvier. J’ai été heureux que vous ayez fait la connaissance de la famille Doutre car le fourrier est l’un de mes meilleurs camarades du 142. Nous reviendrons sûrement en permission ensemble, nous l’inviterons à venir faire un repas avec nous.

Je suis en ligne, dans un secteur assez calme. Je ne vous dis pas où je me trouve c’est rigoureusement interdit, mais c’est une partie du front dont on a parlé le plus souvent et où se sont déroulés les plus terribles combats. J’habite ici une véritable forteresse creusée dans le roc. J’ai, sur ma tête, pour me protéger, quatre ou cinq mètres de terre. Mon poste serait bon mais je suis très loin de la cuisine, trois kilomètres et demi environ, ce qui ne me permet de ne faire qu’un repas par jour ; à part cela je n’ai pas trop à souffrir. Mon lit est un brancard d’infirmiers, je n’y suis pas trop mal et je souhaiterais de finir la guerre dans ces conditions.

Ma chère sœur. Col des Abeilles.

Je réponds à ta carte que tu m’as envoyée à la hâte et que j’ai reçue hier. Je savais que l’Adjudant Palanquié devait venir en permission. Je l’ai même vu le jour où il partait ; si j’y avais pensé je lui aurais remis un petit colis à ton adresse mais il est passé précipitamment. Il te racontera sans doute qu’il était avec moi au col des Abeilles et que nous causions ensemble jusqu’à minuit. C’est un garçon très courageux, peut -être même le plus courageux de tout le régiment. Tu as pu voir qu’il portait de nombreuses médailles. Il a actuellement six citations à l’ordre du jour….

Ici le temps n'est pas beau il neige, il pleut, il fait très froid. Malgré cela, je ne souffre pas trop.

J'ai vu le "brave" Bourriel dans un boyau, il faisait bien piètre mine. Il relevait la tête chaque fois qu'il entendait passer un obus.

Je t'embrasse bien fort. P. Pelofi

Le 12 Février - Main de Massiges.

En ligne la vie devient pénible. La pluie et la gelée ont désagrégé les boyaux et les tranchées. Les parapets s’éboulent dans les flaques d’eau, la boue collante, pétrie par le piétinement atteint déjà les genoux. Par endroits les abris s’effondrent où se remplissent d’eau. Figurez-vous que dans mon poste, pour lutter contre l’eau envahissante, nous la vidons avec une boîte….

27 Février - Main de Massiges.

Nous sommes en première ligne, toujours la même place. L’hiver se fait sentir plus que jamais ; il neige pendant la journée, il gèle pendant la nuit.

Les tranchées et les abris s’éboulent . Notre vie est rendue pénible par un travail constant de reconstruction, de réinstallation. Mais l’hiver passe nous allons être au mois de Mars…

Le 4 Avril – Main de Massiges.

Ici rien de nouveau. Il a plu dans la journée d’hier et dans la matinée d’aujourd’hui ; aussi nageons nous dans la boue. Jusqu’à ce jour, le temps avait été très beau et la chaleur accablante dans l’après- midi. Le printemps bat son plein. Tous les arbres sont en fleurs, les prés verdissent ; les beaux jours sont revenus, et avec eux un peu d’espérance. Souhaitons qu’elle ne sera pas déçue…

Caporal le 17/05/1916

Le régiment entrera en ligne à Verdun le 19/05/1916 où il occupera le secteur de Vaux.

Disparu le 02/06/1916 à Damloup, présumé prisonnier.

Il connaîtra la dure vie des camps disciplinaires après chacune de ses tentatives d’évasion la dernière réussie, il terminera la guerre, avec neuf de ses camarades d’évasion, un Mauser Serbe à la main, aux côtés du Comité National Yougoslave qui leur offrira les fusils et les drapeaux accompagnés des documents qui leur permettront de les ramener en France.

La correspondance liée à cette période montre beaucoup de tristesse et d’ennui, le sentiment d’une totale inutilité bien plus empreinte de mélancolie que ses « lettres de guerre ».

Rapatrié le 28/11/1918, passé au 143e RI le 03/01/1919

Citation :

"Blessé à la tête par éclat d'obus le 26/08/1915 en réparant une ligne téléphonique dans un boyau (à Auberive) violemment bombardé, n'a pas quitté son poste et n'a consenti à se laisser panser qu'après s'être assuré que sa ligne fonctionnait à nouveau.

Fait prisonnier, a tenté de s'évader."

Croix de guerre avec étoile vermeil (bronze?)

Médaille des évadés, médaille militaire

"Baigné dans mon enfance par ses récits j’ai eu l’immense plaisir de retrouver les lieux qu’il a connus, de pouvoir suivre sa trace sur ces terres aujourd’hui réhabilitées mais qui laissent encore apparaître bien des cicatrices pour qui veut les lire.

Il a aussi combattu au Mesnil, ferme de Beauséjour enfin, la où le 142 a combattu dans le secteur de la Main. J'ai consigné toute "la partie guerre" dans un ouvrage - à usage personnel-  qui reprend toute la correspondance et "romance" sa vie au front, sachant, qu'enfant il m'a raconté sa guerre.... je me souviens combien "Le Mesnil les Hurlus" était un nom qui m'avait frappé et que je n'ai jamais oublié.

Le travail qui a été accompli sur la Main de Massiges est particulièrement émouvant et d’une rare qualité. On ne peut que féliciter et remercier les personnes qui ont œuvré là pour que reste au regard de l’histoire la mémoire de ceux qui y ont vécu, y ont souffert, y sont morts pour que cette terre vive libre sous la lumière de Champagne. Merci".

Jean Louis Pélofi, son petit-fils.

(Avec son aimable autorisation)

 

 

Justin RICHARD

Targon, GIRONDE

(Plaque trouvée par Jean-Pierre Mainsant)

Une de ses PETITES-FILLES a été retrouvée. Très surprise de la nouvelle, elle aurait aimé que sa maman (décédée en 2011) soit encore vivante pour en parler. Elle recevra la plaque avec plaisir.

"C’est avec beaucoup d’émotion que nous venons de recevoir la plaque de notre Grand-Père, Justin RICHARD, retrouvée par JP MAINSANT, à la Main de Massiges, et transmise par vos soins.
Nous tenons très vivement à remercier tous les membres de votre Association pour leur implication et persévérance, qui nous ont permis d’ouvrir une page de notre Histoire, d’avoir une lecture de l’Histoire de notre pays plus.. personnalisée.
Une pensée toute particulière et un très chaleureux Merci à Annie Mandrin, pour sa pugnacité, et l’émotion qu’elle m’a transmis lors de son appel téléphonique, ainsi qu’à Marie Sol Monino pour la transmission de la plaque .
Issus d’une grande famille, en effet, Jean René RICHARD, notre papa, décédé en 1968, fils ainé de Justin, a eu 8 enfants, (dont 2 disparus aujourd’hui). 16 petits enfants et 21 arrières petits enfants.
Notre maman nous a quittés en 2011, à l’âge de 95 ans, et de fait, nous nous rendons compte que nous n’avons finalement aucune connaissance de cette période, ni aucune information concernant nos aïeuls, encore moins de photos.
Pourquoi ?
Quotidien trop lourd à gérer, pas le temps de raconter des histoires, ni Notre Histoire.. ?
Querelles familiales .. ??..
Happés par le présent, tournés vers le futur, finalement peu vers le passé, aujourd’hui, plein de questions nous assaillent, mais les réponses vont être longues et difficiles à obtenir. Les années ont passé.. les témoins disparus…
Même les plus âgés d’entre nous n’ont que très peu de souvenirs..
Mais ce fait nouveau, cette médaille, nous ouvre l’esprit et notre curiosité s’en trouve aiguisée.
Nous allons fouiller, creuser, à l’instar de vous-même, pour faire émerger cette période méconnue.
Nous voilà sensibilisés également à cette bouleversante période, 14/18, d’une manière différente, plus proche, plus personnelle.
Nous vous renouvelons nos plus vifs et sincères remerciements.
Nous nous permettons de vous adresser un chèque au nom de votre Association, petit écot symbolique, pour vous permettre de continuer ce travail fastidieux, mais Oh ! Combien gratifiant
Nous envisageons, peut-être sur 2016, de faire une visite au site de La Main de Massiges,
pour voir, ressentir de plus près .. imaginer.. et se recueillir..
Peut-être aurons-nous le plaisir de nous croiser ?? Nous vous en informerons .
"

Justin RICHARD, fils de Guillaume et de Marguerite Chastaing, est né le 16/08/1887.

