LA GUERRE DES MINES de la Main de Massiges

Ventilateur dans une galerie allemande

(photo d’Eric Laforgerie, les souterrains de la Grande Guerre, 2013)


"L’immense toile d’araignée formée par les tranchées se transforme peu à peu en termitière géante…" 

(Yves Desfossés, l’archéologie de la Grande Guerre)

Dès la fin de 14, la guerre des mines s’est développée sur tout le front.
Elle consistait à creuser une galerie s’enfonçant dans le sol. Lorsque les mineurs jugeaient qu’elle était parvenue à l’aplomb de l’ouvrage ou de la tranchée ennemie, l’extrémité de la galerie était bourrée de poudre : on appelait cela les fourneaux. 

En explosant, les charges explosives de quelques centaines de kilos à plusieurs tonnes, pulvérisaient les occupants et leur matériel et créaient des trous de cinquante mètres de diamètre et plus, appelés entonnoirs.

La terre de fouille était évacuée avec des paniers, des brouettes, des sacs ou des chariots à l’extérieur dans un lieu discret.
Si la terre n’était pas de bonne tenue, des cadres en bois étaient placés tous les mètres, avec boisage des parois.

Du côté français :

Sapeur français, 1915

"Nous sommes dans un étroit couloir de 1 m de haut et de large et 40 m de longueur et en pente rapide, si bien qu’au fond on est à 10 m sous terre, c’est une sape.

Nous n’y voyons que grâce à nos bougies et je vous écris à la lueur d’une.

On a mis de la paille sur toute la longueur il y a peut-être 6 mois et c’est sur ce fumier que les poilus sont allongés se donnant en pâture aux innombrables vermines qui habitent ce souterrain.

En cas d’attaque, 7 à 800 kilos de poudre sont disposés au fond de la sape et au moment voulu on fait exploser le tout faisant un entonnoir où l’on cacherait notre maison.

Et le lendemain le communiqué vous dit : on a fait exploser une mine ; et dans ce genre d’opération, c’est souvent une section entière ensevelie."
(Extraits de lettres du soldat Francis Theurey à son épouse, 53e RI, secteur Massiges-Virginy, 14 avril 1916)


"Minuit-Plus de bruits souterrains. Les pionniers allemands ont quitté leurs puits.

Nous attendons l’explosion d’une mine.

Le lieutenant Richard passe près de moi et me dit avec un sourire flegmatique :

« il paraît que nous allons sauter »
Où crèvera le mystérieux volcan ?

A quelle heure ?

A quelle minute la terre va-t-elle se soulever dans une tourmente de flammes ?
Heures d’agonie et de vertige…" 
(Jacques d’Arnoux, Paroles d’un revenant, 116e RI, 15 septembre 1915)

 "L’oreille hallucinée par les bruits souterrains, et obsédés par la hantise de l’explosion qui les projetterait au ciel avec cent mètres cubes de terre, de tôles et de madriers arrachés ; dormant d’un sommeil coupé de cauchemars et de sursauts, les hommes des sections de première ligne en descendaient les nerfs brisés."

(Luis Guiral, Je les grignote…Champagne 1914-1915)

Explosion d'une mine

Du Côté allemand :

07.01.15 : Pour la 1e fois, des postes d’écoute entendent creuser des mines en face du 80 RIR (…) Des deux côtés, on creuse à qui mieux mieux et au risque de sa vie.

Galerie allemande (collection Jacquinet)

09.01.15 : Dans la galerie 3 du 80 RIR La première mine allemande explose avec succès. L’entonnoir est conquis à la grenade.
13.01.15 : Une première mine française saute devant le 80 RIR. Effet nul.
21.01.15 : Une nouvelle mine allemande saute depuis les galeries 5+6 du 80 RIR, dont les mines françaises  n’étaient plus qu’à quelques  mètres. Dans toutes les galeries allemandes, on entend le bruit des mineurs français, la tension nerveuse est immense.
23.01.15 : Les français  font sauter la galerie de sécurité -2  du 80
27.01.15 : La 21 e division ordonne d’équiper les galeries 1, 2, 5 et 8 de fourneaux de mines de chacun 50 quintaux de poudre noire et de les charger.

28.01.15 : Plusieurs mines françaises sautent devant la côte 191.
29.01.15 : Les français ont poussé une galerie jusqu’au point d’appui Z. Pour empêcher qu’ils ne la fassent sauter, une mine allemande  fit sauter la galerie française et ouvrit une tranchée en direction de la position française.
Les jours suivants, les allemands font sauter d’autres mines. 
(EXTRAIT de l’historique allemand du 80 RIR – les combats pour la côte 191, Massiges 1914-1915)

 Jusqu’à la terrible attaque du 3 février 1915...en ligne dans LES COMBATS DE LA MAIN.