CEUX DE MASSIGES

Plan du site avec localisation des corps

 

MARS 2012 : découverte d'un soldat Français (fr 1)

Le premier corps a été trouvé  lors de travaux de terrassement d’une tranchée.

La position et l’emplacement du corps prouve que celui-ci a été inhumé avec une certaine attention, au fond d’un petit décrochement de la tranchée.
La présence de ses cartouchières confirme bien qu’il s’agit d’un Français.

Les boutons d’uniforme, ornés d’une ancre de marine prouve qu’il s’agit d’un Marsouin (infanterie coloniale à recrutement métropolitain).
Fort malheureusement, il ne portait pas sa plaque d’identité, très probablement ôtée par un camarade afin de la remettre ainsi que ses objets personnels au commandant de compagnie.

La présence de restants de guêtrons (petites guêtres en cuir) peut laisser supposer que ce poilu serait tombé lors de la violente attaque allemande du 3 février 1915 (4e et 8e RIC)
Les archéologues n’ont pas trouvé d’objets personnels.

 

MARS 2012 : découverte d'un soldat Français (fr 2)

A quelques mètres, un deuxième  corps  a été trouvé « tassé » dans un trou d’obus, peut-être dans celui qui l’a tué !


La tombe était le trou d’obus où il avait roulé pour l’agonie et qui s’était refermé sur lui.  (Paul Doncoeur, aumonier militaire, 1924)


Marsouin également, Il ne portait pas sa plaque d’identité mais avait encore son porte-monnaie et  son couteau de poche
.

Ces deux hommes portaient leur  fourreau de baïonnette, ce qui indique qu’ils se trouvaient  en phase d’attaque au moment de leur mort car les baïonnettes  se trouvaient  sur les fusils.
L’étude anthropologique des corps a précisé le jeune âge de ces deux anonymes ainsi que de nombreuses blessures sur les os (colonne vertébrale traversée, bassin…)
Le 4 avril 2013, une cérémonie à leur mémoire a eu lieu à la nécropole de Minaucourt où ils ont rejoints leurs  21330 frères d’armes  dont  12000 « connus de Dieu seul » !

Sur la croix blanche, pas de nom mais la mention « RIC » pour Régiment d’Infanterie Coloniale (à recrutement métropolitain).

 

Mai 2012 : découverte du corps d’un soldat Français identifié (hors plan)

Début mai, sur le territoire de Massiges, en lisière du camp militaire de Suippes, des travaux d’aménagement du sol ont fait apparaitre des os humains. Après les démarches réglementaires, le corps a été relevé par le service des sépultures de Metz.

A notre grande satisfaction, nous trouvons sa plaque d’identité.

Après avoir consulté sur internet le site mis en ligne par le ministère de la défense « mémoire des hommes », l’état civil détaillé de ce soldat s’affiche à l’écran :
Sous-lieutenant Arthur Charles Leguay
Né le 15 novembre 1878 au Mans
2ème Bataillon de Chasseurs à Pied
Disparu le 30 septembre 1915 à Ripont.
L’affaire ne s’arrête pas là, nous trouvons le nom d’Arthur Charles Leguay mis en ligne sur un site de généalogie.

Le contact est établi et nous apprenons qu’une de ses petites filles habite Paris.

Quelques heures après, une dame, bien surprise et émue, téléphone pour nous annoncer qu’elle viendra le dimanche suivant à la nécropole de Minaucourt se recueillir sur la tombe de son grand-père.

Ses objets personnels lui seront remis dont deux médailles retrouvées sur son corps envoyées le 5 août 1914 par sa sœur.

Grâce aux nombreux documents conservés par la famille, nous avons pu retracer  la vie d’Arthur Leguay.
Père de trois enfants, il exerce la profession de zingueur.
Le 2 aout 1914, le caporal Leguay est rappelé sous les drapeaux par ordre de mobilisation générale.
Il rejoint le 28ème RIT puis est muté à sa demande au 117ème RI  où il sera nommé sergent en décembre 1914.
Le 23 février 1915, Arthur Leguay est blessé au combat à Perthes-les-Hurlus (Champagne).
Il est de nouveau blessé le 14 mars 1915 à Souain (Champagne).
Il est promu sous-lieutenant en  mars 1915 puis muté au 2ème Bataillon de Chasseurs à Pied le 30 juin 1915 comme lieutenant de réserve à titre définitif.
Le 25 septembre 1915, la deuxième grande offensive de Champagne débute.
Le 30 septembre, le 2ème Bataillon de Chasseurs à Pied reçoit l’ordre d’attaquer en direction du village de Ripont, mais avant tout , prendre possession de « l’ouvrage de la Défaite », position solidement tenue par les Allemand entre la Main de Massiges et la Ferme de Maisons de Champagne.
Le combat s’engage, les deux premières vagues d’assaut franchissent la première ligne allemande avec beaucoup de pertes.

Les survivants atteignent la deuxième ligne au nord de l’ouvrage et sont stoppés par les tirs de mitrailleuses et par une violente contre attaque allemande.
Les éléments isolés du 2ème BCP n’ont pas d’autre solution que d’attendre la nuit afin de se dégager.
Le bilan est lourd, après une journée de combat, le Bataillon a perdu 14 officiers et 631 hommes de troupe.