Profession : cultivateur

Classe 1895, matricule 3458 au recrutement de Bordeaux

1,70 m ; cheveux châtains, yeux bleus

A épousé Françoise Duvigneau : 1 fils, René

 

Rappelé le 06/08/1914 au 18e Groupe Spécial, affecté au 142e ri

Classé Service Auxiliaire le 13/04/1916 pour "édentition - 19 dents absentes"

Passé au 3e Régiment d' Artillerie (RA) le 01/07/1916, au 58e RA le 01/04/1917, puis au 32e RA le 28/08/1917

La famille RICHARD avec, à gauche, la belle-fille de Justin

(Avec leur aimable autorisation )

 

 

DISPARU MPLF à BEAUSEJOUR le 13/03/1915

Emile BOUTY 142e RI, 26 ans

Prades, LOZERE

Né le 20/06/1888, fils de Casimir et de Augustine Bregarel ; classe 1908, matricule 1498 au recrutement de Mende.

1,63 m ; cheveux blond et yeux gris

Profession : cultivateur

Rappelé à l'activité au 142e RI le 02/08/1914

Porté disparu le 13/03/1915

Son frère Odilon, soldat du 6e BCP, décède de ses blessures à l'ambulance 3/55 à Jaulzy (Oise) le 18/09/1918.

(Avec l'aimable autorisation d' Anne-Marie PERRONNET, leur petite-nièce : accompagnée de sa famille, elle s'est rendue à Massiges en mai 2016)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à MASSIGES le 20/03/1916

Jean LAFOND 142e RI, 34 ans

Mauprévoir, VIENNE

Né le 06/03/1916, fils de Jean et de Marie Lelong ; classe 1902, matricule 1170 au recrutement de Poitiers.

Profession : cultivateur

1,62 m ; cheveux châtain foncé , yeux bleu

 

Rappelé comme conducteur d' animaux de réquisition le 03/08/1914

Arrivé au 125e ri le 06/08/1914 puis passé au 142e ri le 30/12/1915

Le régiment se trouve alors dans les secteurs relativement calmes de la Main de Massiges, de l' arbre aux vaches, des Pruneaux et de Ville-sur-Tourbe :

"Les Bataillons alternent dans ces secteurs et les relèves sont particulièrement pénibles dans cette région marécageuse et par un hiver rigoureux. Les boyaux sont des torrents de boue et la marche y devient un supplice. Il faut s'appuyer aux parois pour s' aider à marcher, de sorte que les mais sont vite gantées de boue visqueuse. Les dépressions sont devenues des lacs, et il faut grimper sur les talus, détachant des blocs d' argile qui se plaquent aux vêtements. Des éboulements obstruent les boyaux, entraînant les fils téléphoniques qui causent des chutes brusques et des arrêtes interminables.

Souvent les soldats exaspérés veulent abandonner les boyaux , mais ils tombent, en jurant, dans des trous remplis d' eau. Les réseaux les obligent à de longs détours, la marche est presque aussi pénible et il faut envoyer des corvées de sauvetage relever ceux qui, trahis par leurs forces, gisent à demi enlisés dans quelque entonnoir ou dans quelque coin de boyau.

La température devenue extrêmement rigoureuse, affermit le sol et permet une installation moins précaire, mais le dégel anéantit en un seul jour le résultat du labeur d'une semaine.

Le mauvais temps continue, l'eau et la boue rendent insupportable le séjour des tranchées, les sentinelles les abandonnent, pour aller monter leur garde vigilante derrière le parapet. La position ennemie doit être aussi détestable que la nôtre, de temps à autre.

Le séjour se prolonge jusqu'en avril et compte parmi les plus pénibles. Dans cette lutte obscure et sans gloire, où la fatigue compte plus que le danger, il n'y a pas de place pour les exploits individuels, mais tous font preuve d'une énergie qui ne se dément jamais". (Historique du 142e ri)

Le 20/03/1916, Jean Lafond trouve la mort.

Il est inhumé à la Nécropole militaire du Pont de Marson, tombe 6485.

(Avec l' aimable autorisation de Didier Patrier, son arrière petit-fils, en visite avec sa femme à Massiges en mai 2016)

 

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Mars-Août 1915 : Mesnil-les-Hurlus, Bois Sabot, le Trapèze

Septembre-Octobre 1915 : Mont Têtu, Main de MASSIGES, Bois Chausson, Tahure (Novembre)

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MORT POUR LA FRANCE à la MAIN DE MASSIGES le 26/09/1915

Edouard RAMY 143e RI, 11e Cie, 24 ans

Toulon, VAR

Né le 16/02/1891 ; classe 1911, matricule 339 au recrutement de Toulon.

1m58, cheveux et yeux châtain
Profession : chaudronnier de fer

ENGAGE VOLONTAIRE pour 3 ans en 1909 comme matelot mécanicien aux Equipages de la Flotte à Toulon

A épousé Françoise Perrin en 1909 à Toulon : une fille

Matelot mécanicien de 1ère classe le 01/07/1912

Incorporé au 10e RA à pied en 1914 puis au 40e ri le 11/02/1915

Passé au 143e ri le 13/08/1915

Porté disparu le 26/09/1915 au Mont Têtu (Massiges).

Décès constaté le 28/10/1915 à La Main de Massiges (Ravin de l'Etang) suite de blessures de guerre.

Il repose à la nécropole du Pont du Marson

(Avec l' aimable autorisation de Mme Denise Pellegrino, sa petite-fille)

 

 

DISPARU MPLF au MONT TETU le 27/09/1915

Alphonse DUSSOL 143e RI, 9e Cie , 19 ans

Brugeilles, CORREZE

Né le 27/10/1895 à Beynat, fils de Laurent et de Louise...; classe 1915, matricule 1076 au recrutement de Brive.

1,69 m ; cheveux noirs, yeux gris bleu

Profession : cultivateur

Incorporé au 143e ri le 17/12/1914

Porté disparu le 27/09/1915 au Mont Têtu lors de la grande Offensive de Septembre 1915, son corps n'a jamais été retrouvé.

(Avec l'aimable autorisation de Jean-Pierre Dussol, son petit-neveu)

 

 

MORT POUR LA FRANCE à la Main de Massiges (Mont-Têtu) le 27/09/1915

Firmin SIMONNET, 22 ans

Toulouse, HAUTE-GARONNE

Sergent au 143e RI, 10e Cie

Né le 08/04/1893, fils de Jean-Pierre et de Rose Léocadie Jouret ; classe 1913, matricule 1824 au recrutement de Toulouse.

Profession : peintre

1,66 m ; cheveux châtains, yeux marron foncé

Incorporé au 143e RI le 10/08/1914

Nommé Caporal le 11/11/1914 puis Sergent le 18/02/1915

Parti aux Armées le 18/02/1915

Son régiment est engagé à la Main de Massiges dans la Grande Offensive de Septembre 1915 :

"Le 26 septembre, le régiment attaque les pentes du Mont Têtu.

La traversée du ravin du ruisseau de l'étang s'effectue sous le feu de l'artillerie et des mitrailleuses ennemies. Malgré les pertes sensibles, les poilus n'hésitent pas. Les compagnies progressent avec rapidité, chargent à la baïonnette les tranchées ennemies. Le boche est débordé, les prisonniers ennemis nombreux. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée. L'ennemi profite de la nuit pour se réorganiser". (Historique du 143e RI)

"Circonstances de la mort au combat de Firmin Simonnet :

Médaille militaire "Sous-officier courageux, très méritant. A été tué le 27 septembre 1915 en se portant à l'attaque au Mont-Têtu à la tête de ses hommes. Très belle tenue au feu en toutes circonstances. A été cité. "  
Croix de guerre avec étoile de bronze, citation à l'ordre n° 11 de la 64e Brigade du 07/11/1915 "Sous-officier très courageux, très méritant. A été tué le 26 septembre 1915 en se portant à l'attaque au Mont-Têtu à la tête de ses hommes. Très belle tenue au feu en toutes circonstances." 

 

Le Sergent Firmin Simonnet, du 143 ème RI , 10 ème Cie, est mort le 27 septembre 1915 ( et non le 26 comme le stipule sa citation à l'ordre du régiment ) ,  après 17 heures lors de l'assaut vers le " Bois marteau " en partant de la tranchée " de Moltke " , au dessus du " Bois de la Faux " ; il a d'abord été touché par une balle à l'épaule, a continué son chemin puis a été atteint au front par une autre balle, et s'est effondré dans un trou d'obus , situé entre les lignes.

Son corps n'a pu être ramené par ses camarades de combat.

Fait par J. Simonnet ,son petit – neveu.
Septembre 2017 "

 

(Avec l'aimable autorisation de Jacques Simonnet, son petit-neveu)

 

 

DISPARU MPLF à la MAIN DE MASSIGES le 06/10/1915

Caporal Antoine CROS 143e RI, 3e Cie , 21 ans

Cambieure, AUDE

( Avec son épouse Jeanne en 1913)

Né le 19/03/1894, fils de Marie Louis et de Marie Audrieu ; classe 1914, matricule 970 au recrutement de Narbonne.

1,63 m ; cheveux et yeux châtain

Profession : cultivateur

Marié le 21/11/1913 à Jeanne Serlat : un enfant

Classé soutien indispensable de famille le 01/08/1914

Incorporé au 143e ri le 04/09/1914, nommé Caporal le 13/03/1915

Disparu le 06/10/1915 à la Main de Massiges. Présumé prisonnier.

Une interminable attente commence pour sa femme qui envoie d'innombrables courriers, y compris à la Cour d' Espagne.

Réponse du 143e ri :

Réponse datée du 17/02/1916 d'un camarade de son jeune époux :

" (...) Cétait le 28 setembre. sa Cie étaient désignées avec ma Cie pour attaquer à Massiges. alors eux sont partis les premiers. ils ont franchi la première ligne pour fouiller les Blauckaus. que les Boches étaient cachés dedans et alors comme ils allaient arriver à la 2e tranchée les bôches sont sortis et ils ont étais cerner. et presque toute la compagnie est restée. ce nest que quelques blessés qui était très pres de nous. qui a été relevés la nuit et quelqu'un qui sest sauves en se cachant et ont rejoint nos lignes au bout de 4 jours.

Le tout ils sont revenus 25 hommes et le restent est sur le terrain entre les deux tranchés boches mais il y a eu beaucoup de prisonniers.Une interminable attente commence pour Jeanne qui envoie d' innombrables courriers.

il ne vous faut pas vous chagriner peut etre un jour il vous arrivera une bonne nouvelle et tout ce que je sais par ces camarades qui l'ont vu blessé. par conséquent il peut être blessé prisonnier (...)"

Après avoir remué ciel et terre, elle obtient un avis officieux de décès permettant le versement fin 1917 d'une rente viagère de 675 francs.

Réponse de la Croix Rouge :

Réponse de l' Allemagne :

Il ne sera déclaré officiellement décédé qu'en 1920 : "Prisonnier de guerre décédé le 06/10/1915."

En 1921, sa pension de veuve avec un enfant à charge, est fixée à 1200 francs.

(Avec l' aimable autorisation de Claude et Monique Denjean, sa petite-fille)

 

 

François-Henri BISSIERES 143e RI, 3e Cie

Saint Nicolas la Grave, TARN ET GARONNE

Né le 20/11/1880 ; classe 1900

Profession : charpentier

1,70 m ; cheveux châtain, yeux bleus

Marié, 2 enfants: Marcel et André

Rappelé au 143e ri le /08/1914, il est grièvement blessé le 06/11/1914 : un éclat d'obus lui transperce le dos.

Son régiment est engagé à la Main de Massiges dans la Grande Offensive de Septembre 1915

"Le 26 septembre, le régiment attaque les pentes du Mont Têtu.

La traversée du ravin du ruisseau de l'étang s'effectue sous le feu de l'artillerie et des mitrailleuses ennemies. Malgré les pertes sensibles, les poilus n'hésitent pas. Les compagnies progressent avec rapidité, chargent à la baïonnette les tranchées ennemies. Le boche est débordé, les prisonniers ennemis nombreux. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée.

L'ennemi profite de la nuit pour se réorganiser.

Jusqu'au 28 septembre, le 143ème continue l'attaque en direction de la ferme Chausson. Le terrain gagné est faible mais les contre-attaques ennemies sont contenues. Du 29 septembre au 5 octobre, les positions sont maintenues au prix de pertes importantes.

Le 6 octobre, reprise de l'attaque sur la ferme Chausson, la préparation de notre artillerie est insuffisante,  les vagues d'assaut sont fauchées dés qu'elles sortent des tranchées. Une partie de la première vague d'assaut progresse plus loin mais est décimée par les mitrailleuses ennemies. Les contre-attaques sont contenues.

Les attaques des journées de Massiges et du Mont Têtu ont coûté 207 tués, 687 blessés et 191 disparus". (Historique du 143e RI)

Nommé Caporal le 18/10/1917

Campagne d'Orient : il embarque pour la Salonique le 08/11/1918.

 

 

Ces 2 soldats tous 2 de la 6e Cie (=250 hommes) se connaissaient très probablement :

 

MORT POUR LA FRANCE à la MAIN DE MASSIGES le 29/09/1915

Joanny BOUCHE 143e RI, 6e Cie, 36 ans

Venizieux, ARDECHE

Né le 20/10/1878, fils de Jean et de Marie Hacher ; classe 1898, matricule 1166 au recrutement de Privas.

1,67 m ; cheveux et yeux châtains

Profession : cultivateur

Rappelé le 03/08/1914 au 119e Régiment d'Infanterie Territoriale (RIT), passé au 109e RIT le 25/09/1914

Passé au 143e ri le 22/09/1915

Porté disparu à la Main de Massiges le 27/09/1915, présumé tué (avis officier du 19/08/1916)

 

 

DISPARU MPLF à MASSIGES le 06/10/1915, retrouvé en 2008

Marie Louis MAY 143e RI, 6e Cie, 20 ans

Chevrières, LOIRE

Né le 23 juillet 1895, fils de Laurent et d' Eugénie Villard ; classe 1915, matricule 1085 au recrutement de Montbrison.

1,57 m ; cheveux brun, yeux noirs

Profession : cultivateur

Incorporé au 86e ri le 16/12/1914 ; passé au 143e ri le 07/04/1915.