Parmi les disparus, se trouve le Sous-lieutenant Arthur Charles Leguay, 36 ans.
La terrible nouvelle arrive dans la famille Leguay. Mais »disparu » ne veut pas dire mort ! Une lueur d’espoir persiste.

De nombreux courriers seront échangés, des renseignements seront demandés à la Croix Rouge via la Suisse.

Les semaines et les mois passent.


10 octobre 1915


Ma chère petite Marie,
Nous n’avons pas d’autres nouvelles. Comme toi, le second mot du commandant ne m’a pas rassuré, je le disais au contraire c’est peut-être une préparation.

En me ressassant cette phrase qui est gravée dans ma tête : on ne peut pas dire qu’il soit tué. On l’a vu tomber blessé. 

Je me dis : tombé pour ne plus se relever peut-être, mon pauvre Arthur, et après une petite lueur d’espoir ah ! bien petite me vient, je me dis si il n’a pas été blessé mortellement, il  a peut-être été relevé et soigné là bas.

Nous passons par des alternatives de douleur et d’un peu d’espoir. On veut espérer quand même (…) Je sais bien que le commandant n’a rien vu et c’est quelque soldat de la compagnie d’Arthur qui aurait dit qu’il l’avait vu tomber.

Maintenant, pourquoi dit-il qu’on le saura dans 2 ou 3 jours.

Est-ce qu’ils avancent par là ou fera-t-il faire des recherches ?


Il faudra attendre la fin de la guerre et que le rapatriement des prisonniers soit terminé afin de procéder aux jugements des tribunaux qui reconnaitront les « disparus ».

Sans cette procédure, les veuves ne touchaient aucun dédommagement.

Ceci a été le cas pour la veuve de Arthur Leguay qui n’a touché aucune solde ni indemnité depuis la disparition de son mari en 1915.

 

Février 2013 : découverte d'un soldat Allemand (all 1)

Les restes  d’un soldat allemand sont mis à jour  lors du décapage de surface à la pelleteuse. Malheureusement celui-ci ne portait plus sa plaque d’identité.

 

Mars  2013 : découverte d'un soldat Français (fr 3)

Michel SIGNOLI, anthropologue, relevant un corps


Les  restes d’un soldat français sont retrouvés lors des mêmes travaux, mais ils sont  très bouleversés.
Aucune identification n’est possible.

 

Mai 2013 : découverte d'un soldat Français (fr 4)

D’autres travaux de remise en état d’une tranchée mettent  à jour le corps d’un soldat français, très  abimé, aucun bouton d’uniforme, rien, sauf la plaque d’identité…mais totalement illisible.
Quelle déception !

 

Mai 2013 : découverte d'un soldat Français (fr 5)

Peu après, les restes d’un autre soldat de l’Infanterie Coloniale seront eux aussi découverts.
Aucune identification n’est  possible…
Une fois  l’étude anthropologique des corps terminée, les corps ont été restitués au service des sépultures.

Une cérémonie à la mémoire de ces 3 jeunes soldats français a eu lieu le 7 février 2014 à la nécropole de Minaucourt.

Ils ont rejoint leurs 12000 frères d'arme " connus de Dieu seul ".

 

Juillet 2013 : découverte du soldat Albert Dadure (DADURE)

Un nouveau corps a été découvert lors de travaux de remise en état d’une tranchée.

Il a été relevé par Yves Desfossés (conservateur régional de l’archéologie de Champagne-Ardenne et par Michel Signoli (anthropologue et directeur de recherches au CNRS).

Les boutons de son uniforme ont permis d’identifier qu’il s’agit d’un soldat de l’Infanterie Coloniale.

Sa plaque d’identité, en très mauvais état, a fini par livrer ses secrets : il s’agit d’Albert Dadure, du 23e RIC.

Il a été tué le 7 février 1915 à l’âge de 21 ans.

Il ne portait plus sur lui d’objets personnels ou militaires, ce qui laisse à penser que le jeune soldat a été blessé par balle, puis déséquipé afin d’être soigné.

Il est mort sur place, là où il a été enterré, dans une petite fosse spécialement creusée sur le côté au fond de la tranchée, en  première ligne.

Ces découvertes permettent parfois de révéler d’étonnantes marques d’attention, voire de camaraderie, pratiquées lors de l’inhumation de ceux qui ont partagé l’insoutenable fraternité de la guerre de 14.


Cette tranchée prise par les Allemands peu après, rendra impossible l’exhumation du corps jusqu’à l’oubli de son emplacement.
Beaucoup d’émotion de le voir sortir de sa gangue de craie et de l’oubli.
Grâce aux recherches d’Eric Marchal, rapidement relayées par les médias, sa famille s’est manifestée.

Albert Dadure a désormais un visage, une histoire, bientôt une vraie sépulture.

99 ans après, jour pour jour, un ultime hommage lui a été rendu le 7 février 2014 à la nécropole militaire du Pont de Marson à Minaucourt (photos de la cérémonie dans la Mémoire de la Main).


La mémoire d’Albert Dadure continuera d’être portée par le vent au travers de ses lettres,  en ligne dans la Mémoire de la Main.