Porté disparu le 6 octobre 1915 au Mont-Têtu (côte 199) de la Main de Massiges.

Présumé prisonnier. 
En l'espace de 5 mois, ses parents  perdront  trois  de leurs fils.
En septembre 2008, il est découvert par un promeneur puis identifié grâce à sa plaque d'identité.

Il se trouve qu'une voisine d'Annie Mandrin n'est autre que la PETITE-NIECE du soldat !

"Sur la photo de l'article de journal, il y a mes parents et mes oncles (frères de mon père) et leurs cousins May ;  ils avaient vraiment apprécié le travail de l'association, et été touchés par la cérémonie à la mémoire de leur oncle. 

Ma grand mère et sa famille avait effectivement été bien peinés par cette guerre avec 3 fils tués, sur les 9 enfants !"

Nathalie Sarradin

 


MORT POUR LA FRANCE à la MAIN DE MASSIGES le 06/10/1915

Jean GIRARD 143e RI, 29 ans

Cosnes, Allier

Né le 03/10/1886, fils de Pierre et de Juliette Bertrand ; classe 1906, matricule 1684 au recrutement de Montluçon.

Profession : Cultivateur

Marié : 1 fils Louis, né en 1912.

Mobilisé le 04/08/1914, passé au 143e ri le 17/04/1915

Son régiment est engagé dans la Grande Offensive de Septembre à Massiges.

"Le 6 octobre, reprise de l'attaque sur la ferme Chausson, la préparation de notre artillerie est insuffisante, les vagues d'assaut sont fauchées dés qu'elles sortent des tranchées. Une partie de la première vague d'assaut progresse plus loin mais est décimée par les mitrailleuses ennemies. Les contre-attaques sont contenues. Les attaques des journées de Massiges et du Mont Têtu ont coûté 207 tués, 687 blessés et 191 disparus". (Historique du 143e RI)

Jean Girard est blessé mortellement par coup de feu.

Il repose très probablement dans l'un des ossuaires de la Nécropole militaire du Pont de Marson.

(Avec l'aimable autorisation d' Alain Girard, son petit-fils, doublement touché car il vient de se voir restituer la plaque d'identité de son autre grand-père, Alexandre BATISSE du 95e RI, trouvée par Albert Varoquier à Massiges ! Donc ce sont ses 2 grands-pères qui ont rejoint la Mémoire de la Main ! Il y a 30 ans, il avait écrit au Maire de Massiges car il recherchait la sépulture de Jean Girard pour s'y rendre. Malheureusement, aucun lieu de sépulture n'avait été retrouvé)

 

 

Soldat anonyme du 143ème RI

 

 

BLESSE MORTELLEMENT à MASSIGES, MPLF le 07/10/1915

Jean-Pierre GLEIZES 143e RI, 25 ans

La Louvière, AUDE

Né le 21/03/1890, fils de Paul et de Marie... ; classe 1910, matricule 520 au recrutement de Carcassonne.

1,63 m ; cheveux blond clair, yeux bleu foncé

Classé Service Auxiliaire pour "varices et fracture ancienne jambe gauche".

Profession : cultivateur

Classé Service armé et affecté au 143e ri le 18/11/1914.

Mort de ses blessures de guerre le 7 octobre 1915 dans l'Ambulance n°5/20 du Corps Colonial aux Maigneux (Valmy, Marne).

 

Le PETIT-FILS de ce soldat est doublement touché car il vient de se voir restituer la plaque d'identité de son autre grand-père, Alexandre Batisse du 95e ri, trouvée par Albert Varoquier à Massiges ! Donc ce sont ses 2 grands-pères qui ont rejoint la Mémoire de la Main ! Il y a 30 ans, il avait écrit au Maire de Massiges car il recherchait la sépulture de Jean Girard pour s'y rendre. Malheureusement, aucun lieu de sépulture n'avait été retrouvé.

 

 

DISPARU MPLF à la MAIN DE MASSIGES le 06/10/1915
Constantin CEZERAC 143e RI, 28 ans
Brignemont, HAUTE-GARONNE

Annie a retrouvé son ARRIERE PETITE-COUSINE, très émue : elle prendra soin de cette plaque trouvée par Albert Varoquier.

 "Je pense que mon fils sera très  sensible ainsi que ses enfants  à  cette  plaque qui commémore  une guerre  terrible". (Mme Pendaries)

 

Né le 09/07/1887, fils de Firmin et Marie Cousturian ; un seul frère, Félicien, soldat du 53e ri, MPLF le 18/03/1915 à Minaucourt le Mesnil.

Classe 1907, matricule 639 au recrutement de Toulouse. 

1,54m ; cheveux noirs, yeux châtain foncé.
Profession : Employé de Commerce
Rappelé au 143e ri le 16/02/1915
Porté disparu le 06/11/1915

 

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Juillet-Décembre 1915 : Massiges, Ravin de Marson, Maison de Champagne, Ouvrage de la Défaite, bois de la demi-lune (Septembre) puis Maison de Champagne

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Blessé et fait prisonnier secteur Beauséjour-Maison de Champagne le 25/09/1915

Marcel DUPAS

Chantenay, LOIRE INFERIEURE

Caporal au 146e RI, 2e Bataillon, 5e Cie, 7e Escouade

(En captivité)

Né le 08/08/1894, fils de feu Pierre Jean et de Rose Rabu ; Classe 1914, matricule n° 2411 au recrutement de Nantes.

1,62 m ; cheveux châtain foncé, yeux marrons

Profession : entrepreneur en peinture

Incorporé au 146e RI à compter du 11/09/1914 ; nommé Caporal le 12/12/1914

" 14 bon pour le service"

Marcel Dupas tient un carnet de guerre :

"Parti de Castelnaudary pour le front le 02/02/1915"

"il n'y a pas moyen de dormir tellement il y a de poux, toutes les nuits nous faisons la chasse aux rats et aux souris qui ne veulent pas nous laisser dormir." (21/04/1915)

Evacué le 02/05/1915 pour "courbatures fébriles", Maurice Dupas est hospitalisé à l' hôpital complémentaire n°38 de Deauville jusqu'au 19/05/1915.

En permission : "le 21 j'arrive à Nantes le jour de la mort de mon frère, j'obtient une prolongation de huit jours."

"Le 4 juin, je repart de Nantes pour me rendre au dépot de Castelnaudary et j'y reste jusqu'au 7 août"

"Le 7 août je repart pour la deuxième fois sur le front"

Bivouac dans le bois d'Herpine (Marne) : "nuit bien triste il a tomber de l'eau toute la nuit un froid de loup"

Marcel Dupas (le seul qui ne regarde pas l'objectif) avec son escouade : les soldats Ramage, Dudiot, Le Gall, Mathieu, Boit, Chol, Lespourery, Olivier, Janin et Michon.

 

Le 31/08/1915 : le 2e Bataillon se rend à la borne 16 (route de Massiges à Mesnil) par Wargemoulin

"nous nous trouvons entre Beau-séjour et Massiges" (secteur K)

"Le 1er-2-3- : tranchées de 1ère ligne tournée passable"

Le 2e Bataillon est occupé à creuser des sapes (russes?) à élargir les tranchées de 1ère et 2e ligne. Les réseaux de fil de fer sont tendus dans le ruisseau du ravin du Fer de Lance (JMO)

"Le 4 : première ligne à 15 heures. nous sommes relever nous descendons derrière la crête et à 19 heures nous allons travailler entre les lignes ennemies et les nôtres de même pendant quatres nuits il n'y fait pas bon du tout pas trop de pertes".

"Le 5 : occupe abris borne 16"

"Le 8 : à 9 heures nous sommes relever, nous faisons 15 km pour arriver à Hans où nous sommes au repos pour plusieurs jours"

Le 9 : Tous les hommes sont pourvus du casque métallique. Le 146 reçoit l'ordre de construire 160 échelles de franchissement (JMO)

"Le 17 au soir nous remontons à Minaucourt en attendant l'attaque la nous sommes bombardés tous les jours le bataillon subit d'assez fortes pertes".

"Le 24 : nous nous remontons en 3e ligne à la borne 16"

Attaque du 25 septembre 1915 :

(Extrait du JMO)

Témoignage de Marcel Dupas :

"Le 25 à 3 heures du matin nous montons en première ligne attendant l'heure de l'attaque.

Il y a d'abord eu des préparations d' artillerie les pièces de tous calibres crachent démolissant les tranchées ennemies, ce n'est plus qu'un nuage de feu et de fumée qui couvre le terrain et cela pendant 72 heures nous en sommes tout abruti. Le génie fait sauter plusieurs mines les débris de toutes sortes sont projetés en l'air".

(Suite et transcription de son témoignage après les photos de son carnet)

"Une heure avant l'attaque l'artillerie cesse pendant qu'elleques minutes. tout le monde aux créneaux nous faisons des feux violents l'ennemie riposte alors l'artillerie reprend de nouveau causant des pertes à l'ennemie par ses tirs de barrages pendant ce temps chacun prépare son coin pour sortir de la tranchée. A 9h1/4 le commandemant de en avant est donné tout le monde sort de la tranchée comme un seul homme les clairons sonnent la charge et tous nous lançons à l'assaut des tranchées, sous le feu de qu'elleques mitrailleuses cachées dans le fortin que l'artillerie n'a pas complètement démoli qu'elques un des notres tombe,t . Nous prenons pied dans les premières lignes, il y a grand nombre de cadavres allemands. Dans la mêlée, je me trouve perdu de ma compagnie avec qu'elques hommes de mon escouade, nous continuons à avancer, faisant des prisonniers ; l'ennemi essaye de nous contourné mais ne réussit pas, nous poursuivons toujours quand à qu'elques kilomètres nous sommes arrêtés par les artilleurs d'une batterie qui ne veulent pas se rendrent et tirent toujours nous prenons la batterie d'assaut faisant encore des prisonniers ; je trouve le capitaine JEAN de mon régiment déjà blessé à la lèvre, il me demande si j'ai de quoi boire dans mon bidon je lui donne un 1/2 quart de vin nous continuons la marche en avant en nous déployant en tirailleurs, là le capitaine nous quitte me disant qu'il allait voir si le régiment était à notre droite,

au bout d'un instant les mitrailleuses balayent le terrain la position étant intenable en rampant je gagne un bout de boyau qui se trouvait en avant de nous mes camarades me suivent malheureusement il en reste sur le terrain, nous sommes à peut près une quinzaine. Vers les cinq heures l'ennemie contre attaque nous entendons crier sauve qui peut ceux qui veulent se replier restent allonger sur le terrain nous sommes obligés de rester nous nous défendons jusqu'au bout, l'ennemi arrive sur nous et de dessus le boyau nous tir dessus à bout portant et continuent leur chemin. Quand je me relève je me trouve au milieu de cadavres, mes camarades étaient morts les uns sur les autres dans le font du boyau un des notres blessé arrive avec deux soldats allemands ils nous emmènent dans un poste de secours où je reçois les premiers soins, j'y reste jusqu'au 27 au soir, dans ces deux jours je n'ai manger qu'une fois le dernier jour dans la nuit du 27 au 28 j' embarque dans un chariot avec des camarades et un blessé allemand, à 11 heures nous arrivons à Vouzier (s), à 10 heures du soir nous embarquons en chemin de fer, le 29 à midi nous arrivons à Sedan".

"Blessé le 25 septembre à 5h soir parti du poste de secours le 27 parti de Vouzier le 27 à 11h soir. Arrivé à Sedan le 28 à 12h matin. Parti de Sedan le 3 à 4h soir arrivé à Limburg le 29 à 9h soir à l'hopital sorti de l'hopital le 12 novembre pour le camp".

Marcel Dupas, blessé, est fait prisonnier le 25/09/1915 dans le secteur du bois de demi-lune et de Maison de Champagne.

"Limburg le 1 novembre 1915 (reçu le 25 novembre)

Chère mère

J'attends toujours de tes nouvelles j'espère bien en avoir cette semaine.

Jusqu'ici je ne te donnais pas de détails, ce n'est pas de ma faute car je ne pouvais pas écrire, mais à présent que je vais beaucoup mieux je t'en dirais plus long.

J'ai été fait prisonnier le 25/09 au soir. Comme blessures j'en avait quatres ; une balle dans le cou, une dans la main droite une dans le bras droite et une légère blessure au pied gauche je suis toujours à l'hôpital mais je suis presque guérit.

Aujourd'hui le jour de la Toussaint ; c'est un jour bien triste pour vous, mais pour moi aussi car j'aurais voulu être parmi vous et aller faire une prière sur la tombe de nos pauvres défunts aussi ce matin à la messe j'ai prier pour eux.

(...) ce que je te demanderais c'est une chemise des chaussettes et un caleçon car je n'ais plus rien. je te demanderais aussi un képi, mais pas un fantaisie car je suis tête nue.

Je te demanderais aussi un peut d'argent si tu peux sans te gêner, car au camp il y a bien des choses telle que tabac, sucre et bien des petites choses (...)

Ton fils qui t'embrasse

Marcel

P.S. J'oubliais mon chandail mais il faudra coudre un signe qu'elconque, sans quoi on y mettrais de la peinture par exemple une grande croix rouge dans le dos."

(En captivité)

Marcel Dupas tient la comptabilité des correspondances reçues :

interné à Giessen (A.0), Marcel Dupas est rapatrié le 10/12/1918

 

Les années passent...

Devant son café, Marcel DUPAS en famille, le 2e en partant de la gauche. Il tient sa fille Colette dans ses bras.

 

(Avec l'aimable autorisation de Monsieur Marc DUPAS, son petit-fils, en visite à Massiges le 01/05/2017 avec son épouse)

 

 

GEORGE TAUPIN 115e RI à faire

Mort pour la France le 16/07/1915 Au Bois Trapèze, Le Mesnil-Les-Hurlus

Léon Élie Pierre BIGOT

Lempaut, TARN

143e RI, 3e Bataillon, 10e Cie

 

Né le 26/02/1885, fils de de feu Antoine Bigot et de feue Joséphine Clerc. Il a deux sœurs ainées, Marie et Alexandrine.

Classe 1905, matricule n° 826 au recrutement de Carcassonne.

1,60m ; cheveux châtains, yeux roux, brûlure sur la joue droite.

Profession : cultivateur ; employé dans une maison de maître. C'est dans la maison d'été de cette famille qu’il fera la connaissance de Séraphine Eymard, sa promise.

Réformé dans un premier temps pour "palpitations", il est rappelé le 12/11/1914, suite aux pertes importantes des premiers mois de la guerre. Il rejoindra le dépôt de son ancien régiment, le 143e d’infanterie de ligne, à Carcassonne le 12 janvier 1915.

Le 26 mars 1915, il part de Carcassonne pour rejoindre son régiment qui se trouve sur le front de la Marne, dans le secteur de Somme-Suippe /Le Mesnil-les-Hurlus, où il arrive le 28 mars après « 58 heures » de voyage. Jusqu’au 08 avril il semble qu’il soit avec des camarades dans l’attente de son affectation qui sera effective à la 10éme compagnie du 3éme bataillon.

 

CARNET DE GUERRE de Léon Bigot 26 mars 1915 – 14 juillet 1915

Photos carnet

Si je viens à tomber, Adresser à Madame Marie Mercier (sa soeur aînée) à Labarrabier par Blan, Tarn Faire savoir si possible à Melle Eymard Séraphine (sa promise), Place des 4 Dauphins à Aix, Bouches-du-Rhône

 

partagé entre des présences en tranchée de première ligne, du repos à l’arrière et les corvées sur les différents secteurs de ce front4.

Gare débarqué le 28 mars à 58 heures de voyage Somme-Byonne Débarqué : à 8 H et demi soir, sommes passés St Jean. Avons faite petite halte. Puis nous nous sommes rendus au cantonnement, y sommes arrivés à 11 heures et demi. Au soir : Bivouac en planche. Première nuit avons eu tant froid, sommes sorti dans la nuit pour nous taper les pieds. A 7 H, avons fait notre café. Maintenant attendons le 143e qui vient se former et prendre du repos pour 1 ou 2 jours. Avons entendu le canon toute la nuit : à 8 heures passé un Taube10, d’où on lui a lancé des projectiles mais sans l’atteindre. Lundi 29 mars. 2 heures après-midi : Plusieurs sommes allés visiter le champ de bataille où déjà les Allemands étaient passés. On a trouvé beaucoup de cartouches, les arbres tous fauchés, beaucoup d’armement détérioré. À 4 heures et demies : [soupe]11. Temps très beau et entendons la canonnade toute la journée. J’ai fait ma petite sieste à midi 30. Le soir toujours très calme.

Mardi 30, au matin : Personne pour faire le café. À 7 heures suis levé, j’ai fait le café, puis suis passé cuisinier, sans oublier un bon morceau pour moi. Mes camarades ont été content de de ma cuisine. Le soir temps calme mais très froid. Sommes toujours au cantonnement. À 7 heures soir, neige abondante. À 6 heures matin, arrivé du 143e. Triste à voir. Ils avaient quitté les tranchées à minuit pour venir prendre du repos. 31 mars, matin. Même opération pour la cuisine. Temps très calme mais nuageux, pas froid. À 12 heures, trempe la soupe pour mes camarades, lesquels nous sommes 22. Entendons toujours la canonnade. Suis en bonne santé.

1er avril, matin ou jeudi Saint. Matinée fraîche, mais de loin toujours on attend le canon. J’étais en train de faire la cuisine lorsque je me suis aperçu que l’on allait dire une messe, chose très impressionnante pour un jeudi Saint : L’Autel était simplement [fait] avec des caisses [illisible] et une couverture grise. Comme candélabre 2 bouteilles de champagne vidées par les boches. Alors j’ai quitté ma cuisine pour y assister. La messe a commencé à 8 heures. Nous avons chanté le [chœur] pour le cantique. À 9 heures une deuxième messe. Mais j’ai repris mon poste pour que mon camarade Séverac puisse y assister. L’après-midi temps très beau. Le 15e est reparti aux tranchées à 5 heures. Et nous, nous attendons tous les jours l’arrivée du 143e. Le soir après la soupe grand concert dans notre gourbi en planches. Répétition d’une chanson par [lll Lanote]. Vendredi 2 avril. Matin très calme, mais les canons emplissent l’horizon. Fais toujours la cuisine. 2 avril soir. Rien d’anormal

Fais toujours la cuisine. 2 avril soir. Rien d’anormal au cantonnement des poilus, si ce n’est que le soir nous avons un grand concert : moi avec ma musique et le chant.

3 avril. 5 heures du matin. Mon ami Séverac s’est levé pour faire le café. Mais comme cuisinier suis levé après pour faire la soupe. Mais grande déception lorsque mes marmites en train, ordre de partir immédiatement pour rejoindre le régiment. Avons tout abandonné : viande, morue et tout. Et sommes parti direction Suippes. Sommes arrivés à midi à Suippes. Avons cassé la croute. Faute de soupe, content d’avoir [trouvé] sardines, singe, etc. Après le casse-croute, est fait une visite au village avec mon ami Tesseyre, avons visité l’église. Trouvé merveilleuse et me suis promis de faire mes Pâques.

3 heures en ce moment, je prends un peu de repos. 19 4 avril. Dimanche de Pâques. Journée très mauvaise. Pluie abondante. Visite le village mais il n’est pas bien jolie, maisons principalement en planches à partir du 1er étage. 5 heures soir, avons bien diné sans pouvoir trouvez du vin. Un ami de Carcassonne qui est caporal nous a payé 2 bouteilles de Saint-Émilion et 2 champagnes. Puis bon café que l’ami Séverac nous a fait. Puis repos jusqu’à lundi 7 heures.

5 avril. Matinée calme mais pluie abondante. Attendons notre affectation. 5 avril soir : 2e bataillon n’est pas arrivé. À 6 heures, mon ami Barthe a pu avoir un litre de lait de chèvre. Sommes allés dans une petite maison abandonnée, avons chauffé le lait et l’avons pris à 4 : moi, mon ami Barthe, Peyrastre et Tesseyre. Puis sommes couchés. Pluie continue toute la nuit.

6 avril matin. Temps calme, sans pluie mais nuageux. 2e Bataillon arrive à 5 heures et 6 heures. L’après-midi, j’ai repris le poste aux cuisines avec chef le caporal Cambelive. Retrouvé mon ancien ami Bosc et Amouroux arrivés le matin des tranchées. Cela m’a fait un grand plaisir.

7 avril matin. Rien d’anormal.

7 avril soir. Journée calme. À 8 heures concert dans une chambre d’un aspirant.

Dans la nuit à 1 heures, tout le cantonnement s’est éveillé aux échos du canon qui grondait fort, ainsi que les fusillades. On aurait dit que les allemands étaient à 200 mètres. Je n’ai pu m’endormir à nouveau. Puis vers 4 ou 5 heures la canonnade a été un peu plus calme.

8 avril. Jeudi matin. Temps calme mais pluvieux. À 1 heures ma cuisine en train, j’ai été dans le village voir une batteuse qui marchait que par un cheval seulement.

14 avril. Matinée calme. Mais quand nous avons été relevés vers midi 30 pour aller en deuxième ligne, les sales poilus13 nous ont salué avec une abondance de bombes. Enfin, nous sommes arrivés sans encombre en deuxième ligne. À 3 heures 45, avons été en corvée d’eau. Avions une soif de loup. Le village où nous avons été : dit Le Ménil : décimé complétement par les Boches. C’est vraiment triste. Quant à l’église, il ne reste qu’une ruine. Maintenant revenu de la corvée attendons la soupe.

14 avril 1915 soir. Après la soupe, parti en corvée pour de la paille, sommes passés aux Hurlus, village aussi [détruit] par les Boches. Nous sommes passés au bois Laurin aux environs des Hurlus. Avons vu une grosse marmite boches non éclatée, mais c’est énorme ! Puis une de 120, une autre de 77.

En arrivant de la corvée, je me suis réservé un peu de paille pour moi. Heureusement, car la botte que je portais était destinée pour deux officiers et que j’ai encore porté en première ligne. Suis arrivé à la cagna, me suis couché et me suis endormi au son de la musique et à la lueur du feu d’artifice.

15. Matin. Au réveil, corvée aux alentours des cagnas, puis repos jusqu’à la soupe.

15 avril soir. Temps très beau. À 10 heures, [prévision] d’attaque, mais n’avons pas marché.

Vendredi 16 avril matin. Temps beau, journée calme. Avons fait quelques corvées aux Hurlus, puis une bonne pause jusqu’à 1 heures.

16 avril. Soir. Vendredi. Avons travaillé à faire une maison de campagne. Le soir après la soupe, avons fait des corvées aux Hurlus, sommes arrivés à 11 heures du soir. Nuit très calme pour nous.

17 avril. Samedi matin. Matin, ai travaillé à [cette maison] jusqu’à 10 heures, mais par moment fallait se retirer dedans, les obus boches nous éclataient à côté. Des éclats tombaient à nos côtés. Le reste a été calme.

17 avril soir. Relevés des tranchées pour aller prendre le repos de 3 jours à SommeSuippe. Arrivés à 1 heures. 18 dimanche Repos. Une [revue] le matin. Temps très beau, rien autre. 19 Lundi soir. Une revue en tenue de campagne, rien autre. Mardi 20 avril. Jour de départ po

Jour de départ pour les tranchées. Matin repos. À 1 heure, dans un champ prise d’armes et lecture d’un jugement de deux soldats condamnés. L’un à 10 ans de travaux publics et l’autre à 6 ans. Tous les deux pour le même motif : ayant un soir [épris] de boissons assommé un sergent. Sommes rentrés, avons mangé la soupe et sommes partis à 5 heures pour les tranchées, nous sommes du côté de Perthes.

Mercredi matin 21 avril. Petites corvées dans les tranchées, mais sommes en première ligne de réserve. Le temps se met à la pluie ce qui n’est pas agréable. 21, soir à 7 heures. Corvée de chevalets. Puis de 7 heures à minuit 30, travaux de fortification : points d’attaque.

Jeudi 22 matin. Matinée calme, rien à faire. Temps beau mais rafraîchi. Le reste de la journée repos dans la cagna, tout en entendant quelques duels d’artillerie. C’est 5 heures, nous attendons la soupe.

Nuit du 22 avril : corvées et travaux jusqu’à 3 heures du matin. Vendredi 23 Matinée calme, pas d’attaques. Temps rafraîchi. Soir, rentré en première ligne, passé la ligne à surveiller les boches. Pluie averses toute la nuit.

Samedi 24 Matinée calme, pas d’attaque. Temps nuageux très frais la nuit, pluie. Veillé de 7 heures à minuit. Puis me suis reposé jusqu’à 6 heures. Dimanche 25 Matinée calme. Le soir jusqu’à 8 heures très calme aussi. Mais vers les 10 heures, le 342 a été attaqué par les Boches. Mais ils ont été bien [reçus]. Vers 2 heures du matin c’est le 15e qui a été attaqué à côté de nous. Ils ont été repoussés aussi. Le reste de la nuit a été calme.

Lundi 26 matin Temps très beau. Les Boches n’ont rien [dit] de la journée et nous attendons le deuxième Bataillon qui vient nous relever et nous allons prendre 3 jours de repos à Somme-Suippe. Partis des tranchées à 10 heures, arrivés à Somme-Suippe à 1h15. Temps qu’il a fait en cours de route : clair de lune.

Mardi 27 Sommes au repos, le temps très beau. Mais au front il y a des attaques le jour et la nuit (résultat à mettre). Mardi, Boches surpris le 142 en train à leur soupe du soir : mitrailleurs jouaient aux cartes. Boches en ont profités pour y tomber dessus et ils se laissent tout prendre : mitrailleuses, munitions et la tranchée.

Mercredi 28 En repos à Somme-Suippe. À peine si on terminait la soupe du soir, ordre départ immédiat pour les tranchées. Mais sommes restés en arrière toute la nuit. Et la journée du jeudi à Cabane les Puits. Sommes rentrés aux tranchées à 10 h du soir. Le commandant nous a fait la remontrance de la lâcheté commise par le 142, qui est tout à côté de nous aux Bois mouton mais sur la droite. La nuit très calme.

Jeudi 29 matin Beau temps. Sommes revenus à Somme-Suippe pour les douches, de là à la soupe. Puis départ soir pour les tranchées à 6 h 30. Arrivé dans le boyau central au Ménil. Rencontré 5 blessés dont un avec une jambe déchiquetée. Puis un second blessé à la jambe, marchant tout seul accompagné d’un camarade, obligé de s’arrêter pour livrer passage. Il nous demande à boire vu qu’il fait soif. Mon camarade [Trayssek] que j’ai devant moi lui a offert comme il a pu un quart de café, la seule boisson que nous avons tous. Puis un troisième assis sur le parapet blessé à un pied assez grièvement. Enfin, le tout ensemble cela m’a fait sensation. La nuit a été calme mais j’ai pu reposer que 2 heures seulement.

Soir du vendredi 30 avril Soirée calme. La nuit dernière avons eu 2 blessés : [Guillemoto Bretont] puis un jeune, classe 1915, nommé Lacombe. Pas d’attaque.

1er mai samedi Journée calme, pas de blessés. Le soir pris la faction au poste d’écoute à 20 mètres des Boches, toute la nuit jusqu’à 6 heures. Un blessé. Suis reposé une heure seulement.

2 mai dimanche Matinée calme. Sommes relevés de première ligne pour aller en repos en deuxième de réserve. Nous avons pris un peu de repos puis avons fait des corvées. Toute la nuit en première ligne, tout a été calme.

 

3 mai lundi Matin très calme. Forte chaleur, repos toute la journée et travail toute la nuit. Jusqu’à 4 heures en première. Notre secteur très calme, sauf le 142 qui a attaqué pour reprendre les tranchées perdues par sa faute de surveillance.

4 mai mardi Matin. Très calme à droite et à gauche et notre secteur aussi. Avons travaillé un peu dans la matinée. Puis repos jusqu’à 3 heures. Soir, après la soupe du soir suis allé trouver mon ami Cambelive et Alibert caporal qui est de Revel. Étions en haut à faire une partie de cartes quand l’ordre arrive de s’équiper et de se tenir prêt car il y a eu une attaque au 142. Et l’artillerie a donné par rafales. Puis cela s’est calmé à 8 heures. Résultat : néant.

5 mai mercredi Matin, levé à 8 heures. Nettoyage du cantonnement. A 11 heures la soupe. Sieste jusqu’à 2 heures. Puis à 4 heures revue du cantonnement. 6 mai jeudi Revue en propreté. Travail de couture. Lavage du linge puis repos Somme

Suippe 7 mai vendredi Sommes encore au repos ; Avons une revue d’armes, puis repos pour tout le monde.

8 mai samedi Matin, revue des armes passée par le chef armurier et un capitaine d’artillerie. Le reste de la matinée est resté calme. Le soir sommes parti pour les tranchées à 6 heures. Arrivés à 10 heures 15 mn. La nuit a été très calme.

9 mai Dimanche La matinée très calme et le reste de la journée aussi. Temps très beau. La nuit s’est bien passée.

10 mai Lundi Matin très calme. Temps très beau. À 4 heures, reçu l’ordre que nous étions relevé à 7 heures pour aller réoccuper le secteur Le Mesnil-les-Hurlus. À 10 heures, avons été rendus. La nuit s’est bien passée, mais pas de blessés ni de tués dans notre compagnie.

11 mai Mardi Temps très beau. Matinée très calme. Ayant passé la nuit à veiller, me suis reposé la matinée du mardi jusqu’à 11 heures, moment de la soupe. Après cela, suis allé en corvée au Bois des Allemands chercher des chevalets avec Coste Firmin de Paleville. Le soir avons eu un blessé grièvement. Un nommé Mouries. La nuit s’est passée très calme.

12 mai Mercredi Temps très beau. Mais [déception], les Boches nous ont arrosés de bombes. Tellement qu’un de mes copains qui était à surveiller à côté de moi en voulant éviter la bombe, il a été se mettre dessus. Il est tombé, l’avons relevé ayant perdu connaissance, croyant que ce n’était que la commotion de la bombe et non blessure. Mais lorsque une heure après il est revenu à lui, sommes aperçu grande blessure au rein. Il a pu dire plusieurs fois que ces quelques paroles : « ah, ces cochons de Boches ». Il a expiré peu après.

13 mai Jeudi jour de l’Assomption Temps très beau mais nuageux. La matinée a été très calme. Les Boches nous ont communiqué par le moyen d’une pierre un papier ficelé autour, ce qui suit : « Chers camarades, nous avons assez de la guerre. Il voudrait mieux être chez soi avec un temps pareil. Mais nous avons encore du jambon, des cigarettes et des cigares ».

13 mai Jeudi suite Soir, avons été relevés de première et sommes partis avec la flotte. Cantonne au poste du Colonel aux Hurlus.

Vendredi 14 mai Journée de repos bien gagnée après 5 jours de tranchées de première ligne.

15 mai Journée de repos. Temps très beau. Calme sur le front. On nous a lu le communiqué [d’Arras]. Sommes partis faire une corvée, porter des poutres en fer à la [illisible] Boche.

16 mai Dimanche Fête de Jeanne d’Arc. Partis à 6 heures pour Somme-Suippe, corvée de lavage. Avons profité pour faire nos menus achats. En sommes repartis à 10 heures. Sommes arrivés au cantonnement à midi. Soir repos.

Lundi 17 mai Dernier jour de repos. Matin, faisais lettre quand tout à coup une marmite nous arrive. Tout en rigolant sommes rentrés dans la cagna. Soir, partis relever le 2e Bataillon à 8 heures avec une pluie abondante. Et dans les boyaux 30 centimètres d’eau, chose pas très agréable. Nous sommes arrivés aux tranchées à 10 heures, les souliers pleins d’eau et mouillés jusqu’aux os. Avons passé la nuit.

18 mai Mardi Matin, temps pluvieux, le reste calme. Quelques bombes lancées par les sales Boches. Après la soupe, il est tombé de la pluie à torrent et les bombes continuent à tomber. Le reste de la nuit a été particulièrement calme.

19 mai Mercredi Matin temps couvert à 10 heures. Tombe de la pluie. Les Boches sont très calmes. La nuit s’est très bien passée et on a pu prendre du repos.

20 mai jeudi matin Temps très beau avec brouillard. Les boches nous ont lancé quelques bombes mais sans atteindre le but. Le reste de la journée a été particulièrement calme.

Mardi 22 juin
Matinée très calme, quelques bombes seulement. Avons travaillé à faire des chevalets de garde jusqu’à midi. Puis, repos jusqu’au soir. Vu que c’est le 6e jour de tranchée, attendons la relève du deuxième Bataillon, qui est arrivé à 10 heures. On arrive aux Cabanes à minuit 30 minutes. Temps très beau.
Mercredi 23 juin
Matin, départ pour les douches à midi à Somme-Suippe. Retour aux Cabanes pour la soupe. À 7 heures, départ pour cantonner à Somme-Suippe en repos de 10 jours, et avons été relevés par le 5e Colonial.
Jeudi 24 juin St jean
Matin, quelques corvées, puis lavage du linge. L’après-midi, repos.
Le 25 juin, 26, 27, 28, 29, 30
Continuation du repos, quelques jours d’agréables. Concert donné par le 143 à Somme-Suippe le 27, et le 28 concert à Somme-Tourbe donné par le 2e Bataillon. Journée très agréable. Je ne me suis pas occupé du front, bien assez qu’il faut y revenir.
Le 29 et 30, sommes en garde à Somme-Suippe. Avons quitté la garde à 4H30.
1er juillet 1915
Sommes partis de Somme-Suippe pour rejoindre les abris Bonnefois et en repartons demain soir.
2 juillet
Arrivé aux abris à 7 h 30.
3 juillet Samedi
Temps très beau, repos. Départ pour les tranchées à 10h1/2, en réserve aux Bois des Allemands. Arrivé à minuit.




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4 juillet Dimanche
Repos jusqu’à 9 heures. Puis travail des chevalets, il fait très chaud.
Le soir vers 8 heures, saute 2 mines aux Boches. Puis une troisième à 11 heures 30. Je venais de me coucher.
5 juillet Lundi 5 et mardi 6
Corvées, travail dans les boyaux.
7 juillet mercredi et 8 juillet jeudi
Même travaux. Mercredi 7 : envoyé la bague à Mlle Eymard (sa promise).

 

 



12 juillet Lundi


Repos, quelques petites corvées.

Départ le soir pour relever le premier Bataillon qui est au Bois Trapèze, en première ligne. Arrivé à 10’30 Heures. Temps très beau, la nuit s’est passée très calme.


13 juillet Mardi
Matinée calme. Vers midi la distribution des bombes est arrivée. J’étais de faction en train de rouler ma cigarette, quand tout à coup je me retourne : je vois une bombe à un mètre de moi dans la tranchée et je n’ai pu m’en aller quand elle a éclaté 2 secondes après. Heureusement que j’étais derrière le pare-éclat, ce qui m’a garantie que je n’ai pas de blessures. Mais j’ai été étourdi par la forte commotion de son éclat. J’ai passé toute la journée où je n’attendais absolument rien. Aujourd’hui, j’ai l’oreille droite qui me fait mal et à peine si j’entends. La forte commotion a ouvert les deux boitiers de ma montre.
La nuit s’est passée à peu près calme. Nous avons fait sauter une mine à 20 mètres de nous et complétement sous les lignes boches. Cela a fait du bon boulot mais pas de fusillade ni contre-attaque.


14 juillet Fête Nationale
Matinée très calme. Jusqu’à midi pas de bombes.
Ah la soupe, c’était extra : potage haricots, moitié cuits moitié crus. Macaronis, confiture d’orange, 2 quarts de vin, cigare.
Menu du soir : avant la soupe grande représentation : récréation de bombes. Potage, daube petits pois avec jambon. 2 quarts de vin.

Léon tombe au champ d'honneur le 16 juillet 1915 de coups de feu.

Le lieu où repose son corps n’est pas identifié. En 1915 les soldats n’ont encore qu’une plaque d’identité qui est enlevée du corps pour la joindre au dossier militaire. Seule une croix en bois ou une bouteille renversée avec un papier signalel’identité du mort. Du fait de leur fragilité, de nombreuses tombes ont perdu par la suite toute trace de l’identité du soldat inhumé. Il re^pose probablement dans un des ossuaires des nécropole militaire de Somme-Suippe ou Minaucourt-LeMesnil-Les-Hurlus.

LE TRAPÈZE – MESNIL.LES.HURLUS Après un court repos, le Régiment entre en secteur non loin du Bois Sabot. Mais cette période de stabilisation relative, est plus pénible, et, à peine moins meurtrière que les périodes d’offensive. On est à quelques mètres du boche, les grenades, crapouillots, les torpilles démolissent les tranchées et les rares abris que l’on édifie à grand peine pendant que la sournoise lutte de mines bat son plein. Dans les boyaux pris d’enfilade, derrière le créneau insuffisamment protégé, nombre de soldats sont frappés par les balles. On se tue sans se voir. Le sol est bouleversé, et, par les claires nuits d’été on croirait contempler un paysage lunaire. Cette vision est rendue plus sinistre encore par le voisinage des cadavres, sommairement inhumés, et que les obus déterrent, projetant en débris sur les vivants la dépouille des morts.

Carnet et documents retranscrits par Jean-Michel Fabre, arrière petit neveu de Léon Bigot